Makery

Maître hamster et sa machine à dessiner des selfies

La machine à dessiner de Joji le hamster (à droite). © Neil Mendoza

Un hamster qui dessine un autoportrait, c’est possible, grâce au maker et artiste anglais Neil Mendoza. Derrière l’humour du proto se cache un système plus complexe qu’il n’y paraît.

Neil Mendoza, Britannique vivant à Los Angeles, se définit comme un «maker of stuff». Autrement dit, cet artiste qui expose notamment au Science Museum ou au centre d’art Watermans à Londres « fabrique des trucs » volontiers absurdes, mixant numérique et mécanique. Comme l’est définitivement sa toute dernière création, La machine à dessiner alimentée par un hamster. Un hamster, « espèce sous-représentée chez les artistes » selon lui, active un traceur en faisant tourner sa roue pour dessiner un autoportrait. L’animal n’est pas vraiment l’auteur du dessin, mais participe au mécanisme dont l’inspiration est à chercher du côté de l’écrivain, cet automate suisse du XVIIIème siècle, qui fascine l’artiste.

«La machine à dessiner alimentée par un hamster», Neil Mendoza, juillet 2016:

Téléprésence de hamster 

Premier point pour rassurer les amis des bêtes : le hamster n’est pas enfermé dans une roue derrière un petit hublot. Quand Joji le hamster, c’est son nom, décide de faire un peu d’exercice, il est filmé. C’est la vidéo qui s’affiche sur l’écran caché derrière la machine qui déclenche un nano-ordinateur Raspberri Pi, lequel exécute le dessin. Ou plutôt, le programme écrit dans Openframeworks instruit un moteur rotatif sur la vitesse d’exécution du dessin. 

L’écran et le Raspberry Pi (à droite) qui gouverne la vitesse du traceur. © Neil Mendoza

Un dessin analogique

En ce qui concerne le selfie lui-même, on pourrait croire que des datas sont en jeu. Il n’en est rien. Le dessin est produit analogiquement, et fonctionne un peu à la manière d’un disque vinyle. En effet, les gros disques rouges, des cames en contreplaqué, ont été crénelées à la CNC pour transmettre les mouvements relatifs au dessin aux bras traceurs. « On s’est habitué à stocker des données invisibles dans les ordinateurs et on a oublié combien c’est extraordinaire d’encoder et de décoder des données complexes, explique Neil. Les machines à dessin qui utilisent des cames exposent clairement ce processus. ».

Pour arriver à ses fins, Neil a construit une simulation de la machine à dessiner en utilisant les logiciels Openframeworks et Box2D. Il a enregistré la position des bras qui tiennent le crayon qui dessine le hamster. Les formes d’ondes ont été ensuite reproduites sur les cames. Niel explique qu’Openframeworks « est facile à utiliser mais aussi très puissant parce qu’il est écrit en C++. Avec sa grande communauté, il y a toujours une extension quelque part pour vous aider. » 

La simulation de la machine et le relevé des mouvements des bras. © Neil Mendoza

Comme les cames étaient crénelées sur leur partie intérieure, elles ne pouvaient pas avoir d’axes centraux. Pour les motoriser, Neil a usiné deux cercles en aluminium qu’il a joints en laissant une rigole crantée en mesure de reposer sur des engrenages. Ces derniers, masqués par le bord des cames, sont entraînés par la chaîne reliée au moteur. 

Les cercles d’aluminium qui seront fixés derrière les cames. © Neil Mendoza
Les bras reposent chacun sur une came. © Neil Mendoza

En somme, si Neil voulait changer le dessin, il devrait donc usiner de nouvelles cames. Lorsqu’on s’amuse à lui demander si la machine pourrait marcher avec d’autres animaux, il répond avec humour : « Oui mais ils seraient sûrement déçus d’avoir dépensé leur énergie pour dessiner un hamster. »

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