Makery

A La Gare du Relecq-Kerhuon, ArtLabo Retreat se raconte en immersion sonore

Cartes sensibles, atelier mené par Camille Bernicot de La Gare, Centre d'art et design. DR.

Jusqu’au 30 juillet prochain se tient l’exposition collective « ArtLabo Retreat : Ecologies Insulaires – Une restitution », au centre d’art et de design La Gare, au Relecq-Kerhuon dans le Finistère. Cette exposition revient sur les recherches conduites à l’Île de Batz lors de la résidence collective ArtLabo organisée en Juin 2023. Les artistes sonores Quentin Aurat et Jon Haure-Placé y ont effectué des enregistrements, diffusés dans l’exposition, et qu’ils nous donnent à entendre ici.

Cette exposition fait état de la restitution des recherches conduites à l’Île de Batz lors d’une résidence collective réalisée à La Colonie du Phare, coorganisée par Makery et l’Association Ultra dans le cadre du programme Rewilding Cultures en juin 2023.

« Il s’agit, dans cette exposition, de penser l’apesanteur d’un temps vécu collectivement et d’à nouveau y construire l’expérience de la présence de chacun·e, comme une invitation à en créer d’autres versions. En considérant que les récits ne se font pas en aval de l’expérience mais qu’ils en font pleinement partie, elle en devient le motif au sens où elle en est la trame, la texture, l’étoffe et le matériau*. Les formes de récits présentés dans cette exposition cultivent la liberté de prolonger l’expérience vécue, de la re-situer. Une expérience du territoire où s’éprouve un ensemble de savoir-faire, activant autour et produisant avec, les ressources naturelles mises en commun. Il est question ici de faire sentir plusieurs voix et pratiques : la tentative de tracer une île, de lignes multiples composant avec la présence de chacun·e et la polyphonies des versions. »

Claire Laporte, directrice de la Gare, Centre d’art et de design, géré par l’Association Ultra

*Termes empruntés à Vinciane Despret (2015), Au bonheur des morts, récits de ceux qui restent. Ed, la découverte.

PODCASTS

CRÉDITS
Réalisation, montage et textes : Quentin Aurat
Prises de sons : Jon Haure-Placé et Quentin Aurat

Fabrication par les biomatériaux
Une proposition du Design Social Club (designer)

Les biomatériaux sont un enjeu majeur des nouveaux modes de production d’objets manufacturés. Résolument tourné vers le recyclage dans une démarche écologique et solidaire, l’atelier proposait d’expérimenter la compression de matériaux recyclés pour créer assiettes, gobelets et autres vaisselles de table. À l’aide d’une presse hydraulique équipée de moules chauffants, les participant·es ont réalisé une variété d’objets de table élémentaires fabriqués à partir de compressions de matériaux organiques récoltés sur l’Ile de Batz. Cette vaisselle biodégradable et éphémère suggère une expérience sensorielle complète de la conception à l’usage final. À partager collectivement, et pourquoi pas autour d’un repas !

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Pierre Antoine (Design Social Club), en collaboration avec le designer Charlie Cann (Ultra), a produit des objets résistants dérivés des drêches des brasseurs locaux, d’autres ressources biologiques locales et de la transformation de plantes invasives trouvées sur la côte. Crédit : Ewen Chardronnet

Expérimentations culinaires
Une proposition de Joanna Wong (artiste culinaire)

Joanna est une artiste culinaire hongkongaise qui s’interroge sur le lien entre le goût de la nourriture et nos constitutions socio-culturelles, voire politiques. Manger est une affaire vitale mais participe aussi du développement de nos ancrages sociétaux. Par delà l’aliment, le goût, les saveurs, et tout ce qui nous transporte sensoriellement et émotionnellement. Les cuisinier·ères de cette semaine sur l’Ile de Batz nous proposaient de mélanger nos repères culturels liés au goût. À base d’algues, de plantes sauvages et autres ressources de l’île, ielles ont concocté une cuisine métissée, transgenre et située. Une expérience de déconstruction de nos habitudes liées aux saveurs.

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Joanna Wong est une artiste née à Hong Kong qui s’intéresse aux êtres vivants à travers le monde du jardinage et de la cuisine, conçus comme une métaphore de la notion de culture et comme une tentative de façonner et de contrôler la nature. En jetant un regard neuf sur les liens entre l’art, la culture et la nourriture, Joanna Wong a invité les participants à explorer les processus à l’œuvre dans l’approvisionnement alimentaire d’ArtLabo Retreat, de la cueillette d’algues et d’herbes sauvages à la rencontre des agriculteurs de l’île, en passant par la cuisine collective dans la cuisine du camp. Crédit : Carine Le Malet

Cartes sensibles
Une proposition de Camille Bernicot (graphiste)

L’Ile de Batz est un petit territoire dont nous pouvons faire le tour à pied en assez peu de temps. L’intention de transcrire visuellement ces virées pédestres est née d’une double envie de donner à voir un regard subjectif sur le territoire, et l’occasion de fabriquer soi-même les encres végétales qui serviront à la mise en forme de cette transcription visuelle. La cartographie s’est construite avec cet objectif en tête, où chacun·une a projeté graphiquement dans un espace de rencontre et de situations. Par la technique de la sérigraphie, les auteur·ices/randonneur·euses/ceuilleur·euses ont su tirer parti des contraintes liées à ce mode de production très artisanal et expérimental pour nous partager leurs voyages graphiques.

