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Un fablab à Beaubourg? oui, mais rien que pour les enfants

Premiers ateliers de co-conception avec les enfants makers du centre Pompidou et Aki Suzuki du collectif Åbäke. © Camille Bosqué

La Fabrique est le nouveau fablab de Beaubourg, exclusivement réservé aux enfants. On s’est glissé au tout premier atelier, animé par le collectif de designers Åbäke, samedi 24 septembre. 

L’annonce de l’ouverture de La Fabrique au Centre Pompidou a éveillé notre curiosité. Les ingrédients pour ce nouvel espace sont en effet originaux : l’atelier est réservé aux enfants de 9 à 12 ans, qui élaborent collectivement des projets imaginés par des artistes, designers, architectes, makers. Sous forme d’invitation trimestrielle, ce sont eux qui organiseront les activités du lieu.

Imaginer un fablab dans un centre d’art, un jeu d’enfant?

Le fablab, qui a ouvert ses portes le 24 septembre, propose tous les samedis et dimanches de 14h à 17h des ateliers pour une dizaine d’enfants. L’entrée coûte 10€, et les enfants sont guidés par des animateurs du centre Pompidou dans la découverte des machines de fabrication numérique mises à leur disposition : des imprimantes 3D, une découpeuse laser, ainsi que des Ipads flambants neufs et des stylos 3D. L’atelier dispose également – et ce n’est pas anecdotique – d’une machine pour faire des badges et de nombreux tubes de colle, ciseaux, morceaux de papier, agrafes, ficelles, et autres outils plus… low tech.

La Fabrique, nouvel espace pour les 9-12 ans du centre Pompidou. © Camille Bosqué

Ce samedi 24 septembre, à 14h, deux enfants passent pour la première fois la porte du fablab du centre Pompidou. C’est Maki Suzuki, du collectif invité de designers graphistes londonien Åbäke, qui les accueille, avec Alizée De Pin, qui est la fabmanager de ce nouvel atelier. « La veille, pour l’ouverture, ils étaient plus nombreux ! » assure-t-elle. Peu importe qu’ils soient dix ou deux, la première étape consiste à prendre connaissance de ce qui les entoure. « On dirait un laboratoire, en fait », dit Azia, 10 ans. Les tables dessinées par Romain Guillet ne ressemblent pourtant pas aux paillasses des labos puisqu’elles sont en bois et entièrement modulables. Dans un coin de la pièce, des tasseaux et des plateaux sont d’ailleurs rangés pour en construire d’autres pour les jours d’affluence.

Les tables modulables du designer Romain Guillet. © Camille Bosqué

Il faut d’abord expliquer le chantier en cours. Maki s’aide d’une courte vidéo pour présenter le point de départ de « Archi Bizzare » (la thématique choisie par les designers pour ce premier trimestre d’ateliers) : et si on réinventait un autre centre Pompidou ? Et si on proposait une autre maquette, un autre scénario, comme ceux assez fous récoltés lors du concours international de 1971 ? Les enfants sont perplexes. En fait, ils n’ont pas fait très attention aux bizarreries du bâtiment dans lequel ils sont entrés : une petite balade s’impose pour comprendre où ils ont mis les pieds.

L’atelier commence donc par une visite express : les escalators dans le gros tube transparent, les tuyaux de toutes les couleurs visibles à l’intérieur et à l’extérieur, la structure métallique omniprésente, les grandes vitres… Est-ce qu’on aurait pu faire autrement et construire des choses encore plus folles ? Pour en discuter, des petits kits de papier découpé à la laser leur sont confiés. On plie, on assemble, on roule, on colle. « Quelle taille fait ta maquette ? Mets un petit personnage en-dessous pour voir… »

Maquette «Archi Bizarre» avec de la vraie mousse. © Camille Bosqué

En réalité, le cahier des charges est vite oublié. Chacun passe de la 2D à la 3D, assemble ses petits volumes et tente de raconter une histoire. On prend les maquettes en photo, de profil et du dessus, on rajoute un peu de mousse pour faire de la végétation. Très vite, il n’est plus question de refaire le musée mais simplement de faire des formes. « Hier, explique Maki, ils ont aussi fait un truc qu’on n’imaginait pas. Ils ont tout collé dans tous les sens et assemblé l’ensemble d’une manière que nous n’avions pas prévue. Finalement, ça deviendra peut-être un village pour une colonie de hérissons ou pour des elfes… »

Des maquettes augmentées, avec prise de vue sur Ipad flambant neuf. © Camille Bosqué

« C’est comme une chaîne de transformation permanente dans laquelle tout est possible. » Christine Herpe-Mora, chef de projet pour La Fabrique, explique : « Ce qui nous intéresse, c’est que les enfants mettent en commun leurs idées et leurs projets. Les valeurs de partage, qui sont portées par les fablabs, nous parlent beaucoup. Le défi ici, c’était d’imaginer un scénario dans lequel les enfants, même s’ils ne viennent qu’une fois pendant trois heures, peuvent contribuer à un projet commun : on le fera en les invitant à construire à partir de ce que d’autres enfants ont déjà fait. » Un blog a d’ailleurs été mis en place, sur lequel les avancées de chaque session seront documentées. Les réalisations finales seront présentées dans une exposition, installée dans l’espace des enfants.

«Ici on laisse ce qu’on fait»

L’atelier de Beaubourg va évoluer au fil des projets, et le projet « Archi Bizzare » n’est que le premier jalon d’une aventure qu’on espère fructueuse. Le lieu et le fonctionnement de ce fablab pour enfants évoluera dans les prochains mois, au gré des visiteurs et selon les élans des petits. « Les enfants aiment repartir avec ce qu’ils font, mais ici on laisse ce qu’on fait, pour que d’autres s’en emparent », explique Alizée. Malgré cette affirmation de principe, la machine à badges qu’elle a montrée aux enfants fonctionne à plein régime.

En parallèle de leurs assemblages aléatoires en papier, les prénoms des enfants sont découpés à la laser sous leurs yeux fascinés, et ils empochent les badges les uns après les autres.

La machine à badges, pas vraiment l’équipement classique d’un fablab. © Camille Bosqué

Plus d’infos sur La Fabrique du centre Pompidou

Réserver pour un atelier «Archi Bizarre» d’Åbäke, du 24/9 au 31/12