Makery

Graph Commons, l’outil activiste pour cartographier l’info

Aux Laboratoires d'Aubervilliers, pendant le workshop Graph Commons le 4 juin. © Robin Lambert

Conçu par l’artiste Burak Arikan, le logiciel Graph Commons permet de visualiser les réseaux d’information complexes. Makery a participé à un atelier mené par l’artiste cette semaine aux Laboratoires d’Aubervilliers, dans le cadre de leur 3ème Printemps.

Comment visualiser un réseau complexe d’informations, de relations, d’échanges ? Comment avoir une vision d’ensemble de la gouvernance d’Internet ou des médias sociaux bloqués dans chaque pays ? Certain outils existent pour répondre à ces questions, peu sont gratuits. Graph Commons est l’un d’entre eux.

Développé par Burak Arikan, un artiste turc travaillant avec les réseaux complexes, l’outil de cartographie des relations s’inspire des logiciels permettant d’établir le fonctionnement d’un réseau internet ou ethernet. L’interface se veut intuitive : il suffit de rentrer le nom de la node (un nœud du réseau), ses relations avec les autres nodes, la couleur de chacune, et le tour est joué.

Les relations complexes du marché d’Aubervilliers entre vendeurs, clients, policiers, voleurs… © Makery

La véritable difficulté se situe dans l’apprentissage et l’interprétation de la cartographie de réseaux complexes. Une fois la carte construite, le créateur doit repérer les « cliques » (un groupe de nodes inter-reliées), les grappes qui partagent plus de connexions que les autres nodes, les acteurs les plus importants, etc. D’où l’intérêt des workshops comme celui qui a eu lieu aux Laboratoires d’Aubervilliers jeudi 4 et vendredi 5 juin. Animé par Burak Arikan en personne, l’atelier englobe plusieurs thématiques choisies par les participants, de la forêt aux écoles d’architecture parisiennes, en passant par le marché d’Aubervilliers et l’arbre généalogique de certains mots.

Cartographie des relations entre écoles parisiennes d’architecture. © Makery

Après une matinée à travailler sur papier, les participants tâtent Graph Commons tout l’après-midi, sans difficulté majeure. « Le but est de créer un logiciel utilisable par tous », explique Burak Arikan, qui a suivi le cours How to make almost anything de Neil Gershenfeld lors de son passage au MIT. « C’est un outil pour favoriser l’activisme, permettre aux utilisateurs de créer des projets sur le long terme », poursuit l’ancien ingénieur civil.

Burak Arikan (à droite) et le créateur d’une carte posant devant sa création. © Makery

Si l’atmosphère de l’atelier est studieuse, on ne comprend pas toujours la finalité de certaines créations, qui semblent davantage pensées pour l’exercice. L’objectif cependant est de démocratiser cette branche des mathématiques qu’est l’analyse de réseau. Comme le dit Burak Arikan : « Rendre les relations inhérentes de pouvoir visibles, c’est pouvoir en parler. »

La palme du meilleur graphique papier : une carte des relations entre acteurs de la forêt. © Makery

Les deux jours d’ateliers étaient le prélude aux conférences des 6 et 7 juin autour du thème « Performing Opposition ». Quelques morceaux choisis du programme ce week-end : une séance de théâtre révolutionnaire (samedi à 14h), les communautés d’activistes sur le net (samedi, 17h), occuper l’institution (dimanche à 14h). Le tout se déroulant bien sûr aux Laboratoires d’Aubervilliers, 41 rue Lécuyer.

Programme complet sur le site des Laboratoires

Le logiciel Graph Commons