Tiers-lieu: enquête sur un objet encore bien flou (1/2)
Publié le 10 octobre 2017 par Arnaud Idelon
Les tiers-lieux font-ils école? Les médias s’y intéressent, une expo leur a été dédiée à la Biennale du design 2017 de Saint-Etienne, on peut même se former à en ouvrir un… Mais, en fait, c’est quoi un tiers-lieu?
C’est un entre-deux
Avant de dire ce qu’est un tiers-lieu, commençons par dire ce qu’il n’est pas. La même définition par la négative est à l’œuvre dans les expressions tiers-monde et tiers-état : l’objet se définit par rapport à un système en place (blocs géopolitiques, clergé vs noblesse) dans lequel il s’inscrit en creux. Le tiers se définit en miroir d’un référentiel qui, pour le sociologue urbain américain inventeur du terme « troisième lieu » (Third Place) Ray Oldenburg, est l’univers domestique de la maison vs l’univers du travail.
Cet entre-deux désigne, comme l’explique Antoine Burret, auteur de Tiers-lieux. Et plus si affinités (FYP, 2015), une dualité entre un ressenti (le cocooning du chez-soi) et une activité (travailler) qui abolit le monotone métro-boulot-dodo dans une synthèse où foyer et vie professionnelle fusionnent en un lieu physique.
En définissant un tiers-lieu par cette méthode ni/ni, on rencontre un certain nombre de représentants qui se définissent également par leur non-appartenance à des systèmes préétablis. Un espace ni public ni privé (un bar, un restaurant, un café de village, un shopping mall, une bibliothèque), où prend racine une sociabilité n’empruntant ni au travail ni au foyer, est ainsi un tiers-lieu. Ce sont d’ailleurs les exemples que prend Oldenburg dans The Great Good Place. Comme l’écrit Antoine Burret, « le concept de tiers-lieu accueille tous les fantasmes, les désirs et les besoins collectifs d’une génération d’individus/travailleurs en recherche de référentiel ».
C’est un bouillon de culture
La foule de faux amis s’étoffe lorsque l’on scrute le champ culturel avec de nombreux avatars qui font leur la logique du ni/ni (ou plutôt du mi/mi) : ateliers, résidences, squats d’artistes, friches culturelles, lieux intermédiaires et « nouveaux territoires de l’art » (dans le rapport Lextrait du ministère de la Culture en 2001). Ni galerie ni musée, mi-espaces de création mi-lieux de diffusion, ces espaces hybrides peuvent emprunter les traits caractéristiques des tiers-lieux, sans en être pour autant.
Ils font résonner un certain imaginaire, celui de la marge, et sont à compter parmi la frange la plus médiatique des tiers-lieux, aux côtés de leurs cousins tech fablabs, makerspaces et autres hackerspaces. C’est parce que l’imaginaire prend souvent le pas sur les faits que l’objet tiers-lieu est si diffus et sa définition si compliquée. Alors, qu’est-ce qui distingue un tiers-lieu d’un simple lieu ?
C’est un héritage historique
« Les tiers-lieux sont des lieux plastiques, en évolution constante », nous rappelle l’architecte Etienne Delprat, fondateur du collectif YA+K. Définir un tiers-lieu est ardu tant il se métamorphose. Comme l’explique le géographe Michel Lussault (ENS Lyon), invité au dernier OuiShare Fest, la notion de tiers-lieu prend racine dans le contexte socio-urbain de l’anonymat social des banlieues pavillonnaires américaines des années 1950, où le downtown creuse à mesure une distance par cercles concentriques vers la suburb. Face à cette distance dont la mesure est celle de l’automobile, il importe de créer de nouveaux lieux de sociabilité où une urbanité positive pourrait se déployer.
Dans la lignée de l’école de Chicago, l’architecte autrichien Victor Gruen, inventeur du shopping mall, imagine l’espace commercial structuré autour d’une place centrale afin d’aménager des espaces de rencontres pour les individus, en dehors du domicile et du travail. Il s’agit pour Gruen comme pour Oldenburg de sortir d’une dualité socio-spatiale entre espaces contraints et d’en créer un choisi pour d’autres types d’interaction sociale.
