Les protos solidaires d’E-Fabrik

La photo collective, toute en cotillons. © E-Fabrik

Prototyper pour et avec des personnes handicapées, ça peut donner quelques solutions inédites, comme cet ouvre-bouteille d’eau (pour dépasser le bouchon indévissable en fauteuil), cet éventail du temps pour apprendre à se repérer dans la journée ou encore cette sonnette lumineuse qui laisse de l’intimité (et le choix d’ouvrir ou pas) à un jeune malentendant… E-Fabrik, projet solidaire monté par les associations de médiation scientifique Traces et les Atomes crochus, organisait le 8 juillet à Montreuil une grand fête à la Parole errante pour présenter la trentaine de protos réalisés depuis janvier. 

L’originalité du dispositif, donc, c’est le tiercé gagnant mis en place pour les 35 structures franciliennes participant au projet : une structure d’accueil de jeunes, une s’occupant de personnes en situation de handicap, et un fablab (dont le Carrefour numérique, le fablab Descartes, l’Ecodesign Fablab de Montreuil ou le Petit fablab de Paris). Sans oublier de jeunes makers qui ont rejoint le projet en cours de route. Le tout suivant la philosophie du design thinking : on se rencontre et on apprend à se connaître, on réfléchit à des solutions DiY personnalisées pour améliorer le quotidien des « associés » (sic, les personnes handicapées) avec l’aide des « apprentis » (les jeunes) formés par des « complices » (les labs).

Une bonne trentaine de protos ont été conçus depuis janvier 2016, dont près des deux-tiers étaient finis vendredi. Petits comme l’incline-clavier et gros comme le tableau d’appel monté par l’équipe Techshop d’Ivry-sur-Seine, la maison de la jeunesse de Choisy-le-Roi et l’Etablissement et service d’aide par le travail (Esat) les Saules à Orly. « Un gros challenge qui a pris des semaines et des semaines », reconnaît Elise Caron du Techshop. Ensemble, ils ont mis au point un système permettant aux travailleurs handicapés d’alerter leur moniteur depuis leur poste de travail, et ont opté pour un panneau d’appel central et un système de bouton individuel mobile.

Un bouton fabriqué à la découpeuse laser. © E-fabrik

L’initiative E-Fabrik est aussi l’occasion de découvrir le décalage entre normes d’accessibilité et réalité. Au Techshop, les établis sont à 1,20m de hauteur… et donc inaccessibles depuis un fauteuil roulant. Pour Vanessa Mignan, coordinatrice d’E-Fabrik, ce travail de création de lien social est aussi important : « Le mouvement maker donne du pouvoir aux gens, il est vecteur d’empowerment pour les jeunes et les associés qui apprennent de nouvelles compétences valorisantes. » L’initiative, qui a rassemblé 400 personnes lors de cette première expérimentation, se poursuivra à la rentrée 2016 : les organisateurs croisent les doigts pour que le mouvement fasse des petits dans toute la France.

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