Makery

Un maker à table: le guide de survie de Noël

Noël, c'était mieux avant. © Dan Century

Noël, le sapin, la dinde et les conversations passionnées avec tonton qui a le coude plus souple d’année en année… Pour affronter la trêve des confiseurs en toute sérénité (qui a dit Grinch?), Makery a lancé un appel à témoignages. 

1 – Merci l’imprimante 3D

Si ce n’est pas toujours simple d’expliquer son métier quand on est fabmanager, ou son hobby quand on est maker, bidouilleur ou hacker, on pourra tout de même remercier la star de l’année : l’imprimante 3D. C’est en tout cas l’expérience de Maud Rabau, qui travaille au 127 de Cap sciences à Bordeaux. Sa famille a « du mal à croire que ça puisse être un métier, explique-t-elle. Par contre quand je leur dis qu’il y a des imprimantes 3D, là, tout de suite ils sont admiratifs. » 

Ce qui les taraude : peut-on vraiment tout imprimer ? Béton, chocolat, pont ou même maison, c’est le moment de crâner. 

2 – Tu seras riche, mon fils

Votre famille se fait du souci pour vous. « Ça marche ? » ou « comment tu gagnes de l’argent ? » … voici quelques unes des questions les plus posées à l’heure de l’apéro. L’occasion pour vous d’expliquer la différence entre les business modèles des fablabs (attachés à une université, à un musée, à une entreprise, associatifs, indépendants…) et de leur rappeler que l’Etat donne aussi quelques subventions. Si ça ne suffit pas, sortez l’argument massue : vous travaillez pour le futur. Ça en jette et ça marche.  

3 – Le côté obscur du système

Vous pouvez aussi adopter la défense de Pol du Makerspace de Lille, qui se fait invariablement souhaiter « de trouver un bon boulot et de remplir [son] porte monnaie » en guise de vœux. Lui y va cash quand on lui demande comment il gagne de l’argent : « Le système économique qui vous fait prospérer sent mauvais, va s’éteindre par des limites physiques et sociales alors il faut bien que des gens pensent l’après. (…) Et vous devriez dire la vérité à vos enfants, le système auquel vous les préparez est du coté obscur… » Ambiance. 

4 – L’intello au placard

Vous êtes néanmoins peu nombreux à porter ce discours haut et fort et vous préférez rappeler votre famille à ses obligations festives, c’est à dire « boire un coup », ou penser tout bas ce que vous aimeriez dire tout haut. Ainsi de Dimitri, alias Monsieur Bidouille, pour qui « on ferait mieux de se poser la question de re-localiser notre économie, passer de consommateur à consom-acteur et de réfléchir à comment les machines numériques et le monde du logiciel libre peuvent aider à ça ». Mais qui n’en parle pas, « parce qu’après je passe pour l’intello de service qui plombe la soirée avec ses théories ».

5 – La surveillance appliquée à mémé

La surveillance, la neutralité du Net n’ont que peu droit de cité autour de la dinde. Sauf si vous êtes Fabrice Epelboin, que vous avez passé 5 ans de votre vie à réfléchir à ces notions et que votre père a introduit TCP/IP dans les réseaux universitaires et que « du coup, à ses yeux, [vous êtes] tout à fait normal… » Pour les autres, on garde ces conversations pour les potes et on évite le sujet s’il vient sur la table (et on va plutôt surveiller la dinde, plaisante l’artiste Nicolas Frespech).

Pour amener simplement le sujet, on peut suivre l’exemple de Chloé Rivière, fabmanager au FabClub de Paris, qui évoque la surveillance avec la génération aînée qui débarque sur Facebook. « On leur explique comment ça marche. » Simple et efficace.

6 – Le fablab, une salle de sport

Expliquer un fablab à des profanes, vous avez l’habitude. Pour ceux qui manquent d’inspiration, on retiendra la définition de Jean Nelson, de YouFactory, à Lyon : « C’est comme une salle de sport mais au lieu de faire du vélo, tu fais de la découpe laser. »

Conseil pour une bonne définition : 1/ un espace ; 2/ des machines ; 3/ du collaboratif.

7 – Trop de récup tue la récup’

Si malgré tout, il reste compliqué d’expliquer un fablab, la meilleure solution est encore de faire des visites. Et si vous n’allez pas au lab, le lab viendra à vous : décorations de Noël, cartes ou sapin en découpe laser ou bijoux imprimés en 3D, vous êtes nombreux à allier la magie du maker à celle de Noël.

Attention tout de même à ne pas trop faire dans le DiY: « Récupérer du papier journal avec du bolduc rouge pour les paquets, c’est pas bien vu ! », partage Nicolas Frespech.

Vous voilà prévenus. Joyeux Noël !