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Le grand bond en avant chinois vers un Internet inviolable

Les photons ont été envoyés sur deux relais terrestres dans les montagnes du Tibet. © DR

Des scientifiques chinois viennent d’établir un record de distance pour une intrication quantique. C’est ce qu’ils affirment dans la publication scientifique Science du 16 juin, préfigurant un Internet quantique aux propriétés quasiment inviolables. « Action fantôme à distance. » C’est ainsi qu’incrédule, Albert Einstein décrivait le phénomène d’intrication quantique selon lequel deux particules, rendues jumelles et distantes l’une de l’autre, ont la faculté de répercuter instantanément un changement opéré sur l’une vers l’autre.

Si les scientifiques ne l’expliquent toujours pas, ils en ont saisi le potentiel en termes de communication. L’équipe chinoise menée par le physicien Jian-Wei Pan a testé le phénomène sur de grandes distances en établissant un record de distance pour une intrication quantique. Ils ont utilisé Micius, un satellite chinois lancé en août 2016 dans le cadre du programme Quess (Expériences quantiques à l’échelle de l’espace). Le satellite est équipé d’un système qui permet de créer des photons intriqués, soit un cristal altérant la lumière dans lequel est envoyé un laser.

Une paire de photons intriqués a été créée de sorte que, lorsqu’on mesurait l’un d’entre eux, l’autre avait un état de polarisation opposé. Puis, ces photons ont été séparés et envoyés sur deux relais terrestres situés à Delingha et Lijiang, deux villes chinoises situées dans les montagnes du Tibet, séparées d’environ 1200km. L’expérience répétée a montré que les photons étaient bien intriqués à plus de mille reprises, soit plus que par simple chance, et ce, sur une distance qui pulvérise le dernier record établi en 2012 par une équipe autrichienne, 143km environ, entre les îles de La Palma et de Tenerife aux Canaries.

L’expérience décrite en vidéo par le site «Science» (en anglais)

Si on évoque l’idée d’un Internet quantique, c’est parce que les données qui passeraient par ce biais seraient protégées là où, d’ordinaire, elles sont le plus fragiles : pendant le transport. En fait, il n’y a pas de transport, c’est pour cela que l’on parle aussi de téléportation quantique. Les hackers du futur pourraient devoir faire avec l’action fantôme…

Cependant envoyer des mails quantiques à ses amis n’est pas encore pour demain. En effet, le voyage du photon est sensible aux perturbations de toute sorte, par exemple, la traversée d’une atmosphère « sale ». C’est bien pour ça que le vide spatial, c’est encore ce qu’il y a de mieux pour éviter la friture sur la ligne.

Lire l’article paru dans «Science»