Créer des récits : histoires de fabrication, d’autonomisation et d’action à travers le temps
Publié le 15 décembre 2025 par Karla Spiluttini
Pour clôturer l’année, Makery donne la parole à Karla Spiluttini, de Schmiede Hallein en Autriche, pour un aperçu de la culture maker dans son essai publié dans Feral Labs Node Book #2.
Les êtres humains sont des créateurs et des bricoleurs. Au fil du temps, la société et ses produits sont devenus plus complexes, ce qui a conduit à une spécialisation dans la fabrication, et, Tout le monde ne pouvant pas tout produire, à l’accumulation de connaissances spécifiques. Le travail manuel et l’expertise distincte ont été les fondements de notre subsistance. Pourtant, à travers les âges, les êtres humains ont toujours été attirés par la fabrication et la création d’objets par eux-mêmes.
Depuis deux siècles, le discours public sur la fabrication artisanale et le do-it-yourself s’accompagne de récits. Des dépliants, des manuels de construction et des guides, des catalogues d’exposition et de vente au détail, des articles de journaux, des magazines, des émissions de radio et de télévision, et plus récemment, un grand nombre de sites web, d’événements et de publications semi-universitaires, ainsi que des influenceurs en ligne, ont défini la manière dont nous pouvons créer, fabriquer et améliorer des objets par nous-mêmes. Ces récits sont censés nous dire, à nous les créateurs présumés, à quoi doit ressembler le bricolage, l’artisanat et la fabrication de quelque chose de nos propres mains et, plus important encore, quel doit être l’impact de notre production. Certains de ces récits ont été et continuent d’être genrés.
Je présente ici des récits qui soulèvent certaines questions sur la manière dont ces récits préfabriqués s’inscrivent dans leur contexte socio-économique.
Loisir productif
Après la révolution industrielle, le travail manuel a été dévalorisé et réservé aux classes sociales inférieures qui constituaient la main-d’œuvre des usines. Parallèlement, le développement de la production industrielle a fait apparaître un nouveau concept : celui des loisirs. Conséquence indirecte de ce temps libre nouvellement acquis, l’artisanat de l’époque victorienne a été promu comme passe-temps destiné aux femmes, pour occuper leurs mains inactives. Il était présenté comme un moyen productif et moralement édifiant d’utiliser son temps libre. L’un des passe-temps les plus populaires était la couture, et les Victoriens ont mis au point une technique particulière consistant à coudre des écailles de poisson lavées et séchées sur des tissus de velours noir. La couture occupant une place importante dans les activités de loisirs, elle s’accompagnait de ses propres appareils et machines spécialisés à usage domestique. La machine à coudre Singer est considérée comme la première technologie complexe standardisée à avoir été commercialisée à grande échelle. Elle se serait vendue à environ 11 000 exemplaires en 1859, et en seulement 17 ans, ses ventes ont atteint 2 millions d’unités.

À l’échelle internationale, l’industrialisation a donné lieu à des mouvements qui remettaient en question la relation tendue entre conception et fabrication des produits. Les collaborations avec des ateliers modestes et des fabricants individuels ont constitué une étape importante dans la réhumanisation de la production au sein de collectifs tels que le mouvement Arts and Crafts en Grande-Bretagne ou le Jugendstil en Autriche.
Obligation citoyenne
Un demi-siècle plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, les efforts de guerre ont entraîné un besoin massif de matériaux pour la production militaire. Les gouvernements ont estimé qu’il était important de promouvoir un mode de vie austère et durable, dans lequel les vêtements et les articles ménagers devaient être conservés et réparés afin d’économiser sur l’utilisation/la consommation de matériaux. La confection et la réparation ont été proclamées activités patriotiques contribuant à l’effort de guerre sur le « front intérieur », quelque chose que les personnes restées à la maison pouvaient faire pour soutenir les armées.

Passe-temps familial
Après la Seconde Guerre mondiale, les travaux de rénovation et de bricolage sont redevenus moins une nécessité qu’une aspiration sociale. Les années 1950 ont été marquées par une évolution assez importante des technologies de production au Royaume-Uni et aux États-Unis. Des matériaux avancés, des peintures en émulsion et des rouleaux à peinture ont fait leur apparition sur le marché, tandis que les perceuses électriques, le papier peint, le contreplaqué et les résines n’étaient plus vendus uniquement à l’industrie, mais aussi à des revendeurs individuels. Les gens pouvaient soudain réaliser chez eux des travaux qui n’étaient auparavant accessibles qu’à ceux qui avaient les moyens d’engager une main-d’œuvre professionnelle pour les effectuer.
L’industrie s’est toutefois fortement opposée à cette tendance en invoquant les dangers liés au travail avec l’électricité sans formation adéquate. Des magazines spécialisés tels que le magazine britannique Do It Yourself ont été publiés pour inspirer les personnes motivées.

