Un fablab éphémère dans la nature suisse
Dans le cadre de la triennale de sculpture en plein air Bex & Arts, quinze fablabs suisses animent un fablab de poche. Explications avec Richard Timsit, du fablab de Renens.
On aurait aimé explorer nous-mêmes à Bex (Suisse) le pavillon fablab mobile que propose la 3ème édition de la triennale de sculpture en plein air Bex & Arts. On s’est rattrapés en envoyant quelques questions à Richard Timsit, du fablab de Renens, qui a participé à l’aventure, à voir jusqu’au 15 octobre.
Comment est née l’idée du fablab de poche dans le cadre de Bex & Arts?
Un membre de notre fablab a été approché par la curatrice de l’exposition Catherine Bolle pour une intervention. Celle-ci n’ayant pu se réaliser, c’est une visite du fablab par le comité d’organisation de Bex & Arts qui a convaincu tout le monde de la place que pourrait prendre un tel atelier dans une exposition de sculptures ayant pour thème l’énergie. Le comité s’est donné les moyens de nous recevoir, et nous nous sommes mobilisés pour que ce fablab de poche soit l’ambassadeur des quinze fablabs suisses et que la présence au pavillon sept jours sur sept soit partagée par les membres des différentes entités. Même si ce partage ne s’est réellement effectué qu’entre les fablabs des cantons francophones, il était heureux de parler au nom de tous.
C’est ainsi que pour l’édition 2017 de Bex & Arts, les visiteurs ont l’agréable surprise de découvrir un fablab dans un pavillon magnifique qui abrite un coin bibliothèque et une vitrine où se trouvent les maquettes des 31 sculptures exposées en plein air. Au cœur de l’ensemble, un kiosque carré d’un peu plus de 1m60 de côté abrite une découpeuse laser, trois imprimantes 3D et un emplacement de travail sur grand écran.
Comment a été pensée l’architecture du pavillon “arts et technologies” où se trouve le fablab?
Ce pavillon de 40m2 a été conçu par un architecte vivant en Californie et connaissant bien les fablabs pour être passé par le MIT dans les années 2000, David Montalba. Sa structure en bois est légère et démontable pour pouvoir être réutilisée. Les fondations sont minimales afin de limiter l’impact de la construction sur le terrain. C’est une architecture inspirante pour un fablab mobile.
Quelle est la réaction des visiteurs de Bex & Arts?
“C’est quoi un fablab ?” Voilà la première question que se posent les curieux… et celles et ceux qui se rendent à une telle manifestation sont toujours curieux ! Que des ateliers citoyens puissent exister pour permettre à tout public de maîtriser les techniques de fabrication numérique étonne toujours. Pourtant, plus de 1.000 espaces de ce genre existent dans le monde, 150 en France et 15 en Suisse. Nous exposons les valeurs qui sont liées au plaisir de faire soi-même et avec d’autres, à celui de partager les connaissances dans l’esprit qui a permis l’invention et le déploiement planétaire d’Internet. Notre rapport avec l’argent intrigue aussi, mais c’est ce qui permet notre présence dans une exposition qui n’est pas un salon commercial.
Quel rapport entre art et fablab?
De tout temps la question de la technè a été importante pour les artistes. Le fablab représente à nouveau un lieu particulièrement propice à leur recherche, un appendum indispensable à leur atelier. Les artisans y trouvent, comme les artistes, l’espace qui leur manquait pour s’initier aux techniques numériques et découvrir de nouvelles possibilités d’expression.
Le thème de l’exposition de Bex & Arts étant l’énergie, nous ne nous privons pas d’aborder avec les visiteurs les problèmes de la transition écologique et la place que les fablabs peuvent prendre dans des projets tels que Fab City. Mais c’est sur le thème de la culture technique et de son indispensable intégration à la culture générale que les visiteurs nous quittent, enchantés d’une telle rencontre et quelquefois gâtés par un objet imprimé en 3D ou un puzzle découpé au laser, heureux de savoir qu’ils trouveront un fablab pas trop loin de chez eux.
Triennale Bex & Arts, jusqu’au 15 octobre de 10h à 19h, entrée 12 ou 16 francs suisses (10,50€-14€), domaine de Szilassy, Bex
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