Makery

L’esprit fablab derrière le tout nouveau master Foster à Paris

Les étudiants en master Foster, nouvel enseignement conçu par le Centre de la recherche interdisciplinaire à Paris Diderot et Paris Descartes, explorent les nouveaux modes de transmission des savoirs en s’inspirant des fablabs.

L’esprit maker souffle sur l’éducation ! Les universités Paris Diderot et Paris Descartes proposent en cette rentrée universitaire une nouvelle filière, Foster (Formation pour l’ouverture des sciences, des technologies, de l’éducation et de la recherche), spécialité dépendant du master Aire (Approches interdisciplinaires de la recherche et de l’éducation). Objectif ? Former sur deux ans les nouveaux acteurs de l’éducation autour de l’innovation en la matière, en « développant l’apprentissage par la recherche et l’utilisation des technologies numériques ». Derrière cet organigramme complexe, le CRI (Centre pour la recherche interdisciplinaire) a réfléchi à un programme s’inspirant largement de l’esprit des labs et convoqué les étudiants en séminaire pour bâtir des projets collectifs. Nous y étions…

Les étudiants entament une « chorégraphie » pédagogique avant de présenter leur projet. © C. Claude

Les étudiants Foster avaient été réunis au CIEP à Sèvres la semaine dernière pour s’imprégner de la philosophie de cette nouvelle formation qui a pour mot d’ordre « apprendre en faisant ». Le programme du nouveau master s’attaque en effet à l’innovation pédagogique pour former les nouveaux acteurs de l’éducation. Les profils des futurs étudiants, issus de filières aussi diverses que la biologie, la médecine, les sciences de l’éducation ou de l’informatique, témoignent de la diversité des champs d’application.

«Nous croyons que le désir de savoir s’exprime et se pilote dans une quête négociée collectivement.» 
Sophie Pène, responsable du master

« De grands changements ont bouleversé l’éducation, longtemps centralisée et rigide. Mais les enjeux de partage de savoirs sont aussi remis en question par l’économie. Il s’agit d’accompagner ces changements et l’émergence de nouveaux métiers. Par exemple, celui de gestionnaire de MOOC n’existait pas il y a deux ans à peine », explique Corentin de Montmarin, coordinateur du master. Elaboré comme une réponse aux défis posés par la mutation des modes de transmission, le master s’adresse à tous ceux qui souhaitent s’orienter vers ces nouveaux métiers : fabmanager, créateur de serious games, concepteur de formation, médiateur scientifique ou même designer.

Pendant deux ans, les petits effectifs du master Foster (seulement 7 étudiants en première année et 10 en deuxième) seront amenés à travailler ensemble. Le master 2 est construit dans une optique de professionnalisation, avec trois stages de trois mois chacun. « Le monde de l’éducation est éparpillé, entre les enseignants de l’Education nationale et ceux de la formation professionnelle, les entreprises, les associations intermédiaires et bien sûr les laboratoires de recherche », ajoute Corentin de Montmarin. « Le master permet aux étudiants de visiter ces univers pendant les stages, afin qu’ils sachent vers quoi s’orienter en tout état de cause. On développe fortement cet écosystème entre labo, start-ups et associations. »

« Bristol, scotch et ciseaux »

Une approche atypique, proche de celle des fablabs, fédère le programme qui propose des modules tels que « Jeux de découverte scientifique », « Philosophie de l’apprendre au XXIe siècle » ou « Apprendre en faisant ». Ce qui n’a pas l’air de déstabiliser plus que ça les étudiants, ravis d’introduire leur projet collectif par une « chorégraphie pédagogique » que supervise Emilia Koulinska. La professeure de théâtre les invite à « libérer leur créativité et leur spontanéité ». « C’est assez intense comme rentrée, mais on s’amuse bien », dit Justine, étudiante en M1, en plein échauffement.

Pour remettre la pratique maker et la créativité au cœur de la recherche, il a été demandé aux étudiants de laisser de côté leurs valises scientifiques. En démarrage de séminaire, ils ont créé des instruments de musique avec du bristol, du Scotch et des ciseaux. Au final, certains se sont accrochés des notes de musique dessinées autour du cou pour jouer une partition collective, plutôt que de mettre au point un tambour.

«C’est un séminaire de créativité appliqué à des questions de recherche, afin de devenir chercheur dans l’esprit.»
Sophie Pène

La créativité, ils en auront besoin pour « jouer » avec l’Openlab, le fablab du CRI à Paris ouvert au début 2014 mais qui sera officiellement inauguré ce 18 septembre. Les étudiants y ont sous la main un outil sur mesure pour prototyper, coder, hacker et mettre en pratique les axes théoriques de leurs enseignements. Sophie Pène est convaincue que l’apprentissage par l’action augmente la compréhension et stimule la créativité. « En utilisant les machines et outils de l’Openlab, les étudiants pourront concevoir leurs propres instruments pédagogiques. Par cette pratique, ils gagneront en analyse critique. »

 

Inauguration de l’OpenLab du CRI Paris, le 18 septembre 2014, 18h-21h, 10 rue Charles V, 75004 Paris.