Makery

Un Fashion Tech Festival plus mode que tech à Paris

Pas de défilé mais une vaste exposition à la Gaîté lyrique pour le 2ème Fashion Tech Festival. © Carine Claude

Du 28 juin au 2 juillet, la Gaîté lyrique accueillait le 2ème Fashion Tech Festival. Avec un programme marketing chargé, et une expo plus consensuelle que défricheuse.

Rien que le titre en dit long. Le Fashion Tech Festival – in extenso « Look Forward Fashion Tech Festival: when fashion think the future of the world » (sic) – affichait la volonté de dresser un état de l’art des innovations en matière de mode. Au final, cette deuxième édition du festival parisien organisée du 28 juin au 2 juillet par Showroomprivé en coproduction avec la Gaîté lyrique, le centre d’art numérique, s’est révélée largement plus modeuse que tech, en brassant large côté marketing comme vers le grand public avec une exposition gratuite.

L’exposition du festival occupait tous les espaces du sous-sol de la Gaîté. © Carine Claude

Marketing tout d’abord par son programme, alliant tables rondes et keynotes sur les textiles intelligents, l’avenir du e-commerce ou encore l’innovation retail, sans oublier les remises de prix et autres pitchs de start-ups. Ensuite avec son exposition chorale déployée au sous-sol de la Gaîté, agrémentée d’un espace fablab éphémère conçu par Draft Ateliers qui y organisait des ateliers de découverte pour créer des accessoires connectés et s’initier au making textile.

Le pop-up lab de Draft Ateliers. © Carine Claude

La trentaine de créations exposées réparties entre quatre thématiques (« engagement environnemental », « impact de l’immatériel », « l’intimité et la société », « vers un corps augmenté ») alternaient prototypes récents et œuvres qui ont déjà fait le tour des festivals. Toutes illustraient la production de créateurs indés et des jeunes pousses de l’incubateur Look Forward, la pépinière mode de Showroomprivé qui accueille chaque année dix nouvelles start-ups. Passage en revue (de mode).

Ecolo, mais pas trop

Au rayon durable, on mise sur l’antigaspillage des matières premières avec la robe Birth of Venus entièrement imprimée en 3D ou sur l’antipollution, notamment sonore, avec la robe Tranquilitie, munie de capteurs et de LEDs qui affichent l’état du vacarme dans la ville. En bonus, un casque de réalité virtuelle permet de retrouver un calme relatif. Côté pollution de l’air, le duo d’artistes Maria Castellanos et Alberto Valverde ont imaginé un dispositif portatif de microplantes qui mesurent et surveillent la qualité de l’environnement ambiant.

Danit Peleg, «The Birth of Venus», 2016 (Israël). © Carine Claude
Galina Mihaleva, «Tranquilitie», 2016 (Etats-Unis/Bulgarie). © Carine Claude
Maria Castellanos et Alberto Valverde, «Symbiotic Interaction», 2016-2017 (Espagne). © Carine Claude

Discothèque

Dans les salles, c’est surtout le festival du mapping, des LEDs, des capteurs de lumière et autres fils photoluminescents. Dédié au « langage de la lumière », l’espace blackbox du sous-sol exposait notamment la veste longue lumineuse Nuit Blanche d’Anja Dragan et Elektrocouture, brodée de 336 LEDs, ou encore Bodyscape de Behnaz Farahi, avec sa structure imprimée en 3D et son gyroscope qui détecte les mouvements et les retraduit en spirales lumineuses.

Anja Dragan & Elektrocouture, «Nuit Blanche», 2016 (Allemagne). © Carine Claude
Behnaz Farahi, «Bodyscape», 2017 (Etats-Unis). © Carine Claude

Obsession de l’humeur

Surmédiatisée depuis sa création en 2014, la robe Synapse Dress d’Anouk Wipprecht est exposée en qualité de pionnière de la tendance « neurotech ». Equipée de capteurs et d’un casque d’électroencéphalographie, elle s’illumine selon les réactions émotionnelles du porteur. Il en est de même avec Enlightenment et son papillon désormais célèbre qui traduit l’état méditatif du sujet. Avec le manteau Sacré Cœur, l’artiste Stijn Ossevoort a imaginé un cœur brodé artificiel qui s’illumine au rythme des battements cardiaques du porteur grâce à un microprocesseur connecté à son pouls.

Anouk Wipprecht, «Synapse Dress», 2014 (Pays-Bas). © Carine Claude
Birce Ozkan et Betty Quinn, «Enlightenment», 2016 (Etats-Unis). © Carine Claude
Stijn Ossevoort, «Sacré Cœur», 2016 (Pays-Bas). © Carine Claude

Extension des corps

Autre fil rouge de l’édition, comment le vêtement matérialise en sensations physiques les environnements virtuels, comment la fashion se fait interface entre le corps et les réseaux. La combinaison Skinterface, équipée de micro-aimants ultrasensibles, convertit les interactions d’un espace virtuel 3D en sensations physiques. La dernière création d’Anouk Wipprecht, Speaker Dress, transforme le porteur en sorte de « chaîne hifi ambulante ».

The F_T_R, «Skinterface», 2016 (Angleterre). © Carine Claude
Anouk Wipprecht, «Speaker Dress», 2017 (Pays-Bas). © Carine Claude

Antisurveillance et vie privée

A contrepied de ces créations bardées de capteurs environnementaux et comportementaux, certaines pièces se distinguaient par leur parti pris de protection des données personnelles. Sorte d’imperméable contre la surveillance généralisée, l’Anti-surveillance Coat et son tissu métallique fait barrière aux ondes et rend invisibles les puces de cartes et de smartphones que l’on porte sur soi.

Kovr, «Anti-surveillance Coat», 2016 (Pays-Bas). © Carine Claude

Plus d’infos sur le site de la Gaîté lyrique