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Camille Bernicot (Ultra), graphiste sensible à l’accessibilité et à l’inclusion, a proposé la création d’une carte sensible du territoire de l’île de Batz avec les différents participants et artistes invités. La sérigraphie finale a été réalisée à partir d’encres végétales et minérales issues des éléments de l’île. Crédit : Elsa Ferreira

Fabrication d’hydrophones
Une proposition de Dinah Bird (artiste sonore)

Dinah Bird est une artiste sonore rattachée au collectif ∏node. Pendant la semaine, Dinah Bird, Julien Clauss et Nicolas Montgermont du collectif, accompagné de Quentin Aurat et Jon Haure-Placé, ont réalisé l’installation sonore « Say goodbye to the wind » sur les plages de l’Ile de Batz, à partir d’un cerf-volant porteur d’une antenne VHF, d’un microphone de contact piézoélectrique, et d’un hydrophone (microphone pour milieu aqueux). En annexe de cette expérience qui convoque différents écosystèmes acoustiques, Dinah a guidé les volontaires pour fabriquer leur propre hydrophone : le principe étant à la fois d’assurer l’étanchéité du micro, de réaliser ses connections électroniques, tout en adoptant un mode de fabrication peu coûteux basé sur le recyclage. Rapides et simples à réaliser, ces hydrophones DIY peuvent être ensuite plongés dans l’eau.

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 » Say Goodbye to the Wind  » est une œuvre d’art sonore spécifique au site par le collectif p-node (Dinah Bird, Julien Clauss, Nicolas Montgermont, Quentin Aurat, Jon Haure-Placé). Ancré sur une plage de l’île, le cerf-volant plane à 100 mètres du sol. Un micro attaché à la ligne produit un bourdon évolutif, sonification directe de l’état du vent à cette altitude. Au bord de la plage, un hydrophone gargouille au fur et à mesure que la marée monte. A mi-hauteur de la ligne de cerf-volant, une antenne reliée à un scanner capte les communications du CROSS Corsen à 60 km à l’ouest, et l’intense trafic le long du rail d’Ouessant. Les voix bruyantes caractéristiques de la VHF se mêlent au flux et au reflux du vent et des vagues, formant un cadre ambiant génératif, un continuum venteux ponctué de reliefs liquides et d’irruptions bruyantes. La pièce a été diffusée en FM par un orchestre de radios disséminées sur la plage. Crédit : Dinah Bird

Découverte des algues et cueillette sauvage
Exploration avec Edouard Bal (ethnobotaniste, Cueilleur d’estran)

Edouard Bal accompagnait les participants sur deux après-midi de sorties en bord de mer et en sentiers intérieurs. Des plantes littorales aux plantes de chemins, les participant·es ont découvert les espèces emblématiques de l’Ile de Batz, guidé·es par les explications détaillées d’Edouard. Ici, il s’agit d’algues vertes, rouges et brunes… Certaines délicieuses, d’autres à éviter. Description botanique, vertus, usages culinaires ou médicinaux. Une découverte de la richesse de l’éventail végétal et algal de l’île sous forme d’une cueillette collective dont les fruits ne tardent pas à rejoindre nos assiettes.

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L’ethnobotaniste Edouard Bal, de l’association locale « Cueilleur d’estran », a conduit un grand groupe de participants à deux promenades botaniques : la première pour observer et collecter des algues sauvages comestibles ; la seconde pour collecter des plantes sauvages comestibles. Les plantes récoltées ont ensuite été cuisinées dans le cadre de l’atelier animé par Joanna Wong. Crédit : Carine Le Malet

Panorama de l’ArtLabo Retreat 2023 par Arthur Barbe (vidéo, 10’05) :

Lire également notre compte-rendu dans Makery.

L’exposition « ArtLabo Retreat : Ecologies Insulaires » a lieu jusqu’au 30 Juillet 2024 à La Gare, Centre d’art et de design au Relecq-Kerhuon dans le Finistère. ArtLabo Retreat 2023 est une résidence coproduite par ART2M/Makery et La Gare, géré par l’association Ultra.

ArtLabo Retreat est membre du Feral Labs Network et a reçu le soutien de l’Union Européenne dans le cadre du programme Rewilding Cultures (2022-2026).

Les artistes Quentin Aurat, Jon Haure-Placé et Arthur Barbe sont soutenus par l’Antre Peaux (Bourges) et la Région Centre-Val-de-Loire dans le cadre du programme  » Transition écologique et résilience : les acteurs culturels s’engagent !  ».

La Gare est soutenue par la Drac Bretagne / Ministère de la Culture et de la Communication dans le cadre du programme Innovation territoriale, et par la Fondation Carasso.