Etre entendu
La censure a toujours occupé une place importante dans les modes de communication publique. Elle avait pour but d’empêcher les violations des codes politiques et moraux. L’un des exemples historiques les plus célèbres de censure est celui du philosophe grec Socrate, qui fut condamné à mort par empoisonnement pour ses croyances considérées corruptrices de la jeunesse, car il reconnaissait des divinités non orthodoxes. Bien sûr, la censure est devenue de plus en plus sophistiquée au fil des siècles. Tout comme les moyens et les technologies de communication ont évolué, les méthodes de censure se sont développées en parallèle.
Entrent alors en scène les zines, des publications auto-éditées, bon marché ou gratuites, à diffusion/distribution limitée, généralement consacrées à un sujet spécifique et donc exemptes de toute manipulation ou contrôle extérieur. Les zines existent depuis longtemps sous différentes formes. Entre les années 1940 et 1960, ils traitaient principalement de science-fiction, d’horreur et de sujets connexes. Au cours des années 1970, cependant, un contre-mouvement au consumérisme de masse, animé par une forte volonté d’autodétermination, a vu le jour sous la forme du punk rock. Les jeunes créateurs voulaient produire leur propre anti-mode, leur propre conception de ce que signifie faire de la musique — en gros, pas grand-chose : un amplificateur, une guitare et les fameux trois accords. Heureusement pour les jeunes punks, le physicien et inventeur Chester Carlson avait inventé quelques années plus tôt un procédé appelé xérographie, qui rendait la copie facile et abordable. Le développement des zines ou fanzines punk est l’une des histoires les plus souvent racontées sur l’auto-édition et l’autonomisation, bien que le concept existait déjà depuis un certain temps.

Education & polymaths
Tout au long du XXe siècle, l’importance de l’apprentissage pratique a été redécouverte.
Jean Piaget était un psychologue suisse qui a apporté d’importantes contributions théoriques sur le développement cognitif des enfants. Il a établi la théorie constructiviste de l’apprentissage chez les enfants et ses études ont conduit à une approche plus centrée sur l’enfant dans l’éducation, tant en Europe qu’aux États-Unis. Influencé par les théories de Piaget, Seymour Papert est un pionnier de l’intelligence artificielle, persuadé de l’importance pour les enfants d’interagir dès leur plus jeune âge avec les ordinateurs et la programmation. Il a propagé sa conception constructiviste dans les années 1980, alors qu’il travaillait au Massachusetts Institute of Technology, en contribuant au développement d’un langage de programmation simplifié appelé LOGO, afin d’enseigner aux enfants comment coder et interagir avec des machines complexes.
De nombreuses écoles primaires et secondaires nord-américaines K-12 ont depuis intégré des espaces de création dans leurs établissements et leurs programmes scolaires. Dans ces espaces, les élèves sont encouragés à développer leurs propres connaissances en créant et en interagissant avec des objets physiques. L’apprentissage entre pairs et l’apprentissage autonome sont encouragés, et les éducateurs affirment que ces pratiques contribuent également au développement de la maîtrise des médias. Cette approche favorise le développement continu de projets en introduisant différents degrés d’itérations dans le processus au fil du temps. Cela favorise non seulement différentes formes de résolution de problèmes, mais renforce également l’intérêt des enfants pour les matières STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et leur fournit les compétences nécessaires pour travailler dans les environnements professionnels multidimensionnels d’aujourd’hui. Il est naturellement plus amusant de pouvoir bricoler, construire, bâtir et explorer quelque chose soi-même que de rester assis sur une chaise et d’écouter ce que d’autres ont découvert.

Les promesses de la fabrication numérique
À partir de 2005, certaines machines de production numérique sont devenues largement disponibles et abordables pour un usage individuel et domestique. L’imprimante 3D RepRap a été développée à l’université de Bath, et au même moment, Make Magazine a été lancé et a initié ses célèbres Maker Faires un an plus tard. Comme dans les années 1950, la commercialisation de machines auparavant très spécialisées et coûteuses auprès d’un public intéressé a conduit, dans une certaine mesure, à une démocratisation des compétences dans le domaine numérique. Tout le monde pouvait potentiellement devenir son propre producteur.
C’est peut-être la raison pour laquelle, lorsqu’on examine le discours et le langage visuel du mouvement Maker, on remarque une tonalité idéologique particulière. Chris Anderson a proclamé une nouvelle révolution industrielle en 2013 avec l’avènement de machines de fabrication numériques abordables, tandis que le langage visuel des débuts de la culture Maker moderne rappelle les affiches révolutionnaires et propagandistes.

