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Biennale de Venise : sexe, prison et numérique au Pavillon Taïwan

La pièce panoptique principale de l'installation "3x3x6" de Shu Lea Cheang à la Biennale de Venise © Shu Lea Cheang

Invitée à représenter Taïwan à la Biennale de Venise, dans les murs de l’ancienne prison du Palazzo delle Prigioni, l’artiste Shu Lea Cheang a choisi d’aborder la question de l’emprisonnement pour crimes sexuels et de nous confronter à la «prison numérique» que génèrent nos technologies intelligentes.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Shu Lea Cheang est une figure du net.art et du mouvement cyberféministe ayant émergé dans les années 1990. Résidente new-yorkaise à l’époque, elle a été notamment membre active du collectif de vidéo activiste Paper Tiger Television (comme Nathalie Magnan dont on avait pu vous parler l’an dernier et qui voit prochainement une rétrospective de ses films à la Gaîté Lyrique et à la Cinémathèque). Depuis, Cheang a abordé dans son travail « des questions aussi diverses que le sexe, le genre, l’écologie, l’argent, l’alimentation, les futurs possibles et les médias », souligne Matthew Fuller dans le catalogue de l’exposition présentée à Venise. « Son travail peut prendre différentes formes qui englobent le film, l’installation, les interventions en ligne, les processus sociaux et l’intervention directe dans les systèmes sociopolitiques, techniques et esthétiques, ainsi que dans les imaginaires qui les nourrissent. »

Shu Lea Cheang

Les films de Cheang sont particulièrement notables sur leur manière de manier performance post-porn et science-fiction cyberpunk sur des tournages courts et c’est un peu de cette esthétique que relève son projet 3x3x6 présenté à Venise cette année. On pourra citer en exemple le pionnier I.K.U. réalisé en 2000 et qui élabore un scénario où les données de l’orgasme sont collectées par les disques durs d’androïdes et transférés sur puces pour téléphones mobiles afin d’être téléchargées, une marchandisation du plaisir que l’on peut vivre autant de fois que l’on veut. Ou plus récemment en 2017 avec Fluidø, un film « cypherpunk » qui voit le VIH se transformer en une drogue procurant du plaisir. Mais le virus est interdit, ce qui favorise un marché noir florissant que Cheang fait incarner par une panoplie de personnages. Dans le très post-porn Fluidø, pas de pénétration hétérosexuelle standard, mais une grande diversité de pratiques sexuelles, avec un goût prononcé pour la mise en scène des fluides.

Bande-annonce du film Fluidø de Shu Lea Cheang (2017) :

Casanova en prison

Aujourd’hui installée à Paris, Cheang était donc invitée cette année à représenter Taïwan à la Biennale de Venise par le Musée des Beaux Arts de Taipei qui organise le pavillon depuis 1995 au Palazzo delle Prigioni, l’ancienne et célèbre prison qui communique avec le Palais des Doges par le Pont des Soupirs. Inspirée par le lieu proposé, Shu Lea Cheang choisissait d’emblée de s’attaquer au thème de l’incarcération et en ce sens le titre du projet, 3x3x6, fait référence à l’architecture normalisée de l’emprisonnement industriel des « criminels sexuels » et « terroristes » en Occident : une cellule de 3 x 3 mètres, sans fenêtre, surveillée 24/24 par 6 caméras.

Teaser de l’exposition :

Lors d’un entretien réalisé quelques jours après l’ouverture à Venise, Shu Lea Cheang nous disait : « Tout a commencé avec le bâtiment du Palazzo delle Prigioni lui-même, quand j’ai appris que toute l’exposition se ferait dans ce lieu, que j’aurais tout l’espace. Pour ma première visite sur place je me suis renseignée sur l’historique de la prison, sur la mémoire belle ou cruelle que porte déjà le lieu, et, en effectuant ces recherches, j’ai découvert que Casanova y avait été emprisonné. Et puis, en me rendant à la première visite, je me suis dit aussi qu’il serait bon de revenir à mon interface panoptique du projet Brandon. »

Comme l’explique Matthew Fuller, Brandon (1998-1999) est « l’un des principaux projets d’art sur Internet qui a émergé de l’explosion de l’activité dans ce domaine à la fin des années 1990 ». Le projet visait à raconter l’histoire de Brandon Teena, un homme transsexuel du Nebraska qui avait été violé et assassiné en 1993, tout « en créant un espace de rébellion contre les forces annihilantes de la normalité sociale ». Des versions de la plateforme proposée par Shu Lea Cheang apparaissaient en mur vidéo sur les sites du Guggenheim de SoHo et de la Waag Society d’Amsterdam.

