Makery

On a testé l’atelier mode et découpe laser de Villette Makerz

45 minutes pour réaliser la pochette sans couture d'Elisabeth Jayot. © Nicolas Barrial

Comment se concocter une pochette en cuir découpée au laser? On a suivi un atelier avec la designer Elisabeth Jayot à Villette Makerz, nouvel espace de fabrication numérique du nord-est parisien ouvert au grand public.

Ouvert fin 2016, Villette Makerz est un partenariat entre le fablab Woma et la Villette, qui prête une Folie de Bernard Tschumi, l’architecte qui a conçu le parc et les bâtiments rouges qui bordent la Grande Halle, pour accueillir un makerspace. Large espace vitré de plain-pied et sur un étage, des machines classées par ateliers (couture, découpe, électronique, sérigraphie)… et même une boutique de kits DiY qui hébergera bientôt les réalisations des locataires du lab.

Un atelier au rez-de-chaussée de Villette Makerz. © Nicolas Barrial

Villette Makerz reçoit des artistes et makers en résidence qui, en contrepartie de la mise à disposition de l’espace de travail et des machines, proposent des ateliers de découverte pour jeunes et adultes les week-ends. Initiation à Arduino, fabrication d’une miniconsole de jeu, sérigraphie ou découpe laser, la plupart sont gratuits.

Comme celui du samedi 18 mars auquel nous avons participé, où il s’agissait de confectionner un portefeuille en cuir à la découpe laser, assorti d’une gravure. Un atelier de 45mn sous la houlette d’Elisabeth Jayot, designer spécialisée dans la confection sans couture, que vous pouvez reproduire facilement dans un fablab.

Matériel (fourni par l’atelier)

– 1 pièce rectangulaire de cuir ou de similicuir ;
– 1 bouton de col à vis ;
– 1 cire de cordonnier incolore ;
– 1 papier de verre ;
– 1 découpeuse laser.

La découpeuse laser, imposante et coûteuse, justifie de pousser la porte d’un fablab. © Nicolas Barrial

Réalisation

1/ Le patron

On réalise un modèle à plat de son choix sur son logiciel de dessin/design préféré (comme ici). Elisabeth a choisi de dessiner une pochette dont les quatre volets se replient en forme d’enveloppe. L’ensemble est fixé par une seule attache qui servira aussi de fermoir. Une fois le design réalisé, on l’imprime sur papier pour vérifier que tout s’assemble correctement, notamment avec les bords repliés.

Le modèle initial était un peu petit, Elisabeth a redimensionné son patron. © Nicolas Barrial
Le patron sur écran aux couleurs de Villette Makerz. © Nicolas Barrial

2/ Le choix de la matière

Pour la matière de la pochette, Elisabeth a choisi du cuir de veau. A Paris, elle conseille le Marché Saint-Pierre. S’il est possible d’opter pour du similicuir, le PVC est proscrit avec la découpe laser : les dégagements de fumée pourraient vous envoyer à l’hôpital ! Au moment d’acheter la matière, mieux vaut avoir pris son patron pour commander une pièce adaptée à son design et pas plus.

La matière: pas trop épaisse pour être repliable et pas trop fine pour supporter la gravure. © Nicolas Barrial

3/ La gravure

Pour la gravure sur la pochette, la découpeuse laser offre la possibilité d’inscrire un logo, des lettres détourées… On peut aussi choisir une trame qui couvrira toute la pochette. Il suffit de scanner le motif, de le vectoriser avec Inkspace par exemple, pour le dimensionner à loisir sur son patron.

La découpeuse laser permet des tracés fins. © Nicolas Barrial
Elisabeth Jayot tient une gravure qu’elle transposerait bien sur sa pochette DiY. © Nicolas Barrial

4/ La préparation du fichier

Direction la découpeuse laser. Comme avec une imprimante, on branche directement son ordinateur par USB. Il va falloir appliquer différentes couleurs (RVB) aux tracés de votre patron, en PDF. Ces couleurs correspondent à des préréglages de la machine (vitesse et puissance). Par exemple le bleu – puissance 21, vitesse 1 – va permettre la découpe qui appliquera cette couleur aux contours tandis que le noir et le rouge offriront des passages rapides pour graver le logo.

La bibliothèque des matières donne la bonne couleur RVB par réglage. © Nicolas Barrial
Le logiciel de la découpeuse laser reproduit le plateau de la machine. © Nicolas Barrial

5/ La préparation de la machine

Placez le cuir bien à plat sur le plateau de la machine, entouré de ruban adhésif papier (attention pas de plastique). Evidemment, on met la face sur laquelle on a choisi de faire la gravure au-dessus. On peut déplacer la tête laser pour choisir le départ de sa découpe. Un petit pointeur rouge indique la position. Pour régler la hauteur de la tête du laser, on place une petite réglette sur la tête et on la fait descendre – avec les flèches de la console. Lorsque la réglette tombe, c’est bon.

On aplatit bien le cuir sur le plateau de la machine. © Nicolas Barrial
La réglette, à droite, permet de trouver la bonne distance entre le laser et le cuir. © Nicolas Barrial

6/ Découpe laser en marche 

La découpe et la gravure sont l’affaire d’une minute ou deux pour ce patron. Attention, même si c’est fascinant, évitez de fixer le laser avec les yeux.

Là, on peut regarder, pas de danger. © Nicolas Barrial
Ne reste plus qu’à détacher le travail du reste de la pièce de cuir. © Nicolas Barrial
Propre et (presque) sans bavures. © Nicolas Barrial

7/ Les finitions

A ce stade, il va s’agir d’effacer les traces de la découpe. Côté croûte de cuir, on ponce avec du papier de verre pour enlever les traces de brûlure. De même pour les contours noircis par la découpe. Enfin sur la partie noble, côté peau, on utilise une cire de cordonnier incolore. Enfin, on assemble les volets avec le bouton de col et c’est tout !

On ponce les bords noircis pour leur rendre leur aspect d’origine. © Nicolas Barrial

Elisabeth Jayot animait samedi 18 mars son dernier atelier découpe laser. Elle passe la main à un autre intervenant mais n’en a pas fini avec Villette Makerz, puisqu’elle va proposer d’autres formats d’ateliers plus longs qui mettront en œuvre des projets personnels.

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