Makery

Look Mum No Computer, portrait d’un musicien 100% maker

Sam Battle, de Look Mum No Computer, et l'une de ses cinq guitares customisées. © Elsa Ferreira

Il joue du synthé sur son vélo DiY, transforme Trump en Furby à moumoute et tout ce qu’il touche en instrument de musique. Forcément, Makery a eu envie de rencontrer à Londres Sam Battle, aka Look Mum No Computer.

Londres, de notre correspondante

On avait rarement vu autant de fils et de boutons dans une seule pièce. Nous sommes dans l’atelier de Sam Battle, musicien de 26 ans qui fabrique des instruments et en joue de manière frénétique. S’il vous arrive de vous promener dans l’est de Londres, vous l’aurez peut-être vu pédaler sur son vélo synthé, petit bijou DiY que les canards du parc avoisinant ne semblent pas déprécier.

Look Mum No Computer présente son vélo Synthé 2.0, novembre 2016:

Les autres l’auront peut-être découvert à l’investiture de Donald Trump, lorsque le trublion incarnait le nouveau président des Etats-Unis dans un Furby à la moumoute dorée, répétant docilement les commentaires des internautes.

«Interactive President Donald Trump Furby», best-of du live, janvier 2017:

Sam Battle attrape le virus du Faire jeune. Il s’amuse alors à désosser ses jouets, ses voitures à pédales et le matériel électroménager de la maison, du fer à repasser au grille-pain, « au grand dam de mon père », raconte-t-il. A 12 ans, il découvre la guitare. « Ça m’a occupé pendant 4 ans. » Puis elles aussi passent au bistouri du bidouilleur : Battle les pimpe avec un clavier Midi contrôleur. Une « guitare clavier » qu’il a construite en cinq modèles et une version basse. « C’est comme ça que j’ai découvert Arduino, se rappelle-t-il. Même si je m’appelle Look Mum No Computer, j’utilise en réalité beaucoup d’ordinateurs. »

Son nom (« Regarde maman, pas d’ordinateur ») est en fait plutôt un clin d’œil à son passé de geek. « Je n’allais pas beaucoup dehors, rigole-t-il. En fait ma punition était de sortir et traîner avec des gens. Sinon, je passais mon temps à fabriquer des fusées. » Ou à créer son propre robot inspiré par l’émission télé Robot Wars.

Sam Battle sur son vélo et devant son synthé dans son atelier. © Elsa Ferreira

Trois ans d’inventions réunies sur un synthé 

C’est ce côté un peu obsessionnel qui l’a amené à s’intéresser aux synthétiseurs analogiques. D’abord, en traînant sur le site Music From Outa Space, créé par Ray Wilson, « gourou du synthé DiY » mort en juillet dernier, mais aussi en lisant le livre de ce même gourou, Analog Synthesizers, ou encore en parcourant la section synthé DiY du forum Muff Wiggler.

Au fond de son atelier, un gigantesque synthé, synthèse non exhaustive de trois ans de travail. « J’enlève régulièrement des choses pour en fabriquer de nouvelles. Ce panneau par exemple est vide », remarque-t-il, en pointant un assemblage de métal désossé. Le synthé est pourtant bien fourni. Un oscillateur permet de faire varier la fréquence du signal émis ; un filtre permet d’adoucir le son ; une manette de contrôle permet de modifier la hauteur de ton ; un séquenceur permet d’enregistrer des boucles et une dictée magique épelle ses mots sur un tempo défini.

Tout ne marche pas – trois Game Boy qui servaient d’oscillateur sont par exemple HS – et le résultat est un peu branlant. Il faut dire que Sam Battle n’est pas du genre précieux lorsqu’il s’agit de ses machines. Lors de sa dernière exposition-concert en décembre à l’église St John, dans l’est de Londres, l’audience avait ainsi le loisir de s’essayer à sa folle machine.

Session live de Look Mum No Computer depuis son atelier, janvier 2017: 

Le nouveau projet du maker : un orgue en Furbies où chaque bestiole tient la note. Pas une mince affaire : « Le problème est qu’on ne peut pas les accorder », explique-t-il. Pour l’instant, Sam Battle essaie de réunir une cinquantaine de Furbies. Il lui en manque encore une trentaine.

Après avoir mis fin il y a environ six mois à Zibra, groupe pop avec lequel il expérimentait ses instruments DiY, Sam Battle, qui compose aussi des musiques de publicité, profite de sa notoriété acquise avec son vélo synthé pour faire connaître son projet Look Mum No Computer. En faisant des vidéos tutos (drôles) de projets plus simples, comme cet instrument façon theremin en panneaux solaires ou un instrument de distorsion avec un paquet de céréales (et quelques transistors) et sans fer à souder. Mais aussi avec des lives. Ce samedi, on pourra ainsi le voir en concert à Ugly Duck, à Londres, ou sur Canal+ dans L’Émission d’Antoine. « Je ne pensais pas que les gens prendraient ça au sérieux », se réjouit-il. Et justement, si c’était ça le secret ?

 

Look Mum No Computer, en concert le 4 février à Ugly Duck, 47-49 Tanner Street, Londres

Si vous souhaitez donner une nouvelle vie à votre Furby, contactez Look Mum No Computer sur sa page Facebook ou par e-mail