« Progressivement j’ai fait évolué la version de l’interface historique du panoptique vers une version contemporaine, en termes de caméras de surveillance, etc., nous dit Shu Lea Cheang. Aujourd’hui, la prison n’a pas de murs, nous vivons dans une prison beaucoup plus grande et sans murs, et bien sûr, et aujourd’hui cela revient à évoquer les big data, les données massives des médias et de nos environnements numériques. » Shu Lea Cheang se décide alors à inviter Paul B. Preciado à se joindre à elle en tant que commissaire associé. Paul B. Preciado écrit dans le catalogue à propos de l’emprisonnement numérique contemporain : « Un régime d’incarcération massive coexiste désormais depuis trente ans avec de nouvelles formes de contrôle numérique et biotechnologique ; l’avènement de la société de contrôle n’a pas effacé les technologies architecturales du régime disciplinaire, mais a plutôt établi une alliance inattendue. Les nouveaux appareils de contrôle sont constitués d’une juxtaposition de technologies de production de subjectivité multiples (et souvent conflictuelles) issues de divers régimes historiques. Nous ne sommes plus des sujets analogiques de la discipline, mais nous ne sommes pas encore des êtres numériques entièrement modulaires du contrôle. Nous sommes en transition. »

Paul B. Preciado

« J’ai beaucoup travaillé sur la déviance sexuelle, mais il était question ici d’incarcération de déviances sexuelles, aussi associer Paul B. Preciado est vite devenu une évidence », explique Shu Lea Cheang. Et l’idée de traiter de dix cas d’emprisonnement pour crimes sexuels s’est imposé assez vite aux deux auteurs. « Rapidement nous nous sommes mis d’accord sur trois cas historiques, Casanova, le Marquis de Sade et Michel Foucault, et sur le fait que les autres devaient être contemporains mais que nous devions définir des typologies de crimes. C’est pourquoi nous avons ajouté le mot X, aucun des cas contemporains ne correspond en réalité à une seule personne. »

Dix films pour dix typologies de crimes sexuels

Une salle de l’exposition propose dix écrans projetant les dix films réalisés en 4K et qui réinterprètent de manière queer et fluide les dix typologies définies (avec notamment des inversions de genre, une femme joue Sade, etc.). Preciado décrit les raisons de l’emprisonnement de Casanova à Venise : « Casanova, qui multipliait les partenaires sexuels essayait pour autant d’éviter la syphilis et les grossesses, et de ce fait a été le principal promoteur de l’utilisation du préservatif à la fin du XVIIIe siècle (aux côtés de Jeremy Bentham – le père de la prison panoptique, ndlr) – un point de vue très opposé à celui de l’église et de l’état. Cheang, allant à l’encontre de la représentation occidentale de la masculinité asiatique castrée, crée un Casanova X asiatique hypersexuel, au genre fluide, incarné par l’artiste taïwanais Enrico Wey. Elle dépeint non pas l’icône occidentale de l’hétérosexualité masculine, mais une image du premier éducateur sexuel : un pionnier du safe sex, qui a dépassé les différences stéréotypées entre les sexualités straight et queer. »

Les 10 films 4K sont installés au sol pour une vision en surplomb © Shu Lea Cheang

Le film OO X raconte l’histoire d’un jeune homme séropositif emprisonné dans une prison taïwanaise depuis dix ans pour avoir propagé le virus du sida lors de relations sexuelles de type chemsex (sous l’effet de drogues) avec des hommes homosexuels rencontrés via des réseaux sociaux. Preciado : « Cheang crée un conte fictif dans lequel OO X, accompagné de ses onze partenaires sexuels convoqués à l’audience en tant que témoins, tous vêtus du costume rose traditionnel du prisonnier taïwanais pendant les années de la loi martiale, dansent sous une pluie de pilules. »

Photogramme du film « OO X » © Shu Lea Cheang

Le film sur Michel Foucault (interprété par Félix Maritaud, révélé dans 120 battements par minute et Sauvage) raconte comment, jeune chercheur, il avait été séduit en 1959 par un agent polonais dans le but de révéler sa sexualité et de mettre en difficulté l’ambassade de France par son emprisonnement. Le film sur le Marquis de Sade déconstruit lui les représentations cinématographiques et littéraires habituelles du divin marquis. « Le véritable Sade historique pesait plus de 180 kilogrammes et sa pratique sexuelle la plus consistante n’était pas hétérosexuelle mais l’auto-pénétration anale. » C’est la performeuse Liz Rosenfeld qui incarne le Sade X de Cheang. Preciado : « Le film rend hommage à la résistance via l’écriture et l’expression de la sexualité en prison, il décrit le sauvetage du manuscrit Les 120 Journées de Sodome grâce à l’idée de Sade de cacher le manuscrit de douze mètres de long dans un gode creux qu’il utilisait pour la pénétration anale dans sa cellule à la Bastille en 1785. » Après la prise de la Bastille, Sade avait cru le manuscrit perdu, il fut finalement retrouvé et publié en 1904.

