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Au Ouishare Fest, comprendre la blockchain grâce à la corvée vaisselle

Le Ouishare Fest se tient au Cabaret Sauvage, à Paris. © Elsa Ferreira

En ouverture du Ouishare Fest, le rendez-vous de l’économie solidaire, les discussions autour de la blockchain font le plein. Pour comprendre de quoi il retourne, le Collectif Bam présente #blockchainvaisselle, l’histoire de Paula qui ne voulait pas faire la vaisselle.

Ça discute chaîne de blocs à la quatrième édition du Ouishare Fest, le festival des transformations digitales et de l’économie collaborative. Mercredi 19 mai, après Plantoid, la créature artistique et mécanique du collectif O’Khaos qui évolue au gré des bitcoins reçus (on vous en parlait ici), on y a parlé de la blockchain au-delà du bitcoin, de la blockchain pour remplacer les frontières, des exemples de Bitnation et Liberland ou encore de réinvention des corporations grâce à la blockchain. Il faut dire que depuis son invention en 2008 par un certain Satoshi Nakamoto (un pseudo, le véritable créateur étant peut-être l’entrepreneur australien Craig Wright), cette technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée et horizontale, attise toutes les passions, bien au-delà de la cryptomonnaie bitcoin qui l’a popularisée.

La présentation «blockchain et contrats intelligents pour les débutants» affiche complet. © Elsa Ferreira

Seulement voilà, la blockchain est révolutionnaire, mais elle est surtout très compliquée. Au vu du succès de la présentation blockchain et « smart contrats » pour les nuls organisée par le Ouishare Fest, il y a encore du chemin à faire.

Le Collectif Bam, un groupe de designers qui travaille sur les pratiques numériques et collaboratives, a trouvé LA solution : expliquer la blockchain grâce à la corvée vaisselle. « On s’est demandé comment contribuer à la compréhension, explique Valentin Martineau, membre du collectif. On a décidé de transposer la technologie en objet physique. » Cet objet, c’est la #blockchainvaisselle, un tube transparent, scellé dans du béton et fermé par quatre cadenas. Et c’est parti pour l’explication.

Avec #blockchainvaisselle, c’est limpide. © Collectif Bam

Paula ne veut pas faire la vaisselle

C’est l’histoire de quatre frères et sœurs, Léo, Léa, Paul et Paula, utilisateurs de la chaîne. Chacun à leur tour, ils doivent faire la vaisselle. Problème : ils s’engueulent invariablement au sujet du responsable du jour. Le père, qui en a marre d’arbitrer les chamailleries, décide d’installer le #blockchainvaisselle dans la cuisine et donne une clé et un palet de couleur différente à chaque enfant. Il n’est désormais plus le garant de la vaisselle, au tube de créer la confiance.

Les règles sont simples : une fois que Paula aura fait la vaisselle, elle pourra mettre un palet rouge (le bloc) dans le tube (la chaîne) – à condition qu’au moins deux de ses frères et sœurs soient d’accord et activent leur clé (50% + 1, la voix de Paula ne comptant pas). Une fois que le palet est tombé, personne ne peut le récupérer. Et comme le tube est transparent, on peut savoir qui a fait la vaisselle : c’est une vérification directe.

Imaginons que Paula corrompe deux de ses frangins pour faire passer son palet alors qu’elle n’a pas fait la vaisselle. « Pour réduire les risques de mauvaise foi, il suffit de prendre une fratrie de 10 000 personnes, disons, dans un château », rebondit Thomas Thibault, designer du collectif en charge de la présentation. En effet, plus compliqué pour Paula de convaincre 5 001 personnes de falsifier la chaîne…

Pour sécuriser le tout, les designers nous invitent à photographier le tube et à le poster sur Twitter avec le hashtag #blockchainvaisselle. S’ils décident de briser le tube, il restera autant de clones : la chaîne existera toujours. « C’est l’idée que l’information est décentralisée et donc existe sur plein d’ordinateurs en même temps », explique Valentin Martineau. En d’autres termes, désormais détenue par tous ses utilisateurs, la chaîne est devenue une « vérité indestructible ». 

Vous avez compris ? Tant mieux. Mais ne vous réjouissez pas trop vite. « C’est très simplifié, prévient Alexandre Stachtchenko, co-fondateur de Blockchain France. Plein de choses n’y sont pas : la méthode de consensus, le travail des mineurs… C’est vraiment une première approche. » 

Ouishare Fest, le rendez-vous de l’économie solidaire, 18-21 mai, Cabaret sauvage, Paris