Makery

Extinction Rebellion organise son premier «die-in» à Paris

Orchestre Debout © ClimateKeys

Le dimanche 24 mars, une rébellion internationale a été déclarée dans les rues de Paris. Une coalition informelle de scientifiques, de militants du climat, de coinvaincus, de militants anti-capitalistes et de makers s’est rassemblée symboliquement devant la Bourse de Paris.

Les personnes rassemblées ont mis en avant les trois revendications du mouvement Extinction Rebellion : la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet ; la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une réduction de la consommation et une descente énergétique planifiée ; la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable. Sur le site britannique XR, il n’est pas fait mention de l’industrie, omission intéressante en ce qui concerne l’argument anticapitaliste contre la croissance.

Avec le groupe France de Extinction Rebellion, une quatrième « exigence » a également été ajoutée, à savoir « l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant ». Il serait peut-être utile que le mouvement britannique d’origine envisage d’adopter celui-ci également. Armelle, une architecte qui a voyagé 25 heures en train depuis la Norvège pour assister à cet événement (elle refuse de prendre l’avion) a interrogé son propre métier dans ce contexte : «Le capitalisme consiste à exploiter toutes les ressources dont nous disposons. Dans mon travail, on parle beaucoup d’utiliser des véhicules électriques, etc., pour transporter des matériaux de construction, mais en réalité, le besoin de terrains pour la construction sape fondamentalement la biodiversité. »

Le Musée national d’Histoire naturelle de Paris a également été le lieu d’un « die-in » aux allures dramatiques, mettant l’accent sur les animaux disparus, soulignant à nouveau que les humains n’étaient pas la seule espèce en voie de disparition. Sont intervenus Jean-Baptiste Fressoz (historien), Claire Lévy (océanographe et membre du GIEC), Susan George (activiste anti-mondialisation), Pablo Servigne (chercheur indépendant en « collapsologie ») et Corinne Morel-Darleux (militante éco-socialiste et Conseiller régional de la région Auvergne / Rhône-Alpes).

« Die-in » XR au Musée national d’Histoire naturelle © Extinction Rebellion France

Débats sur le succès de Extinction Rebellion et Greta Thunberg

Donc, étant donné que les vétérans de l’anti-capitalisme et de l’anti-mondialisme participent au mouvement, pourquoi certains trouvent-ils quelque chose de contrariant dans la croissance rapide du mouvement Extinction Rebellion ? Dans un récent débat sur les médias sociaux initié par le militant zadiste John Jordan, la croissance exponentielle de XR (fondée en octobre 2018 au Royaume-Uni et en novembre 2018 en France) a été critiquée pour avoir ignoré l’argument anticapitaliste contre la croissance, ne pas avoir tenu compte de l’expérience des camps action climat et klimacamps antécédents et plus sérieusement, à la lumière des événements en Nouvelle-Zélande, d’encourager l’éco-fascisme par une déclaration « d’urgence ». En outre, l’expansion rapide de la branche britannique de XR semble bénéficier d’un certain nombre de donateurs privés. D’où vient l’argent ?

D’autres ont fait valoir que la nouvelle approche de certains jeunes membres de XR, venant de tous les horizons, jouait avec inconséquence de la naïveté politique de certains membres, pas suffisamment conscients de la dureté des coups que peut prodiguer la police anti-émeute.

Graphisme dramatique © Extinction Rebellion France

A propos de son engagement, Marieva, une bibliothécaire, déclarait : «J’ai décidé de rejoindre XR parce que je faisais partie de la marche pour le climat, mais cela n’a pas été efficace. Notre mode de vie devra changer complètement si nous voulons vivre sur cette planète. Nous ne pouvons pas continuer avec l’État capitaliste, car il est basé sur la croissance. Nous ne devons produire que ce dont nous avons besoin, pas beaucoup d’autres choses. » Quant à l’éco-fascisme ? Armelle commente : « J’espère que cela ne va pas conduire à des choses dramatiques comme l’éco-fascisme, mais nous devons faire ce que nous devons faire. »

Des critiques ont également été émises à propos de la dimension marketing générée autour de la jeune adolescente Greta Thunberg, instigatrice des grèves dans les écoles, et qui a été récemment nominée pour le prix Nobel de la paix.

Atelier pancartes © ClimateKeys
Mots libérés © ClimateKeys

Atelier activiste spontané Place de la Bourse

Pendant ce temps, sur la Place de la Bourse, les nombreuses activités de cette coalition arc-en-ciel étaient florissantes, avec Orchestre Debout, un orchestre classique jouant le New World Symphony de Dvorak, des gens préparant des plats dans la rue, des fabricants improvisant des pancartes et des vêtements XR, le symbole du sablier XR déjà largement diffusé étant dessiné dans la rue (contrairement au symbole CND, les créateurs du symbole XR insistent pour qu’il ne soit pas commercialisé).

Vidéo de la répétition d’Orchestre Debout :

De nombreuses discussions stimulaient les personnes rassemblées au pied de la Bourse de Paris sur « combien il est urgent que les citoyens modifient volontairement notre mode de vie » disait Stefan, un infirmier parisien. O reconnaissant également que « c’est compliqué mais nous devons le faire et le faire ensemble » selon Silvan, organisateur XR. La police se cachait au coin de la rue, juste après avoir combattu les gilets jaunes la veille, mais refusait de dialoguer avec les militants non violents et de bonne humeur, du moins cette fois-ci, bien que j’aie entendu plus tard qu’il y avait eu quelques arrestations lors du « die-in ».

Recherche additionnelle par ClimateKeys.

Le site de Extinction Rebellion France.