Ces tiers-lieux historiques (malls, bars, bibliothèques) sont des espaces de liberté, et donc politiques. Aux côtés de la gratuité, de l’accessibilité et du confort, Oldenburg place l’interactivité, la conversation et l’abolition des hiérarchies (professionnelles comme familiales), au cœur de sa définition. Cette donnée politique centrale pour définir le tiers-lieu « historique » est-elle encore valable aujourd’hui ?
Pour Yoann Duriaux et Aurélien Marty, figures du mouvement tiers-lieu à Saint-Etienne, cette histoire théorique, officielle, lissée n’est qu’une histoire a posteriori. Les tiers-lieux ne sont pas nés avec Oldenburg mais « prennent leurs racines dans la lose, le système D, la débrouille et un ADN contre-système ». Les premiers tiers-lieux viennent du monde de la culture. Squats et ateliers d’artistes fleurissent dans une culture libertaire qu’Hakim Bey décrira en 1991 comme des zones d’autonomie temporaire (les TAZ). La seconde dynamique, née de la révolution numérique, ajoute au modèle les notions « libre & open source » qui font passer le tiers-lieu dans une utopie de l’ère digitale. En France, une génération déçue par le monde du travail expérimente, de Lille (2013) à Saint-Etienne (2014), de la Mutinerie à OuiShare. La lecture sociologique de cette histoire est pour Yoann Duriaux et Aurélien Marty une simple caution théorique, qui dénature davantage le phénomène qu’elle ne l’explique.
C’est un jeu des 7 familles / une partie de «Tetris»
Si la vidéo didactique de la Coopérative Tiers-Lieux ci-dessous synthétise bien les différentes facettes des tiers-lieux, ce n’est pas en les définissant (un espace entre la maison et le travail, d’accord, merci…) mais en optant pour la liste. Lieu de travail pour les indépendants, pour des salariés optant pour le télétravail, pour des artisans, des enseignants et des agriculteurs… Qu’on y fasse des expos, du coworking, de la vente de produits en circuit court ou des concerts, « un tiers-lieu est à l’image des personnes qui le font vivre ». De l’art de botter en touche…
«Qu’est ce qu’un tiers lieu?», réal. la Coopérative Tiers-lieux, sept. 2017:
Yoann Duriaux propose lui une autre typologie, qui distingue sept familles : le tiers-lieu entrepreneurial, le citoyen, le social, le culturel, le geek, l’étudiant, le design… À ce jeu-là, le schéma de Prima Terra ci-dessous a le mérite de nous faire réaliser dans quel panier de crabes on a mis les pieds.
Tiers-lieu, ce serait l’étiquette qui désigne ce qui échappe aux étiquettes ? Le dénominateur commun de ce qui n’en a pas (ou si peu) et qui nous pousse à faire de la diversité et de la pluralité d’activités le critère de définition du tiers-lieu. C’est donc son polymorphisme qui fonde un tiers-lieu. Ou, pour reprendre la belle image de Juliette Cadic, chargée du projet de formation L’Ecole des tiers-lieux chez Sinny & Ooko, il faut considérer l’objet tiers-lieu comme une partie de Tetris (ou de Lego), où l’initiateur sélectionne les différentes briques qui constitueront son tiers-lieu parmi l’infinité de combinaisons possibles. « Un tiers-lieu est une superposition d’activités. Tout y est affaire de briques », selon Juliette Cadic pour qui bâtir un tiers-lieu est une activité de construction et de déconstruction.
«Un tiers-lieu ne se définit pas par ce que l’on en dit, mais par ce que l’on en fait…»
Le Manifeste des tiers-lieux
C’est un lieu (si possible) d’exception
On l’aurait presque oublié, un tiers-lieu est une entité physique, en phase avec le territoire dans lequel il s’ancre, « interface ouverte et indépendante » selon le Manifeste des tiers-lieux (lui-même créé par la plateforme collective Movilab). Cet ancrage physique connecte le tiers-lieu à un écosystème de parties prenantes (utilisateurs, habitants, fournisseurs, partenaires, tissu associatif, collectivités) et amorce une dynamique microlocale.
