Makery

Feral Labs : Micro-systèmes résilients et territoires d’expérimentation

Collecte de plantes sauvages comestibles au Pif.camp 2020. © Katja Goljat & Matjaz Rust

A l’occasion de la fin du programme Feral Labs Network de coopération Creative Europe co-financé par l’Union Européenne (2019-2021) et de la sortie de la publication associée « Feral Labs Node Book #1: Rewilding Culture », Xavier Fourt du collectif Bureau d’études propose un texte spéculatif sur les « Micro-systèmes résilients et territoires d’expérimentation ».

Le présent texte est spéculatif. Partant de l’objet le plus quotidien et le rapportant aux organisations socio-techniques qui en conditionnent l’apparition, il évoque quelques pistes en vue d’une re-conception de la durabilité et de la continuité du projet social humain sur Terre.

Dennis Meadows a été le co-auteur du rapport Les Limites à la croissance (The Limits to Growth) publié en 1972 pour le Club de Rome. Ce rapport a été à l’origine du développement durable dans les années 1980. Mais il y a une dizaine d’années, Dennis Meadows a déclaré qu’il était désormais trop tard pour un développement durable et qu’il fallait maintenant construire dans l’urgence des micro-systèmes résilients pour faire face aux transformations rapides et catastrophiques de l’Anthropocène [Meadows in Sinaï, 2013], plutôt que de croire encore à la possibilité que de vastes régulations systémiques mises en œuvre par des institutions mondiales puissent résoudre les limites de la croissance. Mais comment une telle remarque affecte-t’elle les conditions matérielles de résilience de nos conditions d’existence ?

Quant on cherche à réaliser un territoire résilient en reconnaissant la validité de la remarque de Meadows, on se trouve rapidement confronté à l’expérimentation du designer Thomas Thwaites [Thwaites, 2011]. Cette expérimentation est devenue célèbre sous le nom de « The Toaster Project » : Thomas Thwaites a fabriqué un grille-pain par lui-même, sans recourir aux longues chaînes de production du capitalisme mondialisé pour obtenir des matières premières ou des composants, en assurer la fabrication et le montage. Or, en cherchant à refabriquer ce grille-pain, il a dû mettre en œuvre des dispositifs multiples dont certains remontaient à l’âge du Bronze tandis que d’autres appartenaient au répertoire de compétences et d’expertises mises en œuvre par les artisans de la fin du Moyen Âge. De fait, la résilience du grille-pain contemporain est à proportion de la résilience du capitalisme planétaire lui-même. Il n’appartient pas à ce que Dennis Meadows a appelé un micro-système résilient.

Thomas Thwaites, « The Toaster Project ». DR.

 

Pour déterminer lesquels de nos objets, de nos pratiques et usages sont résilients afin de préparer nos existences personnelles ou collectives aux chocs à venir, on peut d’abord ouvrir une enquête, afin de déterminer lesquels d’entre eux subsisteraient suite à un ralentissement ou un arrêt des chaînes d’approvisionnement mondialisées. Une telle enquête mettrait en évidence la fragilité de nos modes d’existence et permettrait de déterminer ce à quoi il nous faudrait probablement renoncer pour gagner en capacité de résilience. Elle permettrait également de mettre en évidence ce à quoi on tient réellement et quelles sont les conditions pour que cela tienne.

Dans une vision strictement instrumentale de cette question, qui ne s’encombrerait pas d’arrière-plans métaphysiques, on pourrait s’en tenir rapidement à un ensemble d’objets fondamentaux formant une sorte de boite de survie : ce à quoi on tient serait ici d’abord notre vie avec ses conditions de base. On sélectionnerait parmi cela ce qu’on pourrait transporter avec soi et qui ne dépendrait par d’infrastructures. Une tel équipement se rapprocherait rapidement des quatre nécessités fondamentales – la nourriture, l’abri, les vêtements, et le combustible -énoncées dans l’ouvrage bien connu du philosophe anticonformiste Henry David Thoreau, Walden ou la Vie dans les bois (1854). Cet ouvrage faisant l’éloge de la vie simple, à l’écart de la société, présentait une vie alternative en solitaire, immergée dans la nature.

Walden, ou comment expérimenter une autre existence

Ce que montre le Walden de Thoreau c’est que le concept psychologique de résilience est secondaire par rapport au concept pédagogique de Bildung ou d’auto-formation. C’est par la Bildung, en effet, par la capacité de s’émerveiller, d’écouter, d’apprendre et de comprendre par soi-même qu’on serait en mesure de maintenir nos capacités d’habiter un monde incertain et mutant.

