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Fastes et manifeste au Fab City Summit

Le 11 juillet à l'Hôtel de Ville de Paris, à l'ouverture du Fab City Summit. © Pauline Comte

C’est parti. Le premier jour du Fab City Summit, ce 11 juillet, s’est déroulé sous les ors républicains à la mairie de Paris. Un Fab City Lab plus politique et programmatique que maker.

Pour son inauguration, le Fab City Summit s’est offert une vitrine de choix. Et la fabcity un très symbolique manifeste. Lancé le 11 juillet à l’Hôtel de Ville de Paris par sa maire Anne Hidalgo et Carlos Moedas, commissaire européen à la recherche, à la science et à l’innovation, le rendez-vous annuel du réseau mondial des fabcities, ces villes qui s’engagent à relocaliser 50% de leur production d’ici 2054 via la fabrication numérique et les circuits courts, s’est placé d’entrée sous égide européenne, politique et institutionnelle.

On se bouscule à l’accueil du Fab City Summit à Paris le 11 juillet. © Pauline Comte

Devant un parterre de 700 invités pour cette journée appelée Fab City Lab, plusieurs élus européens, dont la maire de Barcelone Ada Colau, se sont fait épauler par des acteurs publics et privés afin de défendre les bienfaits de leurs projets pour « fabriquer la ville autrement ». Et convaincre ceux qui ne le seraient pas encore.

Car si l’objectif de ce sommet annuel est bien de fédérer les membres du réseau autour de stratégies communes, il s’agit surtout d’évangéliser les autres villes pour les convaincre de se joindre au mouvement. En clair, militer pour la fabcity et son modèle solidaire et durable pourrait donner du poids aux élus concernés pour discuter de questions sensibles comme celles des migrants ou de la transition écologique à l’échelle de l’Union.

« Il faut prendre un autre chemin avec de la croissance, de l’emploi, et où l’économie fonctionne, mais dans lequel il y a de l’éthique et où la question humaine occupe la place centrale », affirme la maire de Paris en introduction du sommet, rappelant avec fierté son titre de capitale européenne de l’innovation 2017. Elle met en garde contre « les vents contraires qui poussent au protectionnisme, à l’isolationnisme et au populisme ». Et la fabcity dans tout ça ? « On croit à l’innovation pour rendre ce monde meilleur et ce n’est pas qu’une croyance béate. »

Carlos Moedas l’a dit: «Je suis fan d’Anne Hidalgo.» © Pauline Comte

«Ma mère ne sait pas ce que c’est l’économie circulaire»

Point de vue partagé par le commissaire européen Carlos Moedas pour qui il est plus que temps « d’investir dans la participation des citoyens qui ne veulent plus qu’on leur dise quoi faire ». Il ajoute : « Quand on regarde le pouvoir des données, on peut tout changer dans une ville grâce à ses citoyens. Ce sont eux qui font le lien entre le monde physique et numérique. » Premier point de difficulté soulevé : la pédagogie autour de la fabcity et de ses concepts parfois très abstraits. « Ma mère ne sait pas ce que c’est l’économie circulaire », s’amuse le commissaire.

Dévoilé lors de cette première journée du sommet, l’ouvrage Fab City: The Mass Distribution of (almost) Everything sous la direction de Tomás Diez, initiateur du concept même de la fabcity, aurait pu lui apporter quelques éléments d’éclaircissements s’il n’était pas qu’un outil destiné à l’entre-soi communautaire, expurgé de toute tentative de vulgarisation.

Tomás Diez présente le livre «Fab City: The Mass Distribution of (almost) Everything». © Pauline Comte

Pas simple en effet d’illustrer ce qu’est une ville « agile et résiliente ». Lors de la matinée consacrée aux séances plénières (la fabrique des communs urbains, les matériaux de la fabcity, les espaces de la ville productive), quelques projets sont venus décrypter les rouages de la fabcity et ses nouveaux modes de coopération entre acteurs de la société civile, pouvoirs publics et habitants, à l’instar du centre d’hébergement pour migrants Paris-Ivry et des tiny house solidaires de In My BackYard.

Romain Minod (Quatorze) présente le projet d’hébergement citoyen In My BackYard. © Pauline Comte

Plus meet-up que lab, l’après-midi a également vu se succéder une suite de projets soutenus par des institutions et collectivités territoriales. Pas de quoi nourrir les quelques makers et fabmanagers présents dans l’assistance même si cette première journée du sommet (sur invitation) aura surtout servi de mise en bouche pour la Fab Conference des 12 et 13 juillet.

Pour Allan Rodrigues, fondateur de Uberslashes.io et ancien dirigeant de Maker’s Asylum, le grand makerspace de Mumbai en Inde, participer au Fab City Summit lui permet de faire un tour d’Europe des bonnes idées, à petite comme à grande échelle, et de faire un première récolte lors de ce préambule à la mairie de Paris : « La France est en train de devenir un hub de l’innovation. Mais on peut apprendre de part et d’autre… »

Allan Rodrigues, fondateur de Uberslashes.io. © Pauline Comte

Avec ses quatre fabcities (Paris, Brest, Occitanie, Toulouse), la France pourrait en effet prendre des allures d’étendard de l’initiative internationale comprenant 17 villes et fabrégions. Lancée à Barcelone en 2014, elle s’inspire de la philosophie des fablabs et du fonctionnement de la Fab Foundation. A ce titre, la capitale catalane est toujours moteur, même si le réseau s’affranchit peu à peu de la Fab Foundation avec le lancement de la Fab City Foundation, qui sera dévoilée le 12 juillet pendant la Fab City Conference. Dix nouvelles villes, retenues parmi une quarantaine de candidatures, devraient alors rejoindre le réseau.

Le site du Fab City Summit

Lire le Manifeste de la Fab City