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La fabcity profitera-t-elle de Paris, capitale européenne de l’innovation?

Anne Hidalgo reçoit le prix d'iCapitale le 7 novembre au Web Summit. © CC-by-2.0 Stephen McCarthy-Web Summit via Sportsfile

Paris est capitale européenne de l’innovation 2017. La nouvelle, tombée le 7 novembre lors du Web Summit de Lisbonne, suscite déjà des convoitises.

Le prix iCapitale 2017 (capitale européenne de l’innovation), décerné par l’Europe dans le cadre de son programme de recherche et d’innovation Horizon 2020, est doté du joli montant d’1 million d’euros. Paris l’a emporté parmi une dizaine de finalistes, au côté de Tallinn (Estonie) et Tel-Aviv (Israël), qui recevront chacune 100.000€.

La vidéo de la candidature de Paris au titre d’iCapitale:

Paris a joué sur l’argument « Fabricating the future », mettant en avant son écosystème de 30 fablabs, 60 incubateurs et 80 espaces de coworking et sa capacité à « se projeter vers le futur pour répondre aux grands défis de ce siècle tels que la transition écologique », ainsi que l’explique la mairie de Paris, pour qui le jury a apprécié la « dynamique Fab City » de la capitale. Alors, qui va profiter du prix ?

Concrètement, il est « bien trop tôt », dit-on du côté de la mairie, pour flécher et distribuer le pactole. Certes, le dossier de candidature de Paris valorisait la politique d’innovation de la Fab City, ce réseau international de dix-huit cités initié par Tomás Diez, qui préconise la résilience urbaine via la relocalisation de la production grâce à un tissu d’artisans, de makers, d’agriculteurs urbains et d’acteurs de l’économie circulaire. Certes, le dossier de candidature énonçait, parmi les trois projets d’utilisation du prix, l’organisation d’« une initiative spéciale européenne pendant la conférence Fab City ». Spécifiant qu’un appel à projet européen serait lancé pour construire un campus présentant les meilleures solutions innovantes, soutenables et inclusives en Europe.

Mais pour l’instant, Anne Hidalgo s’est uniquement prononcée sur la création d’une « école du code libre» :

Avec, précise le service de presse de la mairie, une ouverture dès 2018 pour ce lieu « entièrement dédié à l’apprentissage par les jeunes du codage informatique ».

Du côté des organisateurs du premier Fab City Summit parisien, prévu les 12 et 13 juillet à la Villette dans le cadre de FAB14, la conférence internationale des fablabs, on espère que ce prix « soutienne en partie l’organisation de l’événement », dit Francesco Cingolani, son porte-parole. D’autant que l’association Fab City Grand Paris, organisatrice du sommet et qui regroupe des « créateurs, designers, architectes, agriculteurs urbains, innovateurs, fablabs, think tanks et bureau d’études engagés dans la montée en puissance de l’économie circulaire et collaborative de l’agglomération parisienne », travaille depuis quelques mois déjà en partenariat avec la mairie. « On les a nourris en contenus », ajoute Francesco Cingolani. Pas de quoi crier à la récup’ pour autant : Paris s’empare des arguments issus de la société civile pour défendre cette fabcity à venir. Anne Hidalgo avait d’ailleurs dès 2016 soutenu l’initiative.

Pour Francesco Cingolani, alors que depuis quelques mois, l’association hésitait sur l’ampleur de l’événement, faute d’engagement financier ferme des partenaires institutionnels ou privés, « cette nouvelle nous pousse à bâtir le gros événement tel qu’on l’avait imaginé l’année dernière. »

Deux jours après l’annonce, les partenaires se sont vus pour discuter des modalités du soutien de la mairie à l’événement. D’un accompagnement en communication et logistique, la ville devrait logiquement passer à une coproduction. Si la mairie a désormais les moyens de faire « pression », reconnaît-on du côté de l’association, Fab City Grand Paris est une initiative de la base, née fin 2016, et qui entend rester maître de la teneur de ce Fab City Summit – une conférence de deux jours avec des ateliers « de très haut niveau », un Fab City Campus présentant les expériences locales et internationales et les prototypes du réseau des Fab Cities, à base d’expositions, de visites dans les fablabs et d’ateliers « pour les citoyens ».

Le rythme des réunions avec la mairie devrait logiquement s’accélérer et les négociations sur l’ampleur du soutien ne font que commencer… La mairie prépare de son côté une grande réunion le 8 décembre des opérateurs de la fabcity, des grands comptes, des acteurs de la formation, pour construire un appel à projet des métiers de la fabcity, sur le modèle de Paris Code (qui a permis de développer la formation aux métiers du numérique).