La limite du Walden de Thoreau est cependant l’absence d’imagination d’une communauté sociale et spirituelle, la solitude apparente de l’auteur étant pourtant conditionnée par elle. En effet, ce Walden utopique qu’on appellera désormais Walden I (le Walden de Thoreau), ne peut exister durablement sans un Walden II, un Walden social, et par conséquent aussi technologique, qui en est la condition de possibilité.
On prendra ici pour exemple le Walden II (1948) de l’ingénieur psychologue du comportement Burrhus Frederic Skinner. Cet ouvrage raconte l’instauration d’une communauté expérimentale libertaire, utopique et égalitaire après la seconde guerre mondiale [Skinner, (1948) 2005].

La communauté, régie par des scientifiques, est fondée sur une approche comportementaliste qui conteste la libre volonté, et considère que les êtres humains sont déterminés par des variables environnementales [Skinner, 1938]. Une altération de ces variables est donc une condition nécessaire à la génération d’un système socioculturel souhaitable [Skinner, 1971]. Ainsi, il ne suffit pas de surmonter les méthodes punitives et les techniques de contrôle usuelles pour qu’un micro-système social résilient puisse offrir les conditions sociales pour la liberté et la dignité des individus. Toute expérimentation sociale située et limitée parce qu’elle est encastrée dans un environnement social et écologique plus grand, est soumise aux pressions causées par la surpopulation, la pollution, le réchauffement climatique, la modification des cycles géochimiques, la diminution des ressources naturelles, l’extinction massive des espèces au niveau global. Cette interdépendance de l’expérimentation sociale territorialisée, à son milieu élargi, exige, pour assurer sa propre résilience, l’extension de l’expérimentation sociale à tout un pays, comme le préconisait Ruben Ardila, un auteur chilien, dans son ouvrage Walden III (1979). Mais, dans la fiction d’Ardila, l’expérimentation sociale Walden III échoua suite à l’intervention d’une puissance étrangère… C’est pourquoi l’auteur laissa entendre que toute expérimentation sociale territorialisée devrait nécessairement prendre appui sur une expérimentation sociale étendue au-delà d’un pays, un Walden IV, qui s’étendrait à toute la Terre. Ainsi se réaliserait la mise en place d’un système socio-écologique signant l’entrée dans une nouvelle phase planétaire d’une civilisation terrestre prétendant avoir atteint sa majorité.

Si le Walden I de Thoreau présentait une vie alternative mais en solitaire, en dehors de la société, une vie qui, quoique toujours réalisable aujourd’hui, a cependant perdu une bonne part de son intérêt dans un monde de 10 milliards de personnes, scanné par les satellites, baigné dans des champs électromagnétiques planétisés et recouvert d’une fine couche de plastique ; si le Walden II présentait une société expérimentale cantonnée à une communauté d’un millier de personnes elle-même contrainte par le pays environnant et donc limitée dans sa capacité à instaurer une société nouvelle ; si le Walden III d’Ardila proposait une société alternative au niveau de tout un pays mais rapidement balayée par les conspirations des puissances voisines ; un Walden IV, semblerait alors nécessaire, la mise en place d’un système socio-écologique réalisant la nouvelle phase planétaire d’une civilisation terrestre nouvelle. Il se pourrait bien même, dans un contexte de déplétion des ressources, que voit le jour un Walden V, un écosystème solaire, du fait de la dépendance de la Terre à des ressources minières épuisées ou non disponibles sur Terre, demandant l’extension de l’organisation socio-technique à la Lune et aux astéroïdes.

Mais quel serait la forme d’une telle expérimentation socio-écologique globale si l’on suit la déclaration de Dennis Meadows selon lequel il est désormais trop tard pour le développement durable et qu’il faut construire dans l’urgence des micro-systèmes résilients ? Dans les scénarios réalisés par le Global Scenario Group (GSG) créé en 1995 par le Tellus Institute et le Stockholm Environment Institute (SEI), le champ possible de l’expérimentation socio-écologique globale est simulé dans différents scénarios. Parmi eux, le GSG expose deux grandes classes de scénarios, de barbarisation et de transition. Dans la classe des scénarios de barbarisation, l’un d’eux se nomme le Monde forteresse. Ce monde trouve sa résilience par l’instauration d’enclaves emmurées où des élites protègent leurs privilèges en s’incarcérant dans des prisons dorées, contrôlant de façon autoritaire une majorité appauvrie tout en gérant les ressources naturelles et les infrastructures critiques dont elles disposent [Gallopín et al., 1997]. Ce monde forteresse est assurément celui des longues chaînes d’approvisionnement nécessaires à la fabrication du grille-pain évoqué ci-dessus. Il est aussi celui de leur crise ou de leur effondrement. Reste alors à imaginer d’autres civilisations planétaires que celle-là…

