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Maker Faire Grenoble: plus de makers, moins de public

Pour son édition 2017, la Maker Faire Grenoble est passée de 55 à 90 exposants. © Carine Claude

Elle a tout d’une grande, ou presque. Du format mini de sa première édition en 2015, la Maker Faire grenobloise est passée au niveau supérieur mais a perdu en fréquentation. Récit en images du week-end des 18 et 19 mars.

Grenoble, envoyée spéciale (texte et photos)

Techno, mais pas trop. Pour sa deuxième édition les 18 et 19 mars, la Maker Faire Grenoble a joué la carte grand public en mêlant habilement start-ups, makers, cosplay, rétrogaming, animations pour les mômes et installations artistiques. « Pour cette édition, notre plus gros challenge était de réussir à mobiliser les différentes communautés, de décloisonner les amateurs, les geeks, les artistes, les artisans, les start-ups et même les grosses entreprises car entre tous ces acteurs, il existe une culture technique commune », explique Laurent Chicoineau, directeur de la Casemate, le centre de culture scientifique, technique et industrielle de Grenoble organisateur de l’événement.

Malgré un passage à l’échelle conséquent (plus de 90 exposants au lieu de 55, un nouveau site d’exposition plus vaste mais plus excentré), le cru 2017 et ses 6 000 visiteurs ne se hissent pas au niveau de fréquentation de la première édition de 2015 (8 830 entrées). A l’époque, la Maker Faire était encore en mode mini, mais gratuit.

Une ambiance familiale régnait à la Maker Faire Grenoble.

« Faire payer l’entrée (8€ en plein tarif, ndlr) fait partie du modèle économique global de cette Maker Faire », explique Laurent Chicoineau. Pour lui, quitter le mode Mini Maker Faire pour en faire un événement de plus grande envergure permettait d’aller chercher des fonds privés et de financer cette foire qui fonctionne sans subventions publiques.

Laurent Chicoineau, directeur de la Casemate et organisateur de la Maker Faire Grenoble.

« Les industriels sont sensibles à la créativité technologique que l’on montre, ajoute Laurent Chicoineau qui précise que l’événement est coproduit par l’Institut polytechnique Grenoble INP et le groupe Schneider Electric. Pour nos partenaires, la dimension internationale du réseau Maker Faire est aussi un facteur important. Et puis dans l’esprit des gens, le terme “mini” donne l’impression que ce n’est que pour les enfants ! »

Pour accompagner cette montée en puissance, il a choisi de quitter le centre-ville pour investir Alpes Congrès, un complexe de 2 000m2 situé aux abords de la ville et dont les multiples plateaux pouvaient accueillir en simultané des maker pitchs et des forums, dont celui intitulé « Les makers ré-inventent l’éducation » animé en partenariat avec Makery.

Fablabs et hackerspaces de la région au premier rang

Côté fablabs, la Casemate et son atelier bioDiY avaient pris leurs quartiers à l’entrée de la foire en compagnie de 8 Fablab, le fablab de Crest. Côté hackerspaces, le Laboratoire ouvert grenoblois (LOG), anciennement hébergé par la Casemate, était venu présenter ses projets de bornes d’arcade et sa CNC low cost fabriquée avec un châssis en bois et des pièces imprimées en 3D. « Il faut environ deux mois pour la fabriquer mais au final, elle ne coûte pas plus de 300€ », explique l’un de ses concepteurs.

Expérimentations DiY et bornes d’arcade sur le stand du Laboratoire ouvert grenoblois (LOG).
Eric, du hackerspace Laboratoire ouvert grenoblois, présente sa CNC maison à bas coût.

Cosplay spécial «Star Wars», vols de mini drones et art cinétique

Les allées de la Maker Faire étaient peuplées de personnages de l’univers «Star Wars».
Un service d’ordre plutôt dissuasif.
Plus habitués à voler dans le Vercors que dans un centre des congrès, les membres de Gresquad préparent une démo de mini drones.

Une gamejam scientifique pour vulgariser les thèses

Autre temps fort de la manifestation : la Scientific game jam, un hackathon de 48h pour créer un jeu vidéo sur les sciences organisé en duplex avec le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) de Paris. Derrière cette idée portée par la Casemate, des poids lourds de la recherche comme le CEA, le CNRS et l’Inria. Le but ? Créer des serious games destinés à vulgariser les recherches doctorales. Pour briefer les équipes, six doctorants étaient venus présenter leur sujet de thèse, de la cartographie à la sociologie en passant par les nanotechnologies. « Nous ne leur avons pas donné de contraintes, hormis celle de la jouabilité. Dès le premier soir, les premières idées avaient cristallisé », dit Marc de Boissieu, chercheur au laboratoire Simap du CNRS encadrant la gamejam.

Les gamers ont passé deux jours, mais aussi deux nuits à coder leur serious game.

Parmi les trente participants, des étudiants d’Infocom ou de Supinfo, mais aussi des gamers codeurs bien plus jeunes. « L’un d’eux a seulement 13 ans, précise Pascal Moutet, chef de projet web de la Casemate et coordinateur de la gamejam. Ses parents, qui le trouvent d’habitude très renfermé, étaient émus de voir la manière dont il s’était bien intégré. »

Pascal Moutet (à g.) et Pascal Sagnol (à dr.) de la Casemate, coordinateurs de la gamejam.

Plus que bien intégré puisque son équipe, les Nickel Chrome, a remporté le premier prix avec Forgeron Baston, un gameplay sur les sciences des matériaux. Il se dit même que c’est un prix Nobel qui sera le bêtatesteur du jeu…

Le site de la Maker Faire Grenoble