DI(WH)Y?
Les promoteurs de la fabrication numérique à petite échelle et à domicile promettaient notamment que nous pourrions commencer à éviter les produits fabriqués en série et entrer dans une nouvelle ère d’anti-consumérisme et de durabilité. Les moyens de production numérique sont perçus comme plus faciles d’utilisation que ceux de la production manuelle, car ils sont assistés par des machines. La reproduction d’un objet devient simple, car les données nécessaires sont transférables et réutilisables sans perte. Et puis, le processus et les résultats sont très gratifiants pour les makers. Mais il y reste, par exemple, la question du recyclage des déchets de l’impression 3D, tels que les structures de support, les bords/chutes et les erreurs d’impression qui accompagnent cette technique de production. Même les matériaux qui se prétendent biodégradables ne le sont que dans des conditions très spécifiques.
On peut remarquer que ces technologies de production récentes ne semblent pas vraiment remplacer ou réduire les formes de production de masse. Dans quelle mesure ne faisons-nous qu’augmenter le nombre de produits sur le marché ou dans nos foyers qui finissent dans les décharges ? Les coûts pour notre environnement doivent être soigneusement pris en compte. Actuellement, notre besoin de remplacer prématurément les biens avant qu’ils ne soient cassés, ainsi que l’obsolescence programmée, sont un facteur majeur dans l’utilisation des ressources et la production de déchets.
La valeur estimée du marché du Do-It-Yourself a été évaluée à 28 milliards de dollars. Une grande partie provient du secteur de la rénovation de bâtiment (habitat individuel), mais de nombreuses entreprises ont connu un grand succès grâce à l’essor de la culture maker. Dans une étude intitulée « The Ikea Effect: When Labour Leads to Love » (L’effet Ikea : quand le travail mène à l’amour), l’une des conclusions était que les gens étaient prêts à payer 36 % de plus pour des boîtes en carton qu’ils devaient assembler eux-mêmes par rapport à des boîtes prêtes à l’emploi. Ainsi, le fait de participer à la création, à l’assemblage ou à la construction d’un objet est perçu comme une plus-value.

Le salut psychologique en période de détresse
La pandémie de Covid-19 a provoqué une rupture supplémentaire inattendue. Les activités à domicile telles que la fabrication de pain et la fermentation ont connu un engouement mondial pendant les confinements. Les mesures prises pour contenir la propagation du virus ont entraîné un regain d’intérêt pour les activités manuelles, la vie réelle en isolement côtoyant des échanges sociaux concentrés via des téléconférences sur écran. Les sensations tactiles, gustatives et olfactives intenses ont pris de l’importance, en particulier pour ceux qui, lassés par le grand nombre d’événements en ligne, aspiraient à des sensations analogiques.
Certains des aspects liés aux tâches domestiques popularisés via les réseaux sociaux pendant le COVID ont perduré. À l’heure actuelle, les influenceuses dites « tradwife » (femmes au foyer traditionnelles) mettent en avant leurs compétences en matière de gestion du foyer et les transforment en modèles commerciaux lucratifs, dans le cadre d’une tendance qui remet en question de nombreuses idées préconçues sur ce que devrait signifier le fait de « faire », en particulier pour les femmes.
Faire pour soi-mêm et pour les autres
Que les tendances Maker aient été imposées de l’extérieur ou qu’elles se soient développées de manière indépendante à partir d’une initiative populaire, elles semblent souvent associées à un discours fort. Même si les différents concepts du « making » présentent de nombreux inconvénients et font l’objet de nombreuses critiques, le fait de produire quelque chose, quoi que ce soit, qu’il s’agisse de tricot guerrilla, de graffitis au pochoir, de fermentation de kimchi ou de création d’installations multimédias, nous donne en réalité un pouvoir d’action. Dans les contextes éducatifs formels et informels, ces expériences tangibles de création mènent à une autonomisation à différents niveaux.

