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L’Usine IO n’est pas un fablab… mais alors qu’est-ce que c’est ?

Gary Cige à l'entrée de l'Usine IO, dont il est co-fondateur. © Quentin Chevrier

L’Usine IO, lauréat de l’appel à projets «fablab» du ministère du Redressement productif, ouvre à Paris le 1er octobre sur 1500 mètres carrés. Le projet n’a pourtant rien d’un fablab, nous explique Gary Cige, co-fondateur.

Gary Cige, l’un des trois co-fondateurs d’Usine IO, nous a accueilli dans cet espace de 1500 mètres carrés situé dans le 13ème arrondissement de Paris, en amont de son inauguration, le 1er octobre. Il décrit l’objet de cet « atelier de prototypage hi-tech ».

Un « accélérateur de développement produit »

Ni un espace dédié aux makers, ni un lab. Le discours du co-fondateur de l’Usine IO Gary Cige est affûté pour dissiper toute confusion. « L’Usine IO est un atelier de prototypage hi-tech, ultra-performant, dédié à la phase pré-industrielle du cycle de vie d’un produit. On voit d’innombrables prototypes en ligne, qui multiplient les campagnes de financement participatif. Suite à quoi la plupart se retrouve au pied du mur du développement industriel de leur premier prototype. Un défi rarement surmontable seul, sans expérience dans ce  domaine. Nous offrons cette expérience, aux particuliers, à la PME, et aux grands groupes. » Sur les dix personnes composant l’équipe d’Usine IO, quatre sont des experts ayant une dizaine d’années d’expérience dans l’industrie (ingénieur méthodes et industrialisation, ingénieur électronique et systèmes embarqués, dessinateur projeteur 3D…).

Coup de pinceau final sur la future zone électronique et chimie.  

Affiner un prototype demande des compétences variées : de la plasturgie, de l’électronique, de l’usinage, de la menuiserie, de la conception assistée par ordinateur… soit les spécialités de la demi-douzaine d’ateliers. En plus de ces ateliers et de la zone de conception (500 mètres carrés chacun), 500 mètres carrés sont occupés par un espace de coworking tout ce qu’il y a de plus classique : des tables, des chaises, des bureaux, des salles de réunion… « Oui mais ici, on ne fait pas d’immobilier », martèle Gary Cige. La location d’un espace de coworking est conditionnée à l’utilisation des ateliers. « On n’accueille pas de start-ups du web, on accueille des start-ups orientées produit. »

« On n’est pas dans la bricole »

« On n’est pas dans la bricole. On n’est pas en concurrence avec les fablabs. » L’Usine IO se veut complémentaire : « Des équipes peuvent prototyper leur idée dans un fablab et nous rejoindre ensuite pour le préparer à une industrialisation. A l’inverse, nous redirigeons parfois des visiteurs vers des fablabs. Un meuble pour chez soi, il vaut mieux aller le faire à l’Etablisienne que chez nous. » (ndlr : l’Etablisienne est un makerspace parisien dédié au travail du bois).

Des membres de fablabs peuvent aussi assister à certaines formations dispensées à l’Usine IO. Si l’initiation aux machines (et à la sécurité) est réservée aux membres, des formations plus théoriques sur les matériaux, les pratiques industrielles ou encore le financement participatif seront ouvertes à tous.

Par contraste, l’Usine IO aide à définir ce qu’est un fablab. Les deux types de lieu ont beaucoup d’outils et de machines en commun. Preuve que ce n’est pas le parc machine qui fait un fablab.

Deux Ultimaker neuves attendent au chaud dans un placard.

Un projet à l’Usine IO dure 6 à 18 mois

« Il n’y a pas de niveau minimum de compétence à l’entrée », précise Gary Cige. « Mais nous ne voulons pas tout faire pour les équipes. Nous ne sommes pas dans une logique de prestation mais de formation et d’accompagnement. » L’équipe développe actuellement une méthodologie sur-mesure. Celle-ci commence par la qualification du projet entrant, ses besoins techniques, les besoins en compétence de ses créateurs.

La première phase du développement se passe principalement dans l’espace de conception. Au total d’ailleurs, « le temps passé dans les ateliers est minoritaire sur la durée de vie totale d’un projet à l’Usine IO. » Cette durée de vie devrait osciller entre 6 et 18 mois, estime Gary Cige.

Une fois la promesse du lieu tenue (à savoir « accélérer et baisser le prix de sortie d’un prototype et le préparer à l’industrialisation »), ses créateurs peuvent être conseillés sur le choix de leurs fournisseurs ou de zones géographiques de production. En revanche, l’Usine IO n’a « pas actuellement d’industriels partenaires, et ne prend pas de part dans les entreprises qu’elle accueille. »

Les 500 mètres carrés dédiés à la conception jouxtent les ateliers.
Le compteur physique de likes Facebook « Fliike » se prépare à être industrialisé à l’Usine IO.
Quelques machines-outils occupent l’espace conception pendant les travaux des ateliers.
Le futur atelier bois a troqué son parquet massif pour une dalle de béton, plus sûre.
L’espace coworking évite l’effet open space des bureaux à perte de vue.
Une future salle de formation sert de stockage pour les machines pendant les travaux.
L’ingénieur réseau… installe le réseau.
Et les mots «usine», «dégauchisseuse» et «raboteuse» adoptèrent des codes graphiques à la mode.

Texte et photos Quentin Chevrier

Usine IO, 181-183 rue du Chevaleret, 75013 Paris.

Inauguration publique d’Usine IO le 1er octobre, sur inscription.