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Au festival du design de Londres, le chou rouge contre la pollution

Pour le festival du design, le chou se décline sous toutes ses couleurs. © Elsa Ferreira

Des centaines d’événements, des milliers de designers… du 16 au 24 septembre, Londres accueillait pour sa 15ème année le festival du design. Du beau, mais aussi du DiY ludique.

Londres, correspondance (texte et photos)

N’allez pas croire que le design n’est qu’une affaire de pro. A Space10, le lab de recherche d’Ikea basé à Copenhague et installé à Londres en version éphémère pour l’occasion, le festival de design de Londres se met en mode DiY. Ce samedi 23 septembre, c’est le studio Ma-tt-er qui prend les rênes de l’espace éphémère avec un atelier étonnant : rendre visible la pollution grâce à du chou rouge.

Les marmites de chou bouilli révèlent l’acidité de l’eau et indiquent son degré de pollution.

Sur place, les odeurs se mêlent aux couleurs. Dans trois casseroles, le chou bout et donne des mixtures aux teintes différentes selon l’acidité, et donc la pollution, de l’eau : bleue pour de l’eau neutre, rouge pour de l’eau acide et verte pour de l’eau alcaline. Un révélateur de pH naturel facile à utiliser chez soi. « L’eau de Londres par exemple sera colorée en bleu », nous rassure Seetal Solanki, fondatrice du studio Ma-tt-er en charge de l’atelier d’aujourd’hui. Si la designer a aujourd’hui un peu triché en ajoutant du vinaigre à l’eau pour faire varier son acidité, « on peut prendre de l’eau du monde entier, elle ne réagira pas de la même façon », explique-t-elle.

Festival de design oblige, l’eau sera utilisée comme teinture naturelle sur des torchons et des tote bags, ces sacs en toile réutilisables. Attention si vous faites ça à la maison : la teinture, comme toutes les teintures naturelles, n’est pas fixe et partira au fil des lavages.

Andrea Fischer, designer passionnée d’économie circulaire, a réalisé son projet de fin d’études du Royal College of Art avec l’entreprise de meubles open source Opendesk.

Exploration des espaces de demain

Si l’atelier est ludique et symbolique, il s’inscrit dans les thèmes chers aux designers de Space10 depuis sa fondation en 2015 : comment créer un mode de vie plus durable dans une société de plus en plus développée et urbanisée. Dans ce lab qui sert de bac à sable à la multinationale suédoise, les chercheurs explorent autour de trois thèmes clés : les sociétés circulaires, la coexistence et l’émancipation numérique.

Délocalisée à Londres à l’occasion du festival, l’équipe de Space10 (dont on parlait ici) organisait une « exploration des espaces de demain » avec une journée prospective sur le futur de nos modes de vie – avec notamment la designer Natsai Audrey Chieza et ses pigments bactériologiques non toxiques pour textile ou le papier interactif de Kate Stone. L’accent est également mis sur l’aménagement de l’espace et ses différentes formes, avec une exposition sur l’habitat partagé et les espaces éphémères. Le 21 septembre, le cofondateur du projet open source Wikihouse Alastair Parvin, en compagnie de Liz Corbin, chercheuse à l’Institute of Making et fondatrice du réseau de makers londoniens Open Workshop Network, et de Joni Steiner, cofondateur d’Opendesk, s’intéressait à la notion d’« espaces portables ».

On rencontre aussi Libby Heaney, artiste formée à la physique quantique qui présente une œuvre en réalité virtuelle pour mettre en scène les limites de la matière et de la frontière physique et numérique. « Un espace négatif veut-il simplement dire l’absence ou peut-il dire plus ?», interroge-t-elle. Dans le casque, l’espace devient un repère acidulé à l’esthétique net-art dont les atomes bougent au gré de nos mouvements. De la physique quantique rendue visible, explique l’artiste qui dit s’intéresser à « cette matière qui émerge grâce à l’interaction de l’utilisateur ».

A la porte d’à côté, un bar à salades baptisé Lokal a ouvert ses portes et distribue gratuitement de jeunes pousses issues d’une ferme verticale en hydroponie installée sur place. Sponsorisé par Google, un appareil à commande vocale est censé nous accompagner dans notre activité d’agriculteur urbain. En prototype, le Google Home version agriculteur semble toutefois ne pas comprendre notre (léger) accent français. OK Google, ce n’est pas grave. Au moins, la salade est bonne.

Le bar à salades et sa production locale et verticale en hydroponie.

Le site de Space10

Le programme du festival de design de Londres