Feral Labs à Schmiede
De nos jours, le débat ne devrait pas se limiter à opposer les processus de production industrialisés au travail manuel, mais s’étendre davantage aux progrès technologiques, aux processus sous-jacents et à l’histoire de leur origine. Ces évolutions ont un impact considérable sur nos vies, souvent sans que nous en mesurions pleinement les implications. Nous constatons régulièrement que nos vies sont influencées de manière évidente ou cachée par des algorithmes, dont certains restent inexplicables et n’ont pas nécessairement un effet positif sur nous. De plus, tout le monde peut facilement devenir créateur, mais tout le monde ne peut pas facilement devenir informaticien ou mathématicien, ce qui rend d’autant plus essentiel de rendre plus accessibles les rouages internes et les contextes qui conduisent les machines à tirer certaines conclusions.
Dans les Feral Labs de Schmiede, les notions de création et de recherche sont considérées comme un moyen de diversifier l’autonomisation technologique et socio-écologique. L’ouverture non seulement physique, mais aussi symbolique des boîtes noires dans les domaines scientifiques et technologiques est essentielle pour pouvoir agir et rester informé et indépendant dans ses pensées et ses actions.
Cette approche est reprise sous de multiples variantes dans le cadre des Feral Labs organisés à Schmiede Hallein, dans le but de donner les moyens d’agir à toute personne intéressée par l’exploration des boîtes noires et au-delà.
Hacking féministe
Mz*Baltazar’s Laboratory est un collectif d’artistes féministes et un hackerspace féministe basé à Vienne, qui vise à éduquer et à encourager la créativité, l’activisme et la pensée provocatrice dans un espace accessible, inclusif, sûr et radical, en utilisant des technologies open source. Elles ont réussi à créer un environnement propice à la curiosité sans crainte et à l’apprentissage des sciences et des technologies dans leur studio de Vienne et dans le cadre de workshops internationaux. Au cours de Schmiede 2022, trois représentantes du collectif féministe Mz*Baltazar’s Lab ont dirigé le Feral Lab et proposé un atelier intitulé « Feminist Hacking – Building Circuits as an Artistic Practice » (Le piratage féministe – Construire des circuits comme pratique artistique), au cours duquel elles ont donné un aperçu de l’électronique et de la programmation à des participantes n’ayant aucune expérience préalable.

Contes sauvages
Le Feral Lab de Schmiede en 2023 a poussé plus loin le concept d’autonomisation socio-technologique dans ses workshops exploratoires intitulés Feral Tales. L’idée était d’utiliser un processus expérimental et ludique qui donnerait des résultats ouverts et encouragerait les participants à s’impliquer activement en créant leurs propres histoires — Feral Tales — comme point de départ. Pour ce faire, on a utilisé des cartes de tarot, qui ont servi de base au développement de récits personnels et ont donné lieu à des discussions plus approfondies sur les dispositifs technologiques. Les cartes utilisées pour les sessions de l’atelier proviennent du jeu de tarot Instant Archetypes, produit/créé par le studio de design londonien Superflux. Elles comprennent des cartes telles que « The Whistleblower », « The Hacker », « Innovation », « The rogue state » ou « Disruption » et constituent ainsi une base fantastique pour discuter de thèmes et de mécanismes contemporains. Les participants ont été invités à tirer des cartes et à les relier entre elles dans une histoire de leur choix. Les histoires qui ont émergé à partir de la disposition des cartes ont ensuite donné lieu à des discussions ouvertes avec les autres participants et l’équipe du lab. Il en est résulté des récits ancrés dans des environnements post-technologiques, cyberpunk ou dystopiques de science-fiction biologique. Ces contextes ont intensifié le discours sur les thèmes abordés dans les récits individuels, allant de discussions critiques sur les décisions politiques à l’imagination d’avenirs utopiques alternatifs et de mouvements écologiques populaires. Sur le plan thématique, les artistes FeralAIR de 2023, Kasia Chmielinski, Patrícia Chamrazová et Hidéo Snes, ont apporté leur propre contexte dans le domaine de la réalité virtuelle et leur expertise en matière d’apprentissage automatique (machine learning).
La pratique consistant à raconter des histoires s’inspirant de thèmes socioculturels, scientifiques et technologiques émergents semble très efficace pour découvrir les attentes et les craintes individuelles, sensibiliser le public et développer une compétence générale en matière d’évolutions technologiques émergentes.

Make!
La capacitation (empowerment) grâce à toutes ces formes diverses de création et d’investigation soutient l’action et favorise l’autonomie, ce qui peut contribuer à réduire les obstacles à la participation de groupes défavorisés et moins visibles. L’implication dans les communautés DIY et maker et l’intérêt pour l’apprentissage tout au long de la vie sur la fabrication et l’histoire des objets et des technologies encouragent la pensée critique et une approche pratique de la connaissance et de la création du monde.
References
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En savoir plus sur Schmiede Hallein, Feral Labs Network et Rewilding Cultures.