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Chronique de makers-farmers en formation (4)

Ceci n'est pas une prière à l'énergie nouvelle mais la pose des tomettes à La Grande Raisandière. © Alexis Rowell

L’objectif à terme d’Alexis et Blanche est de produire l’énergie de leur ferme en permaculture à partir de la biomasse, du soleil et de la géothermie. En attendant, voici leur stratégie énergétique.

Notre objectif est d’utiliser à terme le bois de nos six hectares comme principale source d’énergie. Pour le moment, le bois de chauffage nous est fourni par un agriculteur qui tond notre champ pour donner le foin à ses vaches. Cela semble un bon échange, même si ce n’est pas génial en termes d’intrants (le tracteur diesel) ou d’extrants (le foin pour nourrir les vaches plutôt que les plantes cultivées pour les humains ; l’acidification croissante du champ car l’enlèvement du foin supprime la fertilité).

Chauffer au bois

Cette solution temporaire nous donne du bois local pour le chauffage et signifie que nous n’avons pas à assumer la responsabilité de nos six hectares tout de suite. Le but est de planter progressivement au cours des cinq prochaines années des arbres sur notre terrain. Laurent l’agriculteur devrait donc recevoir de moins en moins de foin et nous serons obligés d’obtenir de plus en plus de bois de notre propre terre.

L’insert avant… © Alexis Rowell
… Et une fois réparé, la vieille cheminée revisitée. © Alexis Rowell

Juste avant d’acheter la maison, nous avons découvert que le poêle à bois dans la cheminée était fissuré. En fait, c’était un piège mortel : il pompait du gaz dans les chambres ! L’une de nos premières tâches a donc consisté à le remplacer par un nouveau brûleur à bois beaucoup plus efficace. Nous en avons profité pour enlever la cheminée criarde des années 1980 !

Notre insert est relié à un système de distribution de chaleur qui pompe l’air chaud tout autour des deux tiers de la maison. Le côté de la maison près de l’étang n’en profitant pas, nous allons mieux isoler cette partie-là. Nous allons également installer des radiateurs électriques sur tout le rez-de-chaussée car chauffer la maison avec le poêle à bois prend du temps.

Le rôle clé des radiateurs électriques sera de chauffer la maison avant notre arrivée. Ils peuvent être contrôlés via nos téléphones ou ordinateurs. Ensuite, quand nous arrivons, le poêle à bois peut prendre le relais.

Pour les radiateurs, l’électricité viendra pour le moment du réseau électrique (via le fournisseur d’énergie renouvelable Enercoop) mais le plan à moyen terme consiste à installer des panneaux solaires photovoltaïques, une batterie et une borne de recharge de voiture électrique réversible, qui permettra à notre future voiture électrique d’agir comme une deuxième batterie en se chargeant lorsque l’alimentation en énergie est gratuite (solaire) et en se déchargeant à la maison sur une base de besoin, par exemple le soir ou tôt le matin.

L’unité heatSava expulse les odeurs et chauffe l’air de l’extérieur via un échangeur de chaleur. © DR

Récupérer la chaleur

Nous avons également pensé à un plan de récupération de la chaleur. Nous avons acheté des unités de récupération de chaleur pour la cuisine et les salles de bains. Ces engins ingénieux fonctionnent comme des ventilateurs : ils expulsent les odeurs, les gaz, l’air épuisé, etc. et font entrer de l’air frais. Mais la grande différence, c’est qu’ils chauffent l’air entrant en utilisant la chaleur de l’air sortant via un échangeur de chaleur.

Notre eau chaude est actuellement chauffée électriquement. A moyen terme, des panneaux solaires thermiques qu’on installera sur le toit préchaufferont l’eau. Peut-être que nous les fabriquerons à partir de vieux radiateurs peints en noir comme dans le tuto ci-dessous !

Comment faire un panneau solaire thermique à partir d’un vieux radiateur:

Le solaire thermique ne nous fournira pas toujours de l’eau chaude brûlante, mais il devrait réduire massivement nos besoins en électricité pour chauffer l’eau.

Isoler du sol au plafond

La pose des tomettes anciennes en argile au sol. © Alexis Rowell

Nous avons remplacé les carreaux du rez-de-chaussée par de vieilles tomettes en argile du XIXème siècle que nous avons trouvées sur Le Bon Coin. Nous aurions bien aimé mettre de l’isolation sous les tomettes, mais cela aurait signifié creuser les fondations… ce que notre budget ne nous permettait pas. La meilleure solution aurait été l’isolation plus le chauffage du sol alimenté par une pompe à chaleur de source d’eau dans l’étang.

Les boucles d’une pompe à chaleur de source d’eau. © CC Domaine public 1.0

Une pompe à chaleur à source d’eau utilise un échangeur de chaleur pour profiter de la différence entre la température au fond de l’étang et la température sous la maison. L’endroit idéal pour mettre les bobines, qui doivent être à 3m sous l’eau, aurait été dans le canal que nous avons creusé lorsque nous avons nettoyé l’étang. Nous y reviendrons quand nous rénoverons la dépendance…

Même les chiens apprécient la nouvelle cheminée. © Alexis Rowell

Pour l’instant, et au moins pour les prochaines années, nous ne prévoyons pas de passer tout un hiver à La Grande Raisandière. Sinon, nous aurions besoin d’une nouvelle stratégie impliquant beaucoup plus d’isolation et de nouvelles fenêtres.

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Plus d’infos sur le site de La Grande Raisandière