Technologies pour des territoires d’expérimentation

Plutôt que de choisir le scénario du Monde forteresse, on explore ici un scénario de transition, qu’on inscrit fermement dans l’héritage des Lumières en le basant à la fois dans le penser par soi-même c’est-à-dire dans le devenir-majeur de l’humanité – pour reprendre le mot d’Emmanuel Kant quand il parle des Lumières comme capacité de se servir de son entendement sans la direction d’un tuteur ou d’un directeur de conscience – et dans l’esprit de l’encyclopédie qui reconnaît la nécessité d’une incomplétude de la connaissance, évitant ainsi d’établir un système ayant la prétention à contrôler la totalité du réel.

On imagine ce scénario de transition comme une constellation de micro-système résilients s’étendant à toute la planète, en révoquant les États, et les conglomérats d’États, pour y substituer de façon plus ou moins radicale, des confédérations de communes, comme cela existait dans l’Amérique racontée par Tocqueville et comme cela était préconisés, comme modèle du futur social, par le géographe Kropotkine. Une telle image est un idéal-type, utile pour imaginer des voies d’action collective, qui parviendraient à se désencastrer des immenses appareils globaux de la né-féodalité, qui cherchent à s’éterniser en se projetant dans le cosmos et dans les machines planétaires.

Dans cette imagination alternative ou les entités coopèrent, l’échelle des entités territoriales résilientes peut être dimensionnée à un millier de personnes, en suivant le Walden II de Skinner. Mais d’autres échelles ont été préconisées. Alexander préconise des unités de 7000 personnes environ [Alexander et al., 1977]. Platon imagine des collectivités communistes de 5040 chef.fes de familles cultivateur.trices et soldat.es [Platon, Lois, V, 736e]. L’avantage du nombre 5040 est d’avoir le plus grand nombre de diviseurs et donc de permettre de composer différents groupes. Le nombre de 5040 doit être compris ici comme un rapport de proportions entre des habitant.es humain.es, des espèces, des ressources, de façon à assurer la plus grande durabilité de l’ensemble et sa gouvernabilité démocratique.

Les rapports de proportion entre les différents composants de l’habitat constituent ici l’une des grandes technologies permettant de faire de l’hétérogénéité du réel un cosmos habitable. Ces rapports de proportion peuvent être exprimés dans des récits ou des mythes, à la façon de la tribu des indien.nes Kutano en Colombie, chez lesquel.les les concepts cosmologiques, les structures mythologiques, les comportements rituels répondent à des principes écologiques, énonçant un système de règles sociales et économiques dotées d’une haute valeur adaptative en vue de maintenir un équilibre entre les ressources du milieu et les besoins de la société [Reichel-Dolmatoff,1976].

Le terme de « territoires d’expérimentation » pourrait nommer ici différentes tentatives d’établir de tels systèmes de règles, de tels ensembles de techniques, de pratiques, de rituels, de mythes et récits en vue d’assurer une coexistence viable, dans des milieux mutants, entre toutes les parties prenantes humaines et non humaines, carbones et silicium, que cela soit dans le domaine de la santé, des technologies, du transport et des mobilités, de l’éducation, des affaires sociales, etc. Un territoire d’expérimentation peut comporter, en ce sens, une dimension anthropotechnique, sans nécessairement être transhumaniste, mais en effectuant des recherches concernant l’ouverture des facultés de l’esprit, le développement de formes de communication ou de reproduction inter-espèces ou inter-mondes, la modulation de la force ou de l’intelligence, de la sexualité, des émotions, des perceptions ou encore de l’apparence perceptive.