Dans un autre film, Sade X rencontre MW X, un homme condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir tué un homme rencontré dans un café cannibale sur Internet. il avait signé un contrat acceptant de manger l’homme après un rituel sexuel de dépeçage. Preciado : « Soulignant le rôle clé que les technologies Internet jouent dans cette forme de relation sexuelle, Cheang a transformé le partenaire sexuel de MW X en un ordinateur et l’acte de tuer et de manger en un processus de désassemblage et de cyberdigestion. »

Les cinq autres crimes sexuels dépeignent un homme transsexuel accusé d’avoir eu des relations avec une femme sans lui révéler son statut de genre (film D X) ; une femme condamnée à 4 ans de prison pour avoir simulé une fellation sur Internet (film L X) ; une femme condamnée à perpétuité en 2013 pour avoir émasculé son mari et jeté son pénis à la poubelle (B X) ; un universitaire musulman arrêté pour agression sexuelle et viol en 2018 et maintenu 8 mois en détention préventive sans procès (inspiré de l’islamologue Tariq Ramadan, R X) ; et trois femmes enfermées dans la prison de haute sécurité de Harare pour avoir violé et collecté les spermes d’hommes pour les revendre (FSB X).

Photogramme de « Foucault X » © Shu Lea Cheang
Photogramme du film « L X » © Shu Lea Cheang

Angles morts dans le panoptique

La question de la masturbation en prison revient dans beaucoup des films proposés. Cheang : « Avec ces films ce dont nous voulions parler était ce que l’on appelle le plaisir. Quand on regarde les 10 vidéos, on se rend compte qu’il y a une sorte de fil, comme s’il y avait toujours un certain plaisir, dans toutes ces situations en prison. J’en avais parlé avec Paul : comment, dans un système de surveillance, dans une prison, trouve-t-on une issue de secours ? Lorsque Bentham a conçu le panoptique, j’ai remarqué qu’il avait conçu une petite faille, un angle mort invisible pour les gardiens. A quoi cela pouvait-il servir ? Pour moi cela devait être essentiellement pour la masturbation. J’y vois une approche humaniste et dans ma première proposition, je voulais avoir un espace à angle mort. Non pas que je voulais vraiment promouvoir la masturbation en particulier, mais plutôt comme un espace d’évasion. Mais après discussion, nous nous sommes décidés à concevoir une salle de contrôle. » Paul B. Preciado avait en particulier travaillé sur la salle de contrôle des caméras de la Playboy Mansion dans son livre Pornotopia, une source d’inspiration pour 3x3x6, mais Shu Lea Cheang n’a pas cherché à recréer une salle de contrôle pré-numérique, choisissant la forme d’un énorme cube pour habiter le complexe serveur gérant l’ensemble de l’exposition, correspondant plus véritablement à l’image du contrôle numérique contemporain. Elle décidait cependant de donner une inclinaison de 30° à ce cube, pour hacker son effet d’autorité et « donner l’impression de son effondrement possible, un peu comme s’il s’enfonçait progressivement dans la lagune de Venise ».

Le cube serveur de l’installation panoptique © Shu Lea Cheang

L’âge de la sousveillance

Dans la salle principale, les 10 personnages des films sont introduits au public sur 10 écrans verticaux selon une première séquence à laquelle vient s’ajouter une interface de reconnaissance faciale. Les projecteurs sont d’abord immobiles lorsque les 10 caractères sont présentés. Puis d’autres séquences s’engagent et la tour panoptique inversée des projecteurs se met à tourner, faisant sortir les images jusque là contenues dans les écrans.

Pour la séquence suivante, Cheang a connecté la tour de projection à un système de surveillance par caméra 3D qui scanne le corps du visiteur dans les escaliers menant à la salle et enregistre son image (mais floute les visages). Shu Lea Cheang s’était interrogée : « Si nous voulons montrer que nous vivons à l’ère de la surveillance, devons-nous seulement reproduire les mêmes actes ? De quelle manière pouvons-nous montrer qu’une nouvelle résistance est possible ? » Pour ce faire, elle a voulu jouer avec les logiciels de reconnaissance faciale et de mouvement et soumettre les captations à une interface de morphing de manière à les mélanger et métamorphoser avec des centaines d’autres pour le projeter ultérieurement sous la forme d’un hybride sur la même surface que les incarnations des prisonniers sexuels. « La manière de montrer une résistance possible au contrôle numérique est de hacker ses logiciels de reconnaissance pour les reprogrammer dans de nouvelles actions » explique Shu Lea Cheang. Pour Preciado, «  L’exposition utilise consciemment le morphing de genre et de race comme stratégie numérique queer pour briser la tradition des techniques d’identification coloniales et anthropométriques qui vont des photographies criminologiques d’Alphonse Bertillon du XIXe siècle à la reconnaissance faciale contemporaine de l’IA. » Et d’ajouter, « le système de surveillance est piraté par une guérilla anticoloniale, transféministe et décentralisée : les visages et les corps de ceux criminalisés par des régimes sexopolitiques sont mélangés et associés à l’image du visiteur afin de créer un univers visuel unique, où l’on est à la fois représenté mais aussi transformé collectivement. En connectant l’exposition à un réseau interne de caméras de surveillance 3D, mais également au flux ouvert de données en ligne extérieures, Cheang transforme le panoptique en une tour de sousveillance. »

