Makery

Avec Art Bike Relief à Burning Man: le festival (3/3)

Mack Carter, Mike Brittan et Lilian Libre, maker-artistes spécialisés dans l’art du deux roues à Burning Man. © Cécile Ravaux

Cette année Makery a suivi Burning Man de l’intérieur avec Cécile Ravaux des French Burners et Art Bike Relief. Troisième et dernière chronique durant les festivités de Burning Man.

Désert de Black Rock (Nevada, Etats-Unis), texte et photos,

Je suis de retour après deux semaines utopiques où le don, la générosité des 80 000 explor’acteurs sur la playa nous ont tous profondément marqués. Je rentre dans le « default world » comme on entend là-bas, le monde réel, regonflée d’énergies positives par toutes les aventures et émotions qui ont été partagées. Nous avons rejoint Black Rock City quatre jours avant l’ouverture officielle de Burning Man (lire la première chronique) et nous avons eu la chance de voir la playa se monter avec ses nombreuses installations (seconde chronique). Plus de 300 œuvres artistiques étaient présentées au cœur de la playa, dont la notre : « The Prayer Wheel ».

Dès l’ouverture de l’événement, nous avons reçu sur notre camp Art Bike Relief plus de 1200 personnes de tous les pays qui avaient loué via le site internet de l’association leurs canassons métalliques pour vivre leurs aventures à Burning Man. Le vélo est indispensable pour déambuler au sein de cette fourmilière géante qui vous emmène de découverte en découverte. Rencontrer, échanger, partager et expérimenter les activités d’un camp à l’autre puis repartir pour découvrir les structures artistiques exposées au cœur de cette ville éphémère vous font parfois parcourir plus de 20 kms par jour au hasard des découvertes !

Pimp your Bicycle : La décoration des vélos sur le camp de Art Bike Relief © Cécile Ravaux

Les roues à prière

Alors qu’une partie de notre équipe reste sur le camp pour livrer les vélos, aider les aventuriers du désert à « pimper » – décorer et personnaliser à leur manière leur nouveau compagnon – la seconde partie plus bricoleuse a rendez-vous au cœur de la playa pour monter notre structure artistique.

Le montage de « The Prayer Wheels » © Cécile Ravaux

Il aura fallu deux jours de construction sous un soleil de plomb et quelques tornades de poussière au passage pour réaliser notre œuvre artistique. Trois vélos ont été re-designés pour faire tourner une roue centrale confectionnée en bois et représentant un moulin à prière géant. Lorsque l’on enfourche ces vélos, le mouvement mécanique des chaînes déclenche la roue avant et fait tourner ainsi la pièce centrale.

Chaque projet destiné à être exposé sur la playa n’a pas le droit à l’erreur. Nous manquons de temps pour le prototypage, tout est monté directement sur place et au plus vite, car la durée de l’exposition n’est que d’une semaine ! Le poids de notre moulin à prière est définitivement trop lourd. Après quelques tests et quelques coups de pédales, le moulin à prière s’est effondré. Nous avons dû rebondir et simplifier notre œuvre pour la rendre sécurisée et accessible au public malgré tout. Ces aléas font partie du jeu et de la création artistique. Ce moulin à prière s’est alors transformé en pièce à message où chaque visiteur pouvait venir inscrire au feutre leur message, leur pensée. Ce qui compte le plus est le travail collectif et l’interaction que nous créons avec notre public. And we made it !

Pimp my bike

Mack Carter, Mike Brittan et Lilian Libre, nos trois maker-artistes spécialisés dans l’art du deux roues ne s’en sont pas arrêtés là et ont souhaité offrir à la playa des créations de tall bikes impressionnantes.

La magie de Burning Man opère, inconsciemment, on découvre et apprend de nouvelles choses. Dans une communauté construite sur le don, on découvre l’intelligence collective. Nos trois artistes entourés de notre équipe de petites mains réalisent des tall bikes depuis la playa malgré les conditions difficiles. Je vous rappelle que nous sommes en plein désert, branchés sur des groupes électrogènes et panneaux solaires qui fonctionnent… ou pas ! C’est grâce aux conseils des uns et des autres que nous réussissons alors notre nouveau cadeau : des œuvres sur deux ou trois roues pour le plaisir des yeux et l’émerveillement des passants qui croisent ces véhicules artistiques non identifiés.

Playa provides

Au sein de notre camp, cette semaine a été magique pour nous tous. Après les épreuves rencontrées, quelque soit notre nationalité, nous nous connaissons à peine mais notre petite équipe s’est transformée en véritable petite famille de cœur. Des liens forts et indéfinissables se sont créés entre tous. Nous avons appris à vivre ensemble avec nos propres caractères. Il fallait s’adapter, composer avec les savoir-faire des uns et des autres, tel un orchestre symphonique pour survivre et co-créer ensemble au cœur du désert. Notre grand plaisir était de nous promener en bande, afin de partager de nouveaux moments de détente et de plaisir ensemble. Un matin, sur un camp voisin, nous avons eu le bonheur d’être interpellés sur notre passage et d’être invités à un moment de pur bonheur : nettoyage de visage et masque d’hydratation. Ici, à Burning Man, on appelle cela : « Playa provides ». On tombe toujours sur ce que l’on recherche ou sur ce dont on a besoin. 🙂

Et le temps passe, nous avons tous vécus des expériences incroyables et c’est déjà la fin… Dimanche soir, c’est le burn du temple… Un œuvre majestueuse en bois créée pour tous, où chacun vient inscrire sur les murs son propre message intime pour les gens disparus, les proches, ses remords, ses regrets ou ses nouveaux défis.

Après cette semaine folle, nous avons récupéré les vélos loués et plus de 1000 vélos supplémentaires en dotation ! Le camp de Art Bike Relief se fait connaître et de nombreux burners internationaux ont préféré nous léguer leurs vélos plutôt que de les abandonner sur la playa. Matthew Rockwell, le fondateur de l’association est à bout de fatigue mais heureux. Le nouvel objectif est d’apporter le tout à proximité, à environ 17 miles de Black Rock City pour stocker tous ces vélos.

L’aventure n’est pas finie. Cinq jours après la fin de l’événement, une équipe est toujours présente pour cleaner le camp et rapatrier les vélos dans leur zone de stockage. Matt repartira dans quelques semaines au Népal pour rejoindre le makerspace qu’il a co-créé et y apporter de nouvelles ressources. De mon côté, je rentre à Paris pleine de nouvelles idées, dont celle que rien n’est impossible !

Relire les chroniques 1 et 2 de Art Bike Relief à Burning Man.