L’instauration de tels territoires d’expérimentation pourrait prendre appui sur des investigations juridiques, ayant pour but de concevoir les dispositifs permettant de libérer ces territoires des obligations réglementaires ou légales en vigueur à plus large échelle. Ainsi pourrait s’envisager des territoires non vaccinés où l’approche « One Health » – qui promeut une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale aux échelles locales, nationales et planétaire – aurait pour objet d’expérimenter localement des continuums de santé. Mais ils mettraient en œuvre une démarche One Health sans être contraints d’entrer dans les politiques publiques sanitaires centralisées qui s’appliquent de façon homogène dans des territoires dont l’hétérogénéité est une condition nécessaire de leur résilience.

Il ne s’agit nullement cependant de former ainsi quelque nouvelle arche de Noé bunkérisée, réalisée à grands frais pour quelques happy fews, ni, à l’inverse, d’inventer de nouveaux dispositifs concentrationnaires pour un futur sans avenir. Mais de miser plutôt sur une hétérogénéisation des territoires et des formes de vie en prenant appui sur une standardisation concertée de certains composants et protocoles afin d’inventer des territoires habitables, dans ce qu’il est convenu d’appeler l’Anthropocène, un âge qui pourrait voir disparaître l’agriculture, apparue il y a 12000 ans avec l’Holocène, du fait du réchauffement climatique, de la transformation des cycles géochimiques et de la Sixième extinction des espèces…

Illustration « One Health ». Crédit: INRAE

Peut-on concevoir une durabilité possible dans un temps incertain ?

La durabilité, dans notre époque critique qui anticipe la possible extinction d’Homo sapiens lui-même, demande à être réinventée. Ce terme de durabilité émerge dans le rapport Meadows intitulé Halte à la croissance (1972). Elle est définie par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations unies, présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland, comme un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins » [Brundtland Report, 1988]. Le travail de cette commission débouchera sur le Rapport Brundtland qui servira de base au Sommet de la Terre de 1992.

Une autre définition de la durabilité suit l’image des sept générations d’Oren Lyons, chef de l’Onondaga Nation (l’une des nations de la Confédération Iroquoise), une action pouvant être dite durable quand elle garantit les ressources naturelles aux sept générations suivantes (environ 245 ans) [cité dans Vecsey, 1980:173].
Sept générations ne suffisent plus, cependant, à instaurer une durabilité, dans les dizaines de milliers d’années de dégradation de l’Uranium 235 et dans la profondeur temporel des transformations causées par le réchauffement climatique d’origine anthropique, qui s’étend sur des centaines de milliers d’années.
Le parti pris adopté ici pourrait alors être double. Le premier, partirait du besoin d’inventer un nouvel imaginaire, du fait de l’inadéquation du terme de durabilité pour répondre aux enjeux de l’Anthropocène. Ce terme devrait qualifier une permanence sociale dans un processus de mutation qui durerait plusieurs secondes de la vie de Brahma, autrement dit, plusieurs millions d’années.

Le temps cosmique excède largement la compréhension commune que nous avons du temps humain et des cycles de civilisation. Ce contexte en appelle à une cosmologie plus vaste, qui permette à l’homme de ne pas seulement être inscrit dans sa propre histoire mais aussi d’assurer des liens sociaux au-delà des ordres de temps que nous connaissons dans notre culture, en nous réencastrant dans l’histoire du Cosmos, à la façon de la métempsychose et de la métensomatose qui nous lient à l’histoire biologique et psychique de tous les êtres qui le constituent.

Le second parti pris vise à dégager un langage de formes (pattern language) qui constituerait la base de micro-sociétés émergentes, qui pourraient se reconnaître réciproquement, se répliquer, entrer en résonnance, sans être intégrées dans une administration générale située en surplomb ni être maillées par un système de contrôle qui leur serait transversal. Un tel langage de formes, peut être référé ici à Christopher Alexander [Alexander, 1977]. On peut consulter à ce sujet la page wikipedia sur le « Pattern language ». Mais il est manifeste aussi dans les gabarits permettant d’organiser le travail collectif des constructeurs de cathédrales au XIIe siècle sans recourir au plan ou à l’autorité d’un architecte [Turnbull, 2000] et dans bien d’autres dispositifs qu’il serait trop long de détailler ici.

