Promenons-nous dans les champs électromagnétiques de Tazasproject
Publié le 10 octobre 2016 par Laurent Catala
Du land art à la sauce maker. Pour la Nuit verte à Bordeaux, fin septembre, les Toulousains de Tazasproject ont imaginé une installation lumineuse en plein air qui révèle les champs électromagnétiques dans lesquels nous baignons.
Bucolique mais électromagnétique, la Nuit verte bordelaise ! Le 24 septembre, sur les coteaux arborés de la rive droite à Bordeaux, Aurora a proposé une étrange chorégraphie nocturne de tiges lumineuses aux visiteurs de la Nuit Verte de la Biennale Panoramas, manifestation hybride et insolite qui redécouvre le paysage tout en explorant les connivences liant arts numériques, création contemporaine et loisirs alternatifs. Le dispositif conçu par le duo d’artistes toulousains Tazasproject (Guillaume Beinat et Alexandre Suné) capte l’attention… et les champs électromagnétiques.
Sur un flanc de colline du parc Bassens, au nord de Bordeaux, quelque 500 tiges lumineuses composent un ballet de lumières variables, clignotantes ou plus fixes, et au grésillement diffus. Cette expérience sensible révèle une cartographie audiovisuelle du lieu analysant les champs électromagnétiques qui le traversent. « L’installation repose sur l’élaboration d’un capteur sensible aux perturbations du champ électromagnétique », explique Guillaume Beinat. « Il est composé d’un circuit intégré programmable ATtiny85, d’une antenne en cuivre multi-brins de 95cm, d’une résistance de 1MOhm pour la captation des perturbations électromagnétiques, ainsi que d’une LED haute luminosité et d’un disque piézo pour la restitution sonore de l’analyse. »
Rendre visible l’invisible
À la manière de compteurs Geiger, ces capteurs sondent littéralement la surface du champ pour libérer la perception des sources qui le parcourent. Pour autant, celles-ci (ondes radio, télévision, réseaux mobile, wifi, GPS, particules à hautes énergies venant de l’espace, électricité statique, etc.) demeurent mystérieuses. Le duo souhaite avant tout « tisser le lien entre la vision d’un espace naturel et une vision numérique des manifestations électromagnétiques qui s’y produisent ». Même si, précise Guillaume Beinat, « il est certain que la vision de toutes ces manifestations ne peut laisser indifférent : elle révèle de façon évidente que notre perception de l’environnement n’est pas aussi complète que ce que l’on s’imagine ».
Pour parvenir à ses fins, Tazasproject a procédé à de multiples essais in situ. « Le réglage des capteurs a été testé à plusieurs reprises, à plusieurs endroits afin de modeler l’espace et afin qu’ils ne soient ni trop sensibles, ni pas assez. Nous voulions une vibration, une forme de voile lumineux en perpétuelle mutation. Avec des moments creux, d’autres hyper pleins, afin d’obtenir des contrastes marqués. »
Un work in progress qui favorise potentiellement l’adaptation du dispositif à d’autres types de lieux. « Nous avons pensé l’architecture de cette installation de façon suffisamment versatile pour pouvoir opérer des réglages sur place afin qu’elle puisse s’adapter au niveau des perturbations captées. » Une nouvelle étape de travail du projet débutera fin octobre avec une version «indoor» présentée au Roanoke College en Virginie, aux Etats-Unis.
«Aurora», à voir dans le cadre de l’exposition «Waiting for a Sign», Roanoke College (Etats-Unis), du 28 octobre au 11 décembre 2016