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L’enceinte Owa la joue son et lumière au CES de Las Vegas

Le prototype de l'enceinte Owa du projet Dot présenté au CES Las Vegas 2018. © Bold Design

Parmi la myriade de protos exposés au CES de Las Vegas du 9 au 12 janvier, on a repéré Owa, une enceinte Bluetooth lumineuse imprimée en filament 3D recyclé née du projet collaboratif français Dot.

Le made in France hi-tech a toujours la cote aux Etats-Unis. Pour la troisième année consécutive, la France s’impose comme deuxième délégation mondiale derrière les Etats-Unis au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, la grand-messe mondiale de l’innovation qui ouvre ses portes mardi 9 janvier.

Avec ses 365 entreprises (dont 320 start-ups), la France entend bien faire figure de start-up nation. Dans ses valises, la French Tech embarque le projet collectif Dot et son premier né, Owa, une enceinte Bluetooth lumineuse imprimée en filament 3D recyclé. Ce prototype design et écolo est né de la collaboration entre l’industriel nantais Armor, les fabricants d’imprimantes 3D open source Dood, le Techshop d’Ivry, le studio Bold Design et les ingénieurs de Sector, spécialistes de l’acoustique.

L’enceinte Owa, premier proto du projet Dot. © Bold Design

« Le projet collectif Dot est né du hasard de la rencontre d’acteurs venant de cultures d’entreprises très différentes », explique Pierre-Antoine Pluvinage, responsable de l’activité 3D du groupe Armor, un industriel spécialiste des cartouches d’encre remanufacturées qui a développé en 2015 une filière écoresponsable de filaments 3D recyclés et recyclables.

Lancée au Techshop de Station F le 20 décembre dernier, l’enceinte Owa, premier proto de ce collectif informel, s’était déjà fait remarquer quelques mois plus tôt lors de l’exposition Nouvelles Vies au VIA et durant la Paris Design Week en septembre 2017 avec son élégante cloche lumineuse en dentelle de polystyrène recyclé que l’on tourne pour monter ou baisser le son.

Pierre-Antoine Pluvinage au Techshop de Station F lors du lancement de l’enceinte Owa. © Carine Claude

« Parler de matériaux ou expliquer la fabrication additive, c’est un peu abstrait, ajoute Pierre-Antoine Pluvinage, qui se définit comme un intrapreneur au sein de son groupe industriel. Pour montrer notre savoir-faire, j’avais imaginé l’Armor Box, une sorte de kit pour makers composé d’un objet à faire soi-même, avec des filaments et des composants électroniques. J’ai contacté Mathilde Berchon de Techshop qui m’a présenté aux autres partenaires. Rapidement, nous nous sommes associés en collectif sous le nom de code “Projet Dot” et nous avons imaginé un premier proto d’enceinte Bluetooth personnalisable et écolo, la future enceinte Owa. Nous avons alors pensé qu’il ne fallait pas la proposer uniquement en kit à monter soi-même mais en faire un produit fini pour ceux qui aiment le design, la musique et ainsi toucher une cible plus large que celle des makers. »

Développer un circuit de recyclage

Selon lui, la structuration d’une filière de recyclage autour de l’impression 3D est devenue indispensable. « Le principal intérêt de l’impression 3D est de faciliter le prototypage. Or, qui dit prototypage dit bobines vides, chutes de fils et objets qui ne vont pas être utilisés, donc des déchets. » Il se donne trois ans pour développer un circuit complet de collecte, de tri et de traitement à échelle industrielle. « Les initiatives des makers comme Precious Plastic sont excellentes, car elle vont chercher d’autres types de déchets et servir d’autres types de besoins, les deux démarches sont très complémentaires… »

Recherches de formes et de motifs pour le proto de l’enceinte Owa. © Bold Design

En attendant, l’intrapreneur se concentre sur le projet Dot et l’enceinte Owa. Prévue pour un lancement le 30 janvier, une campagne de financement participatif sur Kickstarter devrait tabler autour des 400.000€. Un montant assez élevé, mais indispensable pour garantir la production et la livraison des enceintes, selon Pierre-Antoine Pluvinage : « On pourrait faire rêver en demandant moins sans être sûrs de tenir nos promesses. L’engagement envers la communauté est primordial. C’est elle qui donnera son feu vert au projet. » Objectif de la campagne ? Toucher entre 2.000 et 3.000 contributeurs. « Nous ne sommes pas dans une logique industrielle classique, où j’aurais levé un million d’euros chez Armor pour financer un projet qui nous plaise, mais qui ne rencontre pas l’adhésion des usagers. Si la communauté le veut, elle le portera. Si l’aventure s’arrête là, ça aura été une super expérience pour nous tous ! »

Suivre l’évolution du projet Dot