Cette notion de gabarit ou de langage de formes peut être étendue dans plusieurs domaines de la société. La résilience proviendrait ici de l’homologie dans les formes mises en œuvre pour l’organisation des micro-systèmes. L’objet primaire de la recherche serait ici l’interdépendance entre les objets, que ces objets soient sociaux, matériels, biologiques, moraux, symboliques, techniques : il s’agirait d’appréhender les figures fondamentales qu’elles forment, en même temps que de découvrir comment elles conservent des propriétés dans des figures de plus en plus complexes. En d’autres termes, il s’agirait d’appréhender la modularité de quelques relations fondamentales qui permettrait de saisir comment toutes les parties se mettent en ordre et comment celles qui ont des affinités se combinent dans des groupes. Ainsi, la disparition d’une partie, son évolution ou sa modulation n’empêcheraient nullement aux peuples, qu’ils soient humains ou non humains, carbone ou silicium, de s’orienter dans l’ensemble, car les formes seraient multi-échelles, intégrant des dynamiques de changement communes à travers l’espace, du local, au régional, au global, et dans des échelles de temps qui iraient du mois au millénaire, voire davantage.

Ces dernières années, l’emphase a souvent été mise sur le besoin d’énoncer de nouveaux récits du climat ou de l’Anthropocène. Mais la mise en œuvre de ces récits demande à être traduite sur le plan de la méthode. Quelle méthode, en effet, pour des expérimentations qui seraient orientées par un futur incertain ? Quelles sont leurs conditions de mise en œuvre concrète, d’un point de vue social mais aussi administratif, juridique, technique, économique, culturel ?

Le futur demeure encore aujourd’hui à courte vue, largement conditionné par les cadres conceptuels, réglementaires et imaginaires actuels ou passés, sans mettre véritablement en réflexion l’échelle des transformations et la façon dont elles peuvent affecter l’économie, les techniques, l’administration, le droit, la culture. Il y a quelques années, des anthropologues avaient réfléchis sur les signes à placer sur les emplacements de déchets radioactifs pour qu’ils puissent être compris par des sociétés radicalement différentes des nôtres dans les millénaires à venir. Cette démarche doit aujourd’hui être étendue afin de reconcevoir des sociétés durables qui, malgré la radicalité des transformations en cours et la mise en question du concept même de durabilité, seraient capables d’instaurer une continuité sociale avec les générations du lointain à venir.

Bibliographie :

• Skinner, B.F. (1938). The Behavior of Organisms: An Experimental Analysis. Cambridge, Massachusetts: B.F. Skinner Foundation
• Skinner, B.F. (1971). Beyond Freedom and Dignity. Knopf.
• Thomas Thwaites (2011) Toaster project. Or a heroic attempt to build a simple electric appliance from scratch. Princeton Architectural Press · New York
• Reichel-Dolmatoff, G. (1976). Cosmology as Ecological Aanalysis : A View from the Rain Forest. Man, New Series, Vol.11, Issue 3 (sept.1976).
• Sinaï, Agnès (dir.) (2013). Penser la décroissance. Politiques de l’Anthropocène, Paris, Les. Presses de Sciences Po.
• Henry David Thoreau (1990). Walden, ou la vie dans les bois. Trad. Louis Fabulet. Gallimard, coll. « L’Imaginaire ».
• Skinner, Burrhus Frederic (2005). Walden Two. Hackett Publishing Company.
• Ruben Ardila (1979). Walden Tres. Ediciones CEAC
• Gallopín Gilberto et al. (1997). Branch Points: Global Scenarios and Human Choice. A Resource Paper of the Global Scenario Group. PoleStar Series Report no. 7. Stockholm Environment Institute.
• Alexander, Christopher et al. (1977). A Pattern Language. Towns, Buildings, Construction. Oxford University Press.
• Brundtland Report (1988). Report of the World Commission on Environment and Development: Our Common Future. Récupéré de http://www.un-documents.net/wced-ocf.htm
• Dennis Meadows (1972). Halte à la croissance. Fayard.
• Christopher Vecsey and Robert W. Venables ed. (1980) American Indian Environments: Ecological Issues in Native American History. Syracuse University Press, New York.
• David Turnbull (2000). Masons, Tricksters and Cartographers. Comparative Studies in the Sociology of Scientific and Indigenous Knowledge. Routledge. OPA Gordon and Breach Publishing Group.

Télécharger la publication Feral Labs Node Book #1: Rewilding Culture (en anglais).

Le réseau Feral Labs a été cofinancé (2019-2021) par le programme Europe créative de l’Union européenne. La coopération est menée par l’Institut Projekt Atol à Ljubljana (Slovénie). Parmi les autres partenaires de #ferallabs : Bioart Society (Helsinki, Finlande), Catch (Helsingor, Danemark), Radiona (Zagreb, Croatie), Schmiede (Hallein, Autriche) et Art2M/Makery (France).