Après la séquence des caméras locales, le dispositif s’ouvre en effet aux contributions à distance. « Nous avions conçu cette application de reconnaissance de mouvements et avons décidé de la mettre sur Android et IOS deux jours avant l’ouverture et d’inviter les gens à nous envoyer une image de danse filmée au smartphone, en hommage à Maedeh Hojabri ». La jeune fille iranienne de 18 ans avait été arrêtée en Iran en juillet 2018 et accusée d’avoir posté des vidéos d’elle-même en train de danser sur son compte Instagram. Hojabri s’est filmée dans sa chambre alors qu’elle dansait sur de la musique pop et rap sans porter de hijab. Pour la cyber-police de Téhéran, ce qui était puni par la loi n’était pas le fait de danser lui-même, mais plutôt de mettre en ligne ces « vidéos indécentes ». Quelques jours après l’arrestation de Hojabri, des dizaines de femmes iraniennes et non iraniennes ont envahi Internet avec des vidéos d’elle-même dansant en solidarité, avec le hashtag #dancingisnotacrime. De ce fait, l’application 3x3x6 permet aux gens de télécharger une vidéo d’une minute qui est ensuite retraitée sur 3 minutes. Cheang : « La première minute est donc votre vidéo de danse, et nous commençons à tracer votre mouvement grâce à l’application, et à partir de là, nous ne gardons que des lignes, et à partir de ces lignes, nous les transformons en avatar. » Paul B. Preciado fait remarquer qu’une « femme a déclaré qu’« elle préférerait aller en prison que d’être «emprisonnée» dans sa chambre à coucher », reconnaissant la continuité entre le régime pénitentiaire, les normes de genre qui englobent les femmes dans la sphère domestique et Internet. » Il n’y a pas meilleur exemple à l’argument de la prison numérique sans murs mise en avant par Cheang pour mieux souligner la nécessité de défendre nos libertés sexuelles et nos libertés numériques face au cyber-contrôle de la mal nommée « smart city ».

Nous laisserons le mot de la fin à Paul B. Preciado :

« Si le terme français « sur-veillance » fait référence à la vue « d’en haut » de l’œil physique ou technique dans le système panoptique, le terme « sous-veillance » évoque le passage de l’architecture verticale et radiale de la prison à l’horizontalité et à la vulnérabilité de l’appareil numérique personnel. Bien que la miniaturisation et la numérisation des technologies de surveillance créent un régime d’observation dispersé, décentralisé et illimité, qui densifie le réseau de contrôle, il ouvre également la porte à la possibilité d’un mouvement de surveillance inversé, dans lequel les utilisateurs deviennent des agents surveillant l’œil du régime. Dans le complexe contemporain de panoptiques interdépendants et de milliards de smartphones personnels, il existe un pouvoir politique non seulement dans la position du dispositif de surveillance, mais également dans la capacité collective des utilisateurs à déclencher un mouvement stratégique de dissidence, de résistance, voire de rébellion. Pour cela, il faut d’abord pouvoir dévoiler les technologies que nous utilisons comme des appareils de contrôle et de résistance (au lieu de simples moyens de communication ou de divertissement), et deuxièmement, comprendre leur fonctionnement et ensuite oser intervenir dans leur système d’exploitation.

« En offrant aux visiteurs la possibilité d’utiliser des smartphones et des applications personnels différemment, en téléchargeant constamment des données des visiteurs et en les intégrant dans le flux d’images de l’exposition, Cheang étend 3x3x6 en dehors de son emplacement physique, brouillant les limites entre le musée et l’Internet, mais aussi entre artiste et visiteur, entre producteur et destinataire. Elle s’interroge également sur la liberté individuelle et l’intimité, l’agentivité collective et la participation. 3x3x6 nous montre que les ordinateurs et les smartphones sont des prisons miniatures portables et que les musées qui confinent, constituent et exposent nos identités sexuelles ne font que nous donner une impression d’indépendance et de vie privée. Dans le même temps, l’exposition nous invite à utiliser les deux sites pour des actions et des résistances possibles en temps de sur(sous)veillance cybernétique. »

Shu Lea Cheang, Paul B. Preciado et la directrice du Musée des Beaux Arts de Taipei le soir du vernissage du Pavillon Taïwan © Ewen Chardronnet

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