Makery

Sous les yourtes du centre pour migrants Paris-Ivry

L'ancienne usine des eaux accueille à Ivry-sur-Seine les personnes réfugiées vulnérables. © Pauline Comte

Le centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine est opérationnel depuis un mois. Makery, qui avait suivi de près le chantier du centre d’accueil à Paris 18ème, l’a visité avec son architecte.

Le centre d’hébergement pour les migrants Paris-Ivry, confié mi-juillet 2016 à la jeune architecte Valentine Guichardaz-Versini et Emmaüs Solidarité, a été officiellement inauguré mi-janvier. 500 personnes y ont été jusqu’ici accueillies par 80 professionnels. « Disposer de si peu de temps pour dessiner quelque chose qui va être construit, c’est un bon exercice pour aller à l’essentiel, c’était opération commando », ironise Valentine Guichardaz-Versini.

Les personnes accueillies à Paris-Ivry peuvent y rester de trois à cinq mois, en attendant d’être dirigées vers des centres d’accueil de demandeurs d’asile. © Pauline Comte

En quatre mois, un petit village composé de 8 yourtes et de 210 modules en bois d’une capacité de 350 places a vu le jour. Avec un budget de 11,5 millions d’euros (6,5 millions de la Ville de Paris, 5 millions de l’Etat), le centre a élu domicile dans une usine désaffectée de traitement d’eau potable à Ivry-sur-Seine appartenant à la mairie de Paris.

Après un passage par « la Bulle », le centre de premier accueil de Paris La Chapelle ouvert en novembre 2016, les personnes vulnérables (femmes isolées, couples et familles) sont orientées vers le centre d’hébergement Paris-Ivry.

Favoriser le vivre ensemble

La proposition architecturale répond à l’urgence. Sur une superficie de 5000m2, 210 modules en bois de 18, 36 ou 54m2 ont été montés sur pilotis et forment deux quartiers : l’un accueille les familles, l’autre héberge les couples et les femmes isolées.

Une fois le site désensablé, les hébergements ont été bâtis sur pilotis. © Pauline Comte

Un pôle santé, des laveries et des yourtes quasi désertes le matin de notre visite font office de réfectoires et de lieux de rencontre. Alliant rapidité de construction (trois jours), efficacité d’espace et rondeur, la yourte s’est imposée à l’architecte comme un choix évident. Les agents de propreté viennent de passer, le centre qui se réveille doucement n’est pas encore très animé. Difficile de recueillir des témoignages et d’en savoir plus sur la vie sous la yourte…

L’architecte Valentine Guichardaz-Versini et Stéphanie Leboyer d’Emmaüs Solidarité. © Pauline Comte

«On avait cette volonté commune de singulariser les espaces. L’enjeu était de faire de la yourte un lieu de convivialité, ouvert en permanence.»

Stéphanie Leboyer, Emmaüs Solidarité

Les espaces entre les yourtes peuvent devenir lieux d’échange. © Pauline Comte
Les yourtes ont été conçues à partir de structures en bois et de toiles isolantes en PVC. © Pauline Comte

Cours de français et chantier végétal

Afghans, Erythréens, Ethiopiens, Somaliens, Soudanais ou encore Syriens cohabitent et se rencontrent dans le cadre d’ateliers foot, photo, dessin et cuisine. « Ici, une quinzaine de langues sont représentées, mais la seule qui est commune, c’est le français », explique Stéphanie Leboyer. Pour développer une vie de communauté, des cours de français pour adultes devraient être organisés prochainement.

Des professeurs, mis à disposition par l’Education nationale, enseignent aux enfants qui vivent sur le site dans quatre classes installées dans des préfabriqués fournis par la Ville de Paris. Ces Algeco transformés en salles de classe ont été récupérés dans un centre social désaffecté.

Les fonctions primaires étant désormais garanties, les prochaines étapes d’aménagement consistent à enjoliver et végétaliser les abords des logements. Pour cela, Emmaüs Solidarité est en relation avec l’école de design StudioCréa Paris et l’entreprise de paysage urbain Topager, qui prévoient la mise en place d’une passerelle, de bancs et de bacs à fleurs. Les occupants du centre seront conviés à retrousser leurs manches pour participer et aménager le lieu selon leurs envies et leurs usages.

Retrouvez nos chroniques du chantier du centre d’accueil pour migrants à Paris 18ème