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Pour l’amour des disques vinyle et des platines DiY

On a testé pour vous le tourne-disque le plus low-tech du monde. © Nicolas Barrial

Alors que le retour du microsillon s’installe dans les ventes, le disque vinyle intéresse de plus en plus les makers. On a trié pour vous quelques tutos inspirants.

Après avoir frôlé la disparition en 2007, le vinyle remonte la pente et accélère sa progression ces huit dernières années. En 2016, selon le British Phonographic Industry, le Royaume-Uni a même établi un record inégalé depuis 25 ans avec plus de 3,2 millions d’unités écoulées. D’après le rapport Nielsen pour les Etats-Unis, alors que les ventes de vinyles étaient en progression de 30% en 2015, elles représenteraient presque 11% du marché de la musique physique en 2016. Enfin, en France, selon le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), tandis que les ventes physiques baissaient de 15,9% en 2015, celles du vinyle augmentaient de 11,6%, avec 750 000 exemplaires vendus.

Le disque vinyle est grand comme l’amour que l’on porte aux artistes et c’est le plus proche parent d’un instrument de musique. S’il survit, ce n’est pas seulement par nostalgie, ses héritiers, comme le MP3 ou les sites de streaming, ont recours à la compression (à l’exception de Tidal). Le CD reste un support de choix mais la tendance à augmenter artificiellement le volume, impossible sur un vinyle, fait de ce dernier une garantie de fidélité. Le DiY aussi aime l’authenticité et les supports qui ne cachent pas leur technologie – vinyle, comme cassette audio.

Avant d’entamer un tour d’horizon des solutions DiY, voici le GIF d’un diamant lisant le microsillon d’un disque vinyle au microscope. On dirait du fabriqué-main n’est-ce pas ?

Extrait de «Electron microscope slow-motion video of vinyl LP». © Youtube / Applied Science

Le phonographe par conduction osseuse

Au risque de passer pour un fou, Sam Haynor, professeur de sciences à San Francisco, a inventé la solution la plus minimaliste pour écouter un vinyle. Pas besoin d’ampli ou même d’électricité, sa solution repose sur la conduction du son par les os ou ostéophonie. Avoir la musique dans la peau n’aura jamais été aussi vrai…

Voici sa méthode en résumé (disponible en anglais sur Instructables). Evitez toutefois d’utiliser le « phonographe à dents » avec votre disque préféré.

Tout ce dont vous avez besoin pour fabriquer une platine DiY. © Nicolas Barrial

Matériel

Un disque ordinaire, du carton (plus large qu’un 33 tours), un crayon taillé, un Cutter, une aiguille de couture, une aiguille à tricoter, du ruban adhésif.

Conception

Posez le disque sur le carton, tracez un cercle au crayon en utilisant le disque comme guide. Faites un point au crayon au centre. Découpez le carton avec le Cutter.

Jusque-là, vous suivez, non ? © Nicolas Barrial

Entaillez le centre pour y faire passer le crayon taillé en pointe. Laissez-le dépasser de 2cm. Mettez du ruban adhésif pour le maintenir en place. Enfilez le disque sur le crayon, côté gomme.

Le crayon qui va faire office d’axe pour faire tourner le disque. © Nicolas Barrial

Fixez l’aiguille à coudre parallèlement à l’extrémité de l’aiguille à tricoter avec du ruban adhésif. Le plus serré possible. 

Le bras de lecture – aiguille à tricoter à maintenir entre les dents. © Nicolas Barrial
La platine la plus cheap du monde… © Nicolas Barrial

Maintenez l’aiguille à tricoter avec vos dents, l’aiguille à coudre en contact avec un sillon du disque et faites tourner le disque avec le crayon. On suivra la recommandation de Sam Haynor d’utilser des bouchons d’oreille avant de se lancer dans l’expérience, pour jouer le disque à l’envers ou à des vitesses variées.

… mais ça marche. © Nicolas Barrial
Vous pouvez aussi utiliser un gobelet en guise de haut-parleur. © Nicolas Barrial

Construire une vraie platine

Envie de passer à la vitesse supérieure ? On peut aussi construire une vraie platine en suivant les instructions du maker mikeshorr117 sur Instructables. Lui-même reconnaît que le projet n’est pas facile mais vous avez droit à l’erreur : il ne vous en coûtera que 20$ (18€) de matériel environ !

L’impression 3D de disques

Le disque vinyle étant analogique, rien n’empêche d’imaginer d’en produire avec son imprimante 3D. Sauf qu’il faudrait une amélioration drastique de la définition. La Californienne Amanda Ghassaei, licenciée en physique et étudiante au MIT Media Lab, s’y est essayée dès 2013 en créant un logiciel pour convertir un son numérique en modèle 3D de disque à l’aide du logiciel open source Processing.

Fichier 3D d’un disque vinyle. © CC by SA 2.5 Amanda Ghassaei
Amanda Ghassaei sait tout faire. © theperfecthuman

Même à l’aide d’une imprimante professionnelle, le son est très mauvais. Amanda n’a pourtant pas chômé, sa page Instructables est une véritable rétro-ingénierie du vinyle. Elle y constate d’ailleurs que ses créations sonnent comme les premiers essais du phonographe d’Edison – une idée piquée au Français Charles Cros en 1877. Amanda Ghassaei a également expérimenté la découpe laser pour des 33 tours en acrylique ou en bois d’érable. 

Amanda Ghassaei présente son projet de disque vinyle 3D (en anglais):

Et si c’était la platine qui tournait sur le disque?

Enfin, preuve que le vinyle est contemporain… du crowdfunding, Pink Donut, un studio de design californien, a inventé une méthode originale pour jouer un 33 tours. Au lieu que le disque tourne sur la platine, il est posé à plat et c’est un boîtier de la taille d’une enceinte Bluetooth qui va cheminer sur les sillons pour les lire. C’est le Rokblok, tout frais sorti de sa campagne Kickstarter avec plus de 300 000€. 

Rokblok, présentation (en anglais):