Makery

Bidouilles sonores à la Kermesse sonique

Instruments DiY et impros sur scène pour la première Kermesse sonique en mai 2018. © BrutPop

Les 11 et 12 mai, le collectif BrutPop organisait sa première Kermesse sonique à la Station – Gare des Mines. L’occasion de faire connaître les activités de son Sonic Lab, inauguré en octobre 2017.

Du son, du bruit et des parapluies. Même si le temps n’était pas au rendez-vous, une centaine de visiteurs aura bravé les intempéries pour participer à la Kermesse sonique concoctée par les membres de BrutPop dans l’enceinte de la Station – Gare des Mines, le lieu alternatif investi par le collectif Mu dans une ancienne gare désaffectée près de la porte d’Aubervilliers. Pendant ces deux journées consacrées à la bidouille sonore, familiers de la Station, mais aussi jeunes et habitants du quartier se sont laissés tenter par les siestes électroniques, les parties de ping-pong sonorisé et autres impros sur instruments DiY.

Sur scène, des enfants s’essaient aux improvisations sur guitares DiY. © BrutPop

« Une fois passé le cap de l’appréhension des machines et de l’électronique, les gens se prennent au jeu quand ils comprennent tout ce qu’on peut faire avec une pile, une bobine et une pince croco », dit l’artiste maker Sacha Sakharov armé de sa Sardine Box, un synthé programmable dans une boîte de conserve avec laquelle il anime ce samedi un atelier Petits Débrouillards. « Par exemple, on transforme un haut-parleur en micro, et ça, les enfants, ils adorent ! », ajoute-t-il, amusé.

Sacha Sakharov anime un atelier dans la cour de la Station. © BrutPop
Un haut-parleur détourné en mégaphone. © BrutPop

Après l’itinérance, le lab

L’esprit de la débrouille, c’est un peu la marque de fabrique de BrutPop, un collectif fondé par David Lemoine, chanteur du groupe Cheveu et Antoine Capet, musicothérapeute et éducateur spécialisé. Depuis 2014, il croisent pratiques artistiques et cultures du détournement pour développer des projets d’ergothérapie musicale adaptés au grand public, mais aussi aux personnes en situation de handicap.

« Depuis quelques années, on officie à la frontière de la musique, du médico-social, de la bidouille open source et de la culture », explique Antoine Capet. Travaillant en réseau avec les fablabs LFO à Marseille, 3615 Señor à Besançon, Lutherie Urbaine à Bagnolet et le 8 Fablab de Crest, ils ont mis au point des boîtiers sonores BrutBox ainsi qu’un instrumentarium DiY utilisés notamment par des autistes.

Les instruments DiY imaginés par BrutPop. © BrutPop

Après avoir sillonné la France avec leurs ateliers, l’idée d’ouvrir un lieu dédié s’est concrétisée lorsque le collectif Mu s’est installé à la Station – Gare des Mines. « Nous avions déjà collaboré avec Mu pendant le festival Bande Originale en 2014, poursuit Antoine Capet. Lorsqu’ils se sont installés à la Station, nous nous sommes dit que c’était l’occasion d’ouvrir un petit hackerspace autour de nos thématiques et de voir comment la bidouille sonore pouvait être un élément de lien social. »

Un atelier BrutBox pendant la Kermesse sonique. © BrutPop

Inauguré en octobre 2017, le micro lab niché au premier étage de la Station permet d’accueillir dix postes de travail en soudure pour confectionner des instruments simples pensés pour des débutants en bidouille sonore, du type petits synthés, pédales d’effets, capteurs, thérémines et guitares DiY. « Le Sonic Lab est une sorte de base arrière de ce que nous faisons avec BrutPop, dit David Lemoine. C’était l’idée de la Kermesse, faire une sorte de restitution festive des ateliers qui ont été organisés par le Sonic Lab depuis son ouverture. »

David Lemoine (à g.) et Antoine Capet à l’inauguration du Sonic Lab en octobre 2017. © Carine Claude

A terme, les membres de BrutPop souhaitent développer des collaborations avec des musiciens en résidence à la Station, mais aussi organiser des ateliers en réseau avec d’autres collectifs de musiciens hackers, de luthiers électroniques, ou de « sonic makers » comme ceux de Trublion. « Avec Mu, nos problématiques sont communes, à savoir comment valoriser un territoire en transition, animer un quartier. En ce sens, le Sonic Lab est un objet hybride, une sorte de centre social déguisé en lab avant d’être un pôle de technophile pour geeks de la musique », affirme Antoine Capet.

Prochaine étape : accueillir une péniche d’Urban Spree venant de Berlin dans le cadre du Fab City Summit en juillet prochain. Cette sorte « d’usine à son flottante » ferait escale sur les canaux, comme par exemple au 6b à Saint-Denis, pendant que le sommet déroulera ses conférences. « L’idéal serait d’imaginer une sorte de tiers-lieu sur l’eau, un peu informel, ajoute Antoine Capet. Dans le cadre de Fab City, notre idée est surtout de proposer une tribune pour réfléchir à ce que les artistes peuvent apporter à la ville de demain. »

Le site du Sonic Lab