Le tiers-lieu ne se crée pas ex-nihilo, il se développe avec un territoire et joue bien souvent un rôle de « pansement » (Burret) ou « d’acupuncture urbaine » selon l’expression chère à Roland Castro. Pour paraphraser le géographe Michel Lussault, il contribue activement à déployer une urbanité positive, au sens d’une sociabilité tournée vers l’entente (le vivre ensemble), porteuse de valeurs culturelles communes et portée à réduire les inégalités et fractures sociales.
Le tiers-lieu est volontiers un lieu d’exception. C’est le cas de nombre de friches industrielles réactivées, valorisation culturelle du patrimoine à la clé. Sinny & Ooko, qui a fondé à Paris le Pavillon des Canaux sur l’ancienne demeure du gardien du canal de l’Ourcq et la Recyclerie sur une ancienne gare ferroviaire, en a fait l’une de ses marques de fabrique : autour du passé d’un bâtiment, jouer avec le tissu local en déroulant le fil d’une histoire agrégeant des valeurs (storytelling) dans une dynamique de valorisation et de (re)création d’une identité (marketing territorial). La filiale SNCF Immobilier poursuit la même logique en faisant de l’événementiel sur son foncier, et ce n’est pas pour rien que les deux groupes collaborent sur le futur site de la Cité fertile à Pantin.
C’est une durée
Le tiers-lieu est également une durée. Certains embrassent l’éphémère et se projettent sur des bâtiments vacants, en attente de réhabilitation. On parle alors d’urbanisme temporaire ou transitoire. Une durée singulière, entre la situation d’urgence (précarité des équipes, économie de moyens, DiY, plans B, C et D…) et la volonté d’ancrage territorial et de dialogue avec l’ensemble des parties prenantes, sinon pour pérenniser au moins pour prolonger. C’est ce qu’explique Yoann Till-Dimet, membre bâtisseur des Fabriques à rêves au 6b et de Soukmachines, à qui l’on doit l’occupation du Pavillon du Dr Pierre à Nanterre en 2015 et la Halle Papin à Pantin : « Nous voulons monter un projet sur la durée et pas juste profiter d’un espace en vacance, nous voulons nous ancrer, avec une réelle volonté d’ouverture, d’accessibilité, et faire de l’humain. »
Soukmachines au Pavillon du Dr Pierre à Nanterre (mars-décembre 2015):
L’occupation temporaire peut également se faire parenthèse temporelle par laquelle les projets urbains en cours deviennent l’objet de réflexion de la part des acteurs, à la table desquels s’invitent désormais les porteurs de projets, bénéficiant d’une expertise fine du territoire et se plaçant du côté de la maîtrise d’usage. « Du fait du succès de notre occupation temporaire, celle-ci a été prolongée, expliquait en juillet dernier Olivier Le Gal, cofondateur du collectif Mu, à propos de la Station-Gare des Mines lors du rendu de l’étude La ville autrement de l’Apur. Les occupations temporaires amènent à questionner la faible flexibilité du projet urbain. Faut-il laisser des zones blanches, des zones d’expérimentation ou faut-il tout verrouiller ? »
C’est un collectif + un dictateur
Espace-temps, le tiers-lieu est également une aventure collective, un « bien commun révélé, délimité, entretenu par et avec un collectif », selon le Manifeste des tiers-lieux. Le tiers-lieu est un bien commun qui bénéficie des apports individuels de chacun mais place la collaboration, l’émulation et le partage au centre de sa pratique, devenant un « ensemble organique et intelligent », dit Antoine Burret.
