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Le SimplonLab, «pas là pour insérer les gamins, mais pour les former»

Le bailleur social Paris Habitat a mis à disposition du SimplonLab un espace de 120m2. © Pauline Comte

Ouvert depuis un mois dans le 20ème à Paris, le SimplonLab initie enfants et ados de ce quartier populaire à la fabrication numérique, grâce au financement «fablab solidaire» de la fondation Orange et à la mairie de Paris.

« On peut personnaliser nos t-shirts ? » C’est la question que posent les enfants qui se pressent au SimplonLab pour accéder à la brodeuse électronique. Le mercredi après-midi, le nouveau fablab ouvert dans le 20ème à Paris début avril, a un air de colonie de vacances.

Financé par la fondation Orange dans le cadre de son programme Fablabs solidaires et par la mairie de Paris, le SimplonLab est porté par Simplon, l’école gratuite de formation aux métiers du numérique habituée des actions d’insertion. Et s’il s’est installé dans le nord-est parisien, c’est pour sensibiliser à la culture du Faire les jeunes de « la dernière zone urbaine sensible de la capitale », explique Louise Joly, chargée de promotion et d’insertion du SimplonLab.

120m2 à partager entre makers et codeurs

Non loin de la porte de Bagnolet, l’entrée colorée du SimplonLab se détache dans le paysage d’immeubles aux briques rouges. Derrière, on découvre un lieu chaleureux à l’ambiance studieuse. Dans un local mis à disposition par le bailleur social Paris Habitat, le fablab partage les 120m2 avec les apprenants de la formation Simplon « développeur-logiciel ». Cet enseignement gratuit de sept mois ouvert en priorité aux moins de 25 ans issus des quartiers « prioritaires », équivalent à un bac+2, est très prisé : sur 350 candidats, 28 deviendront développeurs web.

Les futurs développeurs web se forment au langage de programmation PHP. © Pauline Comte
La cuisine des apprentis bidouilleurs. © Pauline Comte

Il faut descendre quelques marches pour découvrir l’attirail du SimplonLab. Avec un budget en équipement de 30000€ (impossible d’en savoir plus sur le budget global, pour « éviter de faire des jaloux », dixit l’un des fabmanagers, Victor Hansemann), le lab a investi dans l’achat de machines incontournables. Imprimantes 3D, brodeuse électronique, découpeuse laser ou encore fers à souder sont mis à disposition des bidouilleurs.

La brodeuse électronique, machine star des ados. © Pauline Comte

600 makers en herbe

Grâce au programme de la fondation Orange Fablabs solidaires, déployé en France et à l’étranger, qui vise à permettre « à des jeunes sans qualification ni diplôme de se former au numérique », le SimplonLab est gratuit pour les 7-25 ans. Il se fixe pour mission de former 600 jeunes en un an. Des ateliers sont organisés les mercredis et samedis. Textile, modélisation 3D, dessin vectoriel : rien n’échappe aux makers en herbe. « On n’est pas là pour insérer les gamins mais pour les former, leur ouvrir un lieu convivial et bienveillant dans lequel ils peuvent s’émanciper par la technique et la création », explique Antonin Fournier, l’un des fabmanagers.

Le fabmanager Antonin Fournier accoudé à la découpeuse laser. © Pauline Comte

Coques de téléphone et casquettes

Les workshops pour imprimer en 3D une coque de téléphone et pour personnaliser une casquette à l’aide de la brodeuse électronique font fureur chez les ados. D’excellentes portes d’entrée à la fabrication numérique : en un mois, 70 d’entre eux ont participé aux animations. Du haut de ses 13 ans, Hedie, qui a suivi un atelier d’initiation à la 3D, confie qu’il est impatient de « revenir pour apprendre à floquer des maillots ».

Pour attirer un large public, l’équipe du lab est aussi en contact avec les associations du quartier, les centres culturels et sociaux, qui viennent mettre les mains dans l’électronique avec des enfants.

Les ados suivent les conseils de Thomas lors de l’atelier «Créer son premier objet en 3D». © Pauline Comte

Fidéliser les enfants pour attirer les parents

Si les adultes du quartier semblent encore frileux à l’idée de s’initier aux outils de fabrication numérique, l’équipe du SimplonLab compte sur les enfants pour embarquer les adultes dans le monde des makers.

«J’aimerais que les gamins qui passent du temps ici soient ensuite capables d’animer des ateliers pour les adultes.»

Antonin Fournier, fabmanager

Les mardis, mercredis et jeudis soirs, SimplonLab est ouvert à tous gratuitement, sur le principe de la contribution : dans une logique d’échange, chacun peut accéder au lab à condition de donner un coup de main et de participer à la vie du lieu. Artistes, artisans et makers sont aussi bienvenus. Ils peuvent même être accueillis en résidence pour accéder aux équipements. En contrepartie, ils s’engagent à partager leurs compétences avec la communauté en animant un atelier une fois par mois.

L’esprit DiY se retrouve dans les canapés conçus à partir de palettes de bois. © Pauline Comte

Les makers mis au défi

Rayon projets, SimplonLab a participé au défi E-Fabrik’ qui invite les 13-25 ans à réaliser un objet utile pour des personnes handicapées, grâce aux outils de fabrication numérique. Trois jeunes formés à un logiciel de tracé vectoriel et à l’impression 3D ont conçu une frise temporelle pour une personne en maison d’accueil et de soin, angoissée par le temps qui passe. Le lab devrait prochainement s’investir dans le challenge de la fondation Orange I make 4 my city. Objectif : fabriquer un objet sur le thème de l’accessibilité au sport.

SimplonLab, ouvert du mardi au jeudi de 18h à 20h et le samedi de 10h à 17h