Makery

Shu Lea Cheang et Echopen hackent l’échographie chez Labomedia

Premier test réussi du prototype Echopen réalisé à Labomedia. © Ewen Chardronnet

Du 6 au 8 avril au fablab de Labomedia à Orléans, hackers, artistes et féministes ont ouvert la boîte noire de l’échographie. Une première étape de la résidence de l’artiste Shu Lea Cheang chez Echopen, le fablab de l’Hôtel-Dieu, dans le cadre du medialab de Makery.

Orléans, envoyé spécial

Session intensive de travail les 6, 7 et 8 avril avec l’équipe de Labomedia à Orléans, autour de l’artiste Shu Lea Cheang et de Jérôme Dubois du fablab Echopen de l’Hôtel-Dieu à Paris. Depuis décembre 2016, le medialab de Makery porte un projet de résidence de création de l’artiste hacktiviste autour de l’ouverture de l’échographie auprès d’Echopen.

L’association est engagée depuis deux ans déjà dans la construction d’une sonde open source qui fonctionnerait avec un logiciel libre sur smartphone. L’originalité du projet engagé avec l’artiste réside dans la rencontre et les variantes possibles qu’ouvre la collaboration. L’échographie est une technique d’imagerie par ultrasons. Labomedia à Orléans, fablab spécialisé dans le soutien aux projets artistiques et sonores, est devenu le partenaire naturel du projet.

En deux jours pleins, l’équipe est parvenue à répliquer le prototype fonctionnel développé par Echopen. A terme, le projet de Shu Lea Cheang nécessite la fabrication d’au minimum neuf exemplaires de la sonde. Les codeurs bidouilleurs sont parvenus à obtenir une image le samedi en fin de journée. Satisfaction pour toute l’équipe. Prochain objectif : construire une fonction de sonorisation des ultrasons.

Première étape: repartir de zéro en construisant un double du prototype de la sonde Echopen à Orléans. © Ewen Chardronnet
Premiers tests du prototype sur oscilloscope. © Ewen Chardronnet

Pendant que les développeurs et électroniciens soudaient et montaient, Shu Lea Cheang, accompagnée de l’activiste Alex Haché du collectif international Tactical Tech et de l’artiste sonore Alejandra Perez Nunez d’El Pueblo de China travaillaient sur les implications théoriques et pratiques de l’échographie ouverte en matière d’accès aux soins et d’action sociale dans le domaine de la maternité.

Les conversations ont tourné autour des multiples intérêts d’une échographie open source, qu’il s’agisse de soutenir les femmes enceintes isolées ou de faciliter le passage à l’acte pour celles qui désirent pratiquer un avortement dans les pays où il est illégal. Un travail futur est envisagé avec les réseaux d’entraide de femmes comme Women help women.

Ambiance studieuse dans l’atelier du C01N à Labomedia. © Ewen Chardronnet

Le projet artistique de Shu Lea Cheang, provisoirement intitulé Unborn 0x9, vise à engager dans des groupes de parole des populations locales de femmes enceintes isolées. Objectif ? Créer le débat sur l’accès aux soins et les amener à considérer l’autosupport et les groupes d’entraide.

Pour rendre le projet sensible, les différents workshops envisagés doivent permettre d’aboutir à la réalisation d’une performance artistique collective. Shu Lea Cheang l’imagine comme l’orchestration audiovisuelle de neuf femmes pratiquant l’autoexamen échographique. Plusieurs écritures sont envisagées qui prennent en compte les différentes typologies de grossesse et leur interprétation. Les activistes et artistes ont ainsi évalué la multiplicité des parcours face à la maternité : pro-choix, pro-vie, grossesses contraintes par les lois anti-avortement, non conscientes, non désirées, dénis de grossesse, grossesses subversives, grossesses de transsexuels, grèves des ventres, etc.

Une nouvelle session collective sera organisée à Orléans à la fin juillet, dans le cadre de l’Open atelier étendu annuel de Labomedia. Et à la fin 2017, le medialab de Makery organisera un atelier ouvert aux inscriptions et une conférence sur le domaine du matériel ouvert pour la santé et la création. À suivre !

Le wiki du projet sur le site de Labomedia