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Jeremy Corbyn lance son Manifeste pour la démocratie numérique

Jeremy Corbyn et Richard Barbrook (de dos) lors de la conférence de presse d'annonce du «Manifeste pour la démocratie numérique». © DR

Jeremy Corbyn, le leader britannique du parti travailliste en campagne pour sa réélection, vient d’annoncer son programme pour le numérique. Le grand favori des sondages publie un «Digital Democracy Manifesto» qui fait sensation.

Le Manifeste pour la démocratie numérique de Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste britannique, qu’il a rendu public le 30 août, promeut une série de propositions inspirées des cultures open source et de défense des libertés numériques. Il a été rédigé en collaboration avec Richard Barbrook, du think-tank autonome sur la société de l’information Cybersalon. Enseignant en sciences politiques à l’université de Westminster, Richard Barbrook est notamment l’auteur du classique Cyber-Communism (1999) ou du plus récent Imaginary Futures (2007), et anime Class Wargames, un collectif ludico-subversif inspiré du Jeu de la guerre de Guy Debord.

Décidément iconoclaste, Corbyn a vu son manifeste susciter de nombreuses railleries et critiques chez ses opposants, jusqu’au sein de son parti. Il contient pourtant de nombreuses idées originales que l’on aimerait retrouver en cette année électorale chez nos politiques français…

L’open source financé publiquement

Dans la galerie des propositions, on citera la généralisation du haut débit et de la connectivité mobile sur tout le pays, la création d’une « Bibliothèque de la connaissance ouverte » accessible à tous et le soutien par fonds publics du développement de logiciels et matériels open source. Corbyn veut également garantir les libertés de la production média communautaire, organiser la formation du plus large public pour comprendre et produire des contenus, et réformer la propriété intellectuelle pour que les consommateurs producteurs de données en bénéficient également.

Le Platform Cooperativism (« coopérativisme des plateformes », expliqué ici) promu par le théoricien des médias Trebor Scholtz, inscrit parmi les 10 priorités pour le développement et l’innovation par la mairie de Barcelone, est largement mise en avant pour répondre au commerce dérégulé de l’Uber économie. Le Manifeste avance : « Nous allons financer les entreprises sociales dont les sites web et applications sont conçues pour minimiser les coûts de raccordement des producteurs avec les consommateurs dans le transport, le logement, la culture, la restauration et d’autres secteurs importants de l’économie britannique. Nous allons introduire de nouvelles lois garantissant un contrat de travail sécurisé et le droit inaliénable de l’adhésion syndicale à tous ceux qui gagne la plupart ou une partie de leurs moyens de subsistance à partir des plateformes numériques. Nous appliquerons les meilleures pratiques et adopterons les innovations technologiques de cette mise à niveau de l’économie coopérative de partage pour améliorer la fourniture, la livraison et l’utilisation des services du secteur public aux niveaux local, régional et national. »

Libertés des citoyens face à la surveillance

Corbyn veut aussi promouvoir une Charte citoyenne des libertés numériques, « non seulement pour garantir les libertés des citoyens face à la surveillance et les collectes illégales de données pour des objectifs de sécurité nationale, mais également face aux abus injustifiés de caméras de surveillance et autres méthodes technologiques hi-tech sur le lieu de travail ».

De même, Corbyn souhaite mettre en place un Passeport numérique citoyen qui « sera utilisé lors de l’interaction avec les services publics tels que la santé, le bien-être, l’éducation et le logement. Il peut aussi être l’intermédiaire du réseau avec les fournisseurs commerciaux de biens matériels ou virtuels. Les détenteurs individuels d’un Passeport numérique citoyen seront en mesure de contrôler qui a accès à leurs données personnelles et à quelles fins ».

Enfin, Corbyn soutient les systèmes de votation massive en ligne, qui constituent pour lui l’avenir de la démocratie face à la montée des populismes. « Nous allons utiliser les technologies de l’information pour rendre la participation populaire dans le processus démocratique plus facile et plus inclusive. Les titulaires d’un Passeport numérique citoyen seront placés automatiquement sur les listes électorales de leur nouvelle circonscription dès qu’ils changent leur domicile. Nous nous efforcerons d’organiser à la fois en ligne et hors ligne des réunions pour les individus et les communautés pour délibérer sur les questions politiques urgentes et pour participer à l’élaboration de la nouvelle législation. Nous allons créer une démocratie en réseau du XXIème siècle où tout le monde peut être un décideur politique. »

Lire l’intégralité du «Digital Democracy Manifesto»

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