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Bricole it Yourself: la bombe à graine

Une bombe à graine en pleine floraison. © KnitSpirit-CC BY-NC-ND 2.0

Avec le printemps revient la saison des bombes à graine, ces boules de semence à larguer dans les espaces en friche de nos villes. Née avec le mouvement des Guerilla Gardeners aux Etats-Unis dans les années 1970, la «seed bomb» est facile et ludique à faire. 

En collectif ou en solo, à la manière d’un commando ou en jardinier urbain responsable, la saison de la fabrication des bombes à graine est ouverte. La bombe à graine revient avec les beaux jours et la période du semis que tout bon jardinier sait identifier (jusqu’à fin mai dans nos contrées). « Seed bombs » en anglais, ces boules de semence sont chargées de redonner ses droits à la nature en ville. Le jardinier guerillero les lance derrière les murs et palissades des chantiers et terrains en friche, ou coince la version bombe à fissures dans la fente d’un mur pour y voir pousser herbes folles ou fleurs de saison.

Les tutos en ligne prolifèrent, depuis les plus militants jusqu’aux plus bucoliques et érudits (le choix des graines est évidemment central dans l’affaire). Sur le principe, cependant, la méthode est simple et nécessite uniquement deux-tiers d’argile, un tiers de terre, des graines et un peu d’eau. Dans la pratique, pour s’y retrouver, Makery vous aide à choisir votre c(h)amp !

Un peu d’histoire

Masanobu Fukuoka, pionnier de « l’agriculture naturelle », une variante plus radicale encore de la permaculture, met au point une technique d’enrobage des graines par l’argile. Le blogueur et spécialiste de permaculture et d’agroécologie Mathieu Foudral rapporte sur son site que le Japonais « avait un problème avec ses semences de riz qui pourrissaient parfois après le semis ou qui étaient systématiquement dévorées par les oiseaux. Il a alors imaginé la technique suivante : “La semence est étalée sur un plateau ou une panière que l’on secoue dans un mouvement de va-et-vient circulaire. On la saupoudre d’argile finement pulvérisée et on ajoute de temps en temps une fine buée d’eau. Cela forme de petites boulettes d’environ un centimètre de diamètre.” »

Un peu de politique

Mais Fukuoka n’a pas été jusqu’à penser la « bombe à graine ». Celle-ci est née dans les turbulentes années 1970, avec le mouvement Green Guerilla, fondé à New York en 1973 quand Liz Christy milite pour la grenade à graines (« seed grenade »). C’est le début de l’activisme vert qui décline à la façon du street art une conception du jardinage en mode guerrier, à la reconquête des espaces publics privatisés.

Le mouvement débute par des campagnes de fleurissement sauvage, avant d’investir une friche pour la transformer en jardin partagé. Depuis, les guerilleros du jardin ont fait des petits dans le monde entier, avec une présence plus marquée aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, même si la communauté Guerilla Gardening France n’est pas en reste. Impossible de savoir combien de balles, billes ou boulettes riches en fleurs et « mauvaises herbes », ont poussé grâce à eux…

Jets de bombes à graines sur un terrain vague new-yorkais par MoRUS (The Museum of Reclaimed Urban Space) (2012) :

Mode d’emploi de la bombe à graines

Matériel

Argile, terre du jardin ou terreau (le compost est mal vu par les adeptes de la permaculture, puisqu’il met l’homme en position de transformer son environnement…), graines. Pour le choix des graines, voir les astuces de Prise de terre ou de Bioconsomacteurs qui recommande des « plantes à fleurs riches en nectar (qui attirent donc les abeilles et autres insectes pollinisateurs, dont nous avons bien besoin) ou des plantes potagères locales ».

Variante crémeuse

Avec de la crème fraîche et du sucre, on fabrique les bombes à fissure (à glisser dans les fentes et interstices des palissades de chantier, sur les abribus, etc). 

Variante acheteuse

Certains Guerilla Gardeners ont poussé le militantisme jusqu’à proposer des bombes à graine à l’achat. Plus de bricole mais une « authentique » grenade, avec la Pollinator de Guerrilla Gardening UK. Vendue 4 euros, on n’a plus qu’à l’hydrater puis à la jeter dans n’importe quel terrain vague, pour que s’épanouissent les plantes qui la composent.

Pollinator, la bombe à graine déjà prête au jet. © DR

Fabrication

Deux méthodes et tout un tas de tutos

La version bombe à fissures, en mode militant et avec affiche à partager afférente, est plus longue puisqu’il est d’abord question d’aller chercher la nature en ville pour aller récupérer les graines de l’arbre à papillons ou de la ruine de Rome (des plantes résistantes capables de proliférer). 

Bombes à fissures, affiche de Muriel & Trap (Copyleft-Licence art libre):

La méthode « classique », à base de terre, argile, graines (qu’on peut acheter en pépinière bio à environ 2 à 3 euros le sachet), est plutôt ludique. On a choisi pour vous deux tutos, un rigolo (en anglais seulement) et un second, en français, bucolique et très pédago.

Créer sa bombe à graines par UrbanFarm  (2011) :

Fabriquer des bombes de graines par la Jardinière partageuse (Coralie Scribe) (2013) :

Ateliers

Des workshops sont régulièrement organisés un peu partout comme à Paris à la Sainte-Catherine (en novembre) avec l’atelier « GG bouture ligneuses » de Guerilla Gardening Paris. « Nous avons fait une action boutures à la Zad Patate, explique Gab, mais nous en refaisons encore ici et là sans rendez-vous formel. » Pour connaître le calendrier en région parisienne, suivre l’agenda sur le site de Guerilla Gardening Paris ou envoyer un mail à Gab (ici). Tout récemment, c’est La Petite Roquette à Paris qui organisait dans le cadre de la Faites des trucs, des ateliers bombes à graine.

Chaque pays (ou presque) ayant sa déclinaison de Guerilla Gardeners, on recommande de se connecter au site local pour connaître l’agenda des événements organisés !