Les tiers-lieux s’exposent à la Biennale du design de Saint-Etienne
Publié le 17 janvier 2017 par Timothée Gosselin
Avec pour théma 2017 «Working Promesse», la Biennale du design proposera «Fork The World», sur les nouvelles formes du travail dans les tiers-lieux. Timothée Gosselin (La Myne) explique la construction collaborative de l’expo.
Déjà présent au cœur de la Cité du design à Saint-Etienne, où Openfactory a posé ses bagages, le tiers-lieu s’invite désormais à la Biennale du design elle-même. La World Trusting Foundation (sic) est en effet commissaire de l’exposition L’expérience tiers-lieux : Fork The World !, à voir du 9 mars au 9 avril 2017 et fruit d’un réflexion collaborative.
«Working Promesse»
Pour sa 10ème édition intitulée « Working Promesse », la Biennale s’interroge sur les mutations du travail. Sujet qui se cristallise dans les tiers-lieux, reconnus comme des « lieux d’interventions et de mises en forme singulières des nouvelles organisations du travail ». Pensés en 1989 par Ray Oldenburg dans The Great Good Place, les tiers-lieux ne sont alors « que » les cafés, librairies ou encore les salons de coiffure. Décrits en opposition aux deux espaces que sont l’habitation et le lieu de travail, ils sont avant tout des endroits de rencontre et de conversation informelle, constructive et joviale, en dehors de tout jugement social. A l’ère numérique, les tiers-lieux sont désormais fablab, makerspace, hackerspace, espaces de coworking ou encore ateliers et habitats partagés.
Le tiers-lieu questionne le travail
Pour Olivier Peyricot, directeur scientifique de la Cité du design à Saint-Etienne, « nous sommes pris dans une injonction paradoxale avec d’une part la recherche d’un travail plus agréable, plus intelligent, porté par les nouvelles technologies, et d’autre part des tensions sociales incroyablement fortes qui le contredisent : le travail est bel et bien en pleine mutation. »
À l’intitulé « Working Promesse », les tiers-lieux ont donc répondu : « Fork The World ! La fourchette, un visa pour l’emploi ? Le fork (fourche, bifurcation en anglais) est plus qu’un entre-deux, c’est une troisième voie, le tiers. Cette dynamique fait des tiers-lieux des espaces de liberté, lieux d’invention et ateliers de mises en formes singulières de nouvelles organisations du travail. » C’est la thématique engagée par le « concierge-designer » Yoann Duriaux, cofondateur du Movilab stéphanois, qui a invité tout un tas d’autres tiers-lieux à réfléchir à la question.
Fruit de l’expérience immersive du collectif de designers RDC dans les tiers-lieux Open Factory, la Maison Jules Verne et La Myne, Fork The World s’inscrit dans un processus de co-création qui s’étale sur plus de 10 mois entre différentes entités que parfois tout oppose (l’écohacklab lyonnais La Myne, la Maison Jules Verne d’Aurec-sur-Loire, la POC Foundation, Ouishare, Opensources, Cellabz, Openscop, la Coopérative des tiers-lieux, Nice Future…), mais qui se rassemblent autour de la question de la mutation du travail.
Le commissariat (la fameuse World Trusting Foundation) repose ainsi sur un travail collaboratif et un processus de documentation ouvert. Et sur des moments de rencontre : un Tiny Tilios (« Tiers-lieux libres et open source ») Camp s’est tenu en avril 2016, un Construction Camp vient d’avoir lieu et, du 23 au 27 janvier prochains, un Open City Lab est organisé à La Myne.
#Dm1TL, de l’expérience «Design moi un Tiers-lieu»
En 2015, le rapprochement avec la Biennale s’intitulait Design moi un tiers-lieu. Il s’agissait d’une journée « pour explorer l’écosystème vivant de l’innovation technologique et sociétale ».
Tiny Tilios Camp des 7 et 8 avril 2016 par le Maker Tour:
En 2017, l’invitation n’est pas simplement adressée à un spectateur qui découvre de nouveaux modes d’organisation, gouvernance et modèles économiques à travers les réalisations quotidiennes de différents tiers-lieux. L’exposition n’est pas simplement un voyage didactique dans ce monde singulier des espaces d’expérimentation. Cet événement n’est pas seulement l’occasion de vivre, lors des nombreux ateliers qui seront organisés, les enjeux quotidiens de ces collectifs qui vont parfois à contre-courant.
Ceci est bien une invitation à devenir acteur de l’exposition.
Après le Tiny Tilios Camp et le Construction Camp, la World Trusting Foundation vous attend donc du 23 au 27 Janvier à Lyon pour faire tiers-lieu et participer à la construction de cette Biennale lors des Open City Lab.
Dernier acte avant la Biennale afin de finaliser les prototypes et contenus de l’exposition. L’occasion pour tous d’étudier la mutation du travail sous le spectre du commun et de la libre appropriation, de l’émancipation par le faire ou encore la résilience par la modularité.
Pour en savoir plus sur Open City Lab, du 23 au 27 janvier à La Myne (programme à venir sur le site de La Myne)