C’est le collectif qui incarne le projet et devient l’interface physique du tiers-lieu au territoire. « Quand tu as un lieu, tu as une équipe et le lieu transpire ton équipe », dit Yoann-Till Dimet (Soukmachines). Cette importance du collectif se cristallise dans la définition d’un tiers-lieu comme une communauté faisant de la mutualisation une donnée centrale. Qu’il soit a minima des espaces communs, des ateliers mutualisés ou qu’il se systématise dans une logique d’open source, tout tiers-lieu comprend une réflexion sur les communs, et une expérimentation de dispositifs brisant les réflexes concurrentiels du libéralisme économique. « Configuration sociale » selon le Manifeste, le tiers-lieu est « un espace de rencontre, d’échange, de fertilisation, d’accès, d’utilisation et de mutualisation de ressources aux services de projets individuels et collectifs. Il appelle donc à un mode de fonctionnement ouvert et participatif ».
Malgré l’importance conférée au collectif, le tiers-lieu s’incarne volontiers dans la figure charismatique d’un individu dont l’énergie et la vision servent de carburant. Ce « concierge » tel que figuré par Duriaux pendant l’exposition Fork the World à la biennale de Saint-Etienne, impulse la dynamique collective et lui donne corps. C’est à la fois l’animateur, le trait d’union et le dépositaire de cette force collective. N’allez pas comparer le concierge de Duriaux au « Chief Happiness Officer » inventé par l’univers corporate des start-ups… Le concierge tel qu’il le définit est l’âme d’un tiers-lieu. Antoine Burret va jusqu’à le nommer « dictateur bienveillant ». De fait, Julien Beller (le 6b), Yoann-Till Dimet (Soukmachines), Nelson Pernisco (Le Wonder/Liebert) ou encore Aladdin Charni (Freegan Pony), malgré leur attachement sincère à la forme collective, sont l’incarnation et l’image du lieu qu’ils ont fondé.
C’est une grande coloc’ d’activités
Dans une société de consommation de plus en plus monoproduit et une logique d’hyperspécialisation dans les champs de la connaissance comme du travail, le tiers-lieu prône la pluriactivité. En commençant par l’équation restauration + programmation culturelle, que pratique Sinny & Ooko à la Recyclerie, au Pavillon des Canaux et au Bar à Bulles, dont l’entreprise tire la solidité de son modèle économique. La restauration et le bar financent la programmation, elle-même facteur d’attractivité de la clientèle. Un cycle vertueux qui assure sa totale indépendance financière.
La grande diversité des profils (âges, cultures, compétences) des individus est aussi à la base du décloisonnement, qui « génère une approche transdisciplinaire et permet d’appréhender la totalité du cycle de vie d’un projet. Il devient possible de faire appel sur sa propre démarche, à l’économie, à la science de l’ingénieur, au droit, à la sociologie, à l’informatique, à la stratégie, au management des systèmes d’information, à l’art, au design, à la comptabilité, à la finance, etc. », énonce le Manifeste des tiers-lieux. Création, fabrication, diffusion, concerts, conférences, expositions, bricolage, ateliers… autant de pratiques possibles en cohabitation dans un tiers-lieu.
Conséquence économique directe, une internalisation renforcée (le graphiste réalise le flyer du prochain événement, l’architecte dessine la salle commune, l’artiste bricoleur refait le système électrique) et une diversification des recettes.
Mais la plus notable conséquence de ce pluralisme, c’est l’hybridation des publics. Comme l’explique Clémence Vazard (Sinny & Ooko), une passionnée de botanique DiY se rendra à la Recyclerie pour y écouter une conférence tandis qu’un amateur de café pourra découvrir une exposition sur l’agriculture urbaine. A la Halle Papin comme à la Station-Gare des Mines, on vient boire un verre dans un cadre inédit, et/ou découvrir une expo, et/ou headbanger en toute décontraction sur un live et/ou faire griller ses merguez aux open BBQs. Mélomanes et amateurs d’art croisent familles et quadras, yuppies en afterwork et voisins curieux.
C’est une expérimentation
Dans le tiers-lieu se joue quelque chose de l’ordre de l’utopie et où s’inventent de nouvelles manières de faire. Le tiers-lieu se fait place d’invention et de gestation de contre-systèmes. Pour Nicolas Loubet, animateur de communautés, « des hackerspaces de San Francisco aux makerspaces stéphanois, les communautés intentionnelles qui se constituent autour des tiers-lieux rejouent les règles du pouvoir, la direction de la parole, les modalités de prise de décision ».
