Makery

Vingt mille câbles sous les mers

Une machine à vagues prototypée par Agnès de Cayeux avec trois ingénieurs d'Orange. © Nicolas Barrial

En résidence d’artiste chez Orange Labs depuis un an, Agnès de Cayeux présentait le 26 octobre une installation-fiction autour des câbles internet sous-marins et de la matérialité du réseau.

99% des données de l’Internet transitent sous la mer. C’est à partir de cette information très tangible que l’artiste Agnès de Cayeux a abordé « la matérialité du réseau », thème de l’appel à projet lancé par la Art Factory d’Orange il y a un an, auquel elle avait répondu. Le 26 octobre avait lieu la restitution de cette saison pilote de résidence d’artistes chez Orange Gardens, l’écocampus de l’innovation d’Orange à Châtillon (Hauts-de-Seine) inauguré en juin 2016. Au côté des travaux des deux autres artistes en résidence, Olga Kisseleva et Fabien Zocco, Agnès de Cayeux y présentait une installation, Les liaisons sous-marines.

La plage, la mer, les câbliers

Les liaisons sous-marines scinde le vaste hall du siège d’Orange Gardens d’un long comptoir blanc intitulé « la plage ». Sur la plage, différents éléments proposent d’approcher, par touches successives, l’univers des câbles qui véhiculent les données sous les mers.

La plage, surplombée de photos des plages d’atterrissement des câbles. © Nicolas Barrial

Un univers pas si paisible, comme nous le décrit Raynald Leconte, PDG d’Orange Marine, dont la mission consiste à installer et réparer les câbles sous-marins : « Les ancres, les filets dérivants, qui sectionnent ou emportent les câbles, sont les premières causes d’altération. » Mais peu de risques de voir sa connexion coupée, rassure Raynald Leconte, les liaisons sont multipliées. La flotte câblière d’Orange Marine est l’une des plus expérimentées au monde avec plus de 160.000km de câbles installés. Au cours de sa résidence, Agnès de Cayeux a ainsi pu mener une partie de ses recherches à Brest, à bord du Pierre de Fermat, un bateau câblier d’Orange Marine.

Le roman du câble sous-marin

Et son installation est une fiction révélant une matérialité difficile d’accès. Les fameux câbles sont bien présents, mais relayés par de petites webcams sous-marines. Diffusant des images filmées par des robots plongeurs, dits ROV (remotely operated vehicle), lancés depuis le Pierre de Fermat.

Le dispositif «Tentacule», un zapping sous-marin d’après des films existants. © Nicolas Barrial

En surface, attirant tous les regards, une machine à vagues et son mécanisme en Plexiglas font le lien entre environnement et technicité. Le prototype a été réalisé au 3eme Lieu, le fablab d’Orange Gardens, avec le concours de trois scientifiques maison.

La machine à vagues conçue au 3eme Lieu, le fablab d’Orange Gardens. © Nicolas Barrial

Figurant la menace permanente sur notre Internet, un appareil étrange surnommé la pieuvre trône sous cloche. Comme remonté des abysses, ce redresseur à mercure a été extrait du patrimoine industriel de la collection historique d’Orange.

La pieuvre avait fait sa première sortie à Beaubourg au festival Hors Pistes en février 2017. © Nicolas Barrial

Au bout de la plage, un livre raconte l’épopée des câbles assortie d’une biographie romancée de John Watkins Brett, ingénieur anglais, inventeur du câble sous-marin et poète. Cet exemplaire qu’Agnès de Cayeux a voulu unique, se feuillette en gants blancs, comme une archive archéologique, ses illustrations révélées par des lunettes 3D. Comme un Internet enchanté, à la frontière entre matériel et immatériel.

L’âme des câbles, comme le titre l’un des chapitres… © Nicolas Barrial
…est matérialisée par l’artiste Maëlla Mickaëlle qui déambule, silencieuse, autour de l’installation. © Nicolas Barrial
Agnès de Cayeux (à droite) en conférence improvisée sur la plage. © Nicolas Barrial

Le site de l’artiste Agnès de Cayeux

Suivre le prochain appel à projet Orange Labs (sur la thématique intelligence artificielle) sur le compte Twitter du 3eme Lieu