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La vie de fablab à Château-Thierry

A Château-Thierry, berceau de Jean de la Fontaine, le fablab bâtit… un château. © FLCT_MM

Le fablab de cette ville de l’Aisne de 15.000 habitants, avant d’emménager au printemps dans 320m2, jouait portes ouvertes pour la Fête de la science. Visite.

Château-Thierry, envoyé spécial

Ouvert depuis février 2015, le fablab de Château-Thierry était un peu à l’étroit dans ses locaux attenants à la Mission locale de la petite ville de la vallée de la Marne. « On va passer de 55m2 à 320m2, les travaux sont en cours et l’ouverture au sein du nouveau pôle associatif et culturel de la ville est prévue au printemps 2018 », se félicite Marion Majek, co-fabmanager. « Aujourd’hui, dès que plusieurs machines fonctionnent, on ne s’entend plus parler, reconnaît Mikaël Rocton, l’autre responsable du lieu. Elles seront dans une pièce dédiée et on va pouvoir développer notre fonctionnement autour des ateliers, de la découverte de la robotique, du dessin 2D/3D… Les entreprises locales vont aussi pouvoir venir plus souvent faire du prototypage et de la R&D. »

En attendant le déménagement, le fablab ne chôme pas et a profité de la Fête de la science, du 7 au 15 octobre, pour organiser une semaine portes ouvertes. Des ateliers, principalement à destination des enfants et des ados, étaient proposés, avec à la clef notamment l’apprentissage de la personnalisation d’objets et la fabrication de jouets robots. « Il y a une forte demande de jeunes collégiens pour la forme robotique car plusieurs collèges de la ville leur apprennent à coder, explique Mikaël Rocton. Venir au fablab leur offre un intéressant complément. »

Des robots tortues pour initier les enfants à la robotique. © FLCT

Dans ce contexte, l’atelier d’initiation à la robotique a ainsi séduit… petits et grands. « À la base, nous l’avions destiné à des enfants de 11 à 15 ans, mais ce sont surtout des 6-9 ans qui sont venus avec leurs parents, explique Marion Majek. Ils ont fabriqué des petites tortues robots. Ça leur a permis de découvrir la découpe laser, l’impression 3D et un peu de programmation. »

Imprimante à sublimation et téléporteur

L’atelier portant sur la personnalisation d’objets, la broderie et le flocage de t-shirts ont permis à un public souvent très jeune de découvrir les différentes machines du lab : les brodeuses, permettant un travail en amont pour préparer le motif ; l’imprimante à sublimation, permettant de préparer des images sur papiers spéciaux pour le transfert à chaud sur des supports en polyester ; le plotter de découpe, pour le flocage avec utilisation de matière vinyle, d’autocollants et de stickers.

Le téléporteur du fablab, inspiré de «Star Trek». © FLCT

Le dimanche, conçu comme une journée spéciale de présentation des objets créés durant la semaine, s’est rapidement élargi en un tour complet des différentes créations du lab. Machine à bulles pour projection vidéo, drone fait maison, petites constructions médiévales, jeux d’échecs créés avec découpe en bois et imprimante à résine pour les pièces… La créativité est à l’honneur. Un fil imaginatif allant jusqu’à la truculence quand on découvre, campé au milieu de la pièce, un intrigant téléporteur, digne des vieux Star Trek.

« Une de nos adhérentes, employée de l’Inserm, a voulu faire une blague à son chef en concevant un téléporteur, explique Mikaël Rocton. Au départ, c’est un projet individuel mais il est devenu collectif car il a intéressé plein de monde ici. Sa conception a nécessité de la programmation électronique, de la découpe de polystyrène, de la gravure laser. L’esprit du fablab est parfaitement résumé dans ce téléporteur. »

La meilleure façon de marcher

Avec 175 adhérents environ, le fablab de Château-Thierry privilégie le brassage dans la pratique. « Nous n’avons pas de profil type, résume Marion Majek. Ça va de l’étudiant à l’ingénieur informatique, du collégien à la personne âgée. L’idée est de créer du lien entre des personnes qui ne s’adresseraient pas la parole dans la rue, mais qui ici vont avoir envie d’échanger. »

Le premier prototype du panneau à LEDs «Ça bouge à Château». © Laurent Catala

Pour illustrer ce crédo collaboratif, plusieurs opérations sont actuellement en cours, notamment grâce à un partenariat avec la fondation Orange visant à mobiliser des jeunes en difficulté scolaire sur des projets participatifs.

Dans le cadre du challenge Fablabs solidaires et son programme #IMake4MyCity 2017, le projet « Ça bouge à Château » a ainsi permis de réaliser un panneau d’affichage en LEDs, connecté aux pas des habitants de la ville depuis mai 2017. Via un site internet dédié, les personnes qui le souhaitent peuvent renseigner le nombre de pas qu’elles ont effectués dans la journée, via des podomètres fournis par l’association, des montres connectées ou des applications sur smartphones, permettant au programme d’en retranscrire le total à l’échelle de la ville en temps réel. Après un premier prototype intérieur, la réalisation d’un modèle extérieur plus grand est désormais envisagé.

«Ça bouge à Château», challenge #Imake4MyCity (réal. fondation Orange):

Autre projet lauréat de la fondation Orange, celui du fablab solidaire, dont la mouture 2016 a déjà permis à treize jeunes de venir découvrir le fablab et de réaliser un travail d’équipe autour de la construction de petits bateaux en bois. « Cette année, on va relancer l’opération à partir de novembre atour de l’énergie renouvelable, détaille Mikaël Rocton. On va faire venir une quinzaine de jeunes sortis du système scolaire ou sans diplôme pour créer soit une éolienne, soit un panneau solaire, soit une petite station météo. »

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