Labos de nouvelles formes de gouvernance, les tiers-lieux inventent hors cadre. L’expérimentation peut toucher la gouvernance comme les modèles économiques : de Sinny & Ooko à Darwin, en passant par le Lieu Unique ou le Onzième Lieu, aucun modèle ne se ressemble (activités de restauration, loyers, PAF, subventions, mécénat, privatisation, coopérativisme…).
A mi-chemin entre public et privé, les tiers-lieux sont les endroits tout désignés de gestation d’alliances entre secteur associatif et monde de l’entreprise. Le 6b à Saint-Denis, à la suite d’une entente avec l’ex-propriétaire Brémond, s’appuie sur le tissu économique du territoire pour porter ses 7000m2 en fleuron de l’innovation culturelle et sociale du Grand Paris. Au-delà de la mise à disposition d’un espace, le partenariat entre la Station-Gare des Mines et SNCF Immobilier prend la forme d’un dialogue au long cours menant à des coproductions comme la plateforme Métamines, explorant les relations entre art, territoires et numérique. « En back-office, ils transforment la manière de travailler des différentes parties prenantes au premier rang desquelles les services eux-mêmes », résume La ville autrement à propos de ces expériences franciliennes d’urbanisme temporaire.
Enfin, le tiers-lieu est le lieu où se réinvente un monde du travail aboli des hiérarchies usuelles, prônant la mutualisation et le partage, le travail collectif et la création de communs. Un terrain redevenu neutre (de toute hiérarchie, de rapports concurrentiels) où se joue un lent jeu de déconstruction des valeurs issues de l’entreprise et du salariat, où se délite l’emploi pour faire éclore le travail, et ses vertus d’accomplissement personnel relevées par Bernard Stiegler (L’emploi est mort, vive le travail).
Les tiers-lieux seraient donc les places fortes de l’innovation. Mais doit-elle forcément rimer avec numérique ? Deux écoles s’affrontent. D’un côté, les pionniers de la scène des tiers-lieux francophones libres et open source font du numérique l’un de ses fondements (Manifeste des tiers-lieux). Le numérique est ce qui fait passer les expérimentations de l’échelle microlocale à l’échelle globale, permettant la réplication et la consolidation d’un modèle. De l’autre, ceux pour qui le numérique est une simple évolution ou déclinaison. Pour Sinny & Ooko, un tiers-lieu peut être numérique, culturel ou social – ce n’est qu’une brique de plus. Pour Michel Lussault, l’évolution du tiers-lieu historique par le numérique en fait l’un des hyperlieux contemporains : des espaces ultraconnectés dans une économie mondialisée et uniforme, mais qui génèrent hétérogénéité, friction créative et engagement social à l’échelle locale.
C’est un langage
Si le numérique transparaît dans la culture tiers-lieu, c’est avant tout dans la novlangue qu’il induit, créant une communauté autour d’un langage commun, fait d’anglicismes savants, de calembours geek et de réminiscences proudhoniennes. La langue des tiers-lieux est un élément de distinction qui permet de « libérer la parole », de « parler avec des termes nouveaux » selon le Manifeste des tiers-lieux, de décoller du langage usuel et normé – et de son lot de jeux de pouvoirs – pour inventer une grammaire en phase avec le champ des possibles. Le langage fédère des individus autour d’un projet collectif autant qu’il exclut les néophytes et prolonge la fracture sociale qu’il tente de résorber.
On fait tiers-lieu plus qu’on ne fait un tiers-lieu. Est-ce pour cela que définir un tiers-lieu est si périlleux ? En sortant d’un système, on en crée un autre. Le tiers-lieu serait davantage une dynamique de décloisonnement, une hybridation des activités. En résumé, dit Yoann Duriaux : « Les tiers-lieux, faites-les vous-même ! »
Retrouvez la 2ème partie de cette enquête: peut-on se former au tiers-lieu?