Makery

FAB10 : Barcelone, capitale mondiale des fablabs

Barcelone accueille FAB10, la dixième conférence internationale des fablabs, du 2 au 8 juillet. © Quentin Chevrier

Du 2 au 8 juillet, la 10ème conférence internationale des fablabs rassemble à Barcelone les makers venus de 250 fablabs issus de 40 pays. Qu’attendre de FAB10 ?

C’est le rendez-vous annuel des makers, chaque année dans une ville différente, sous la houlette du MIT (Massachusetts Institute of Technology), qui a défini la charte des laboratoires de fabrication numérique. Dans le cadre de sa thèse sur le sujet, Camille Bosqué participait l’année dernière au FAB9 à Yokohama, près de Tokyo. Elle décrypte pour nous les enjeux de FAB10.

Le in et le off

Depuis dix ans, les « FAB Conferences » s’organisent toujours selon un format à peu près semblable. Les premières matinées sont réservées à la présentation de tous les fablabs, sous le regard bienveillant de Neil Gershenfeld et de Sherry Lassiter du MIT, qui se présentent en chefs de cérémonie, appelant chacun à défiler pour montrer quelques slides et expliquer des projets en cours ou à venir. C’est une manière d’accueillir les nouveaux, de présenter ceux qu’on ne connaît pas encore et de revenir sur les réussites des fablabs les plus remarqués. FAB10 attend entre 600 et 1000 participants. Les sessions matinales de présentation de tous les fablabs seront cette année réservées aux fablabs nouvellement ouverts ou en construction afin qu’ils se présentent au réseau. Le tout suivi de discussions autour de grands projets qui concernent le réseau au sens large.

Fab9 2013, après les discussions, les ateliers bidouille. © Camille Bosqué

L’année dernière, à Yokohama, une centaine de fablabs différents s’étaient succédé sur scène, chacun s’arrêtant sur quelques projets, détaillant les règles de vie ou les modalités de financement, chaque présentation déclenchant un tonnerre d’applaudissements. L’enthousiasme de ces moments de démonstration orchestrés par l’équipe du pays d’accueil et par les piliers les plus importants du mouvement est à chaque rendez-vous plus grand. Il y a quelque chose de l’ordre du rituel collectif lors de ces rencontres internationales annuelles, qui se confirme aussi lors des Fabercize, les sessions de danse-gymnastique matinales.

Session matinale de Fabercize (la gym des fablabs) à Yokohama en 2013. © Camille Bosqué

Néanmoins, derrière cette légèreté et ce positivisme collectif, d’autres réalités font surface, en off. Ces moments sont au final les plus importants, ceux où les masques de la séduction et de la représentation face au MIT tombent, pour discuter des engagements et des réalités concrètes liés au développement de ces lieux. Comment chaque fablab trouve-t-il les moyens de son financement ? Les décideurs locaux sont-ils si sensibles que ça à ce type de projet ? Comment choisir les bonnes machines, ou engager son fablab dans de bonnes pratiques ?

Tableau à « rêves » à Fab9 Yokohama. L’édition 2014 attend 600 à 1000 participants. © Camille Bosqué

« Neil, let it go »

Le mouvement est en marche, les fablabs se multiplient dans le monde sur tous les continents, mais ces initiatives sont chaque fois portées par des personnes qui investissent beaucoup de leurs temps et fournissent des efforts considérables pour tenter de faire bouger, étape après étape, certaines structures déjà solidement implantées. Le MIT n’étant dans la très grande majorité des cas d’aucun support, ce n’est pas si facile.

Implantés dans des locaux loués ou parfois squattés, installés dans des sous-sols aussi bien que dans des établissements scolaires, dans des musées ou dans des bibliothèques, insérés dans des lieux de formation professionnelle, constitués en association, dépendants de certaines organisations ou sociétés, les modalités d’existence des fablabs sont aujourd’hui extrêmement variées, chaque type de formule dépendant bien évidemment des contextes nationaux.

Il y avait pendant FAB9 un certain écart entre les discours des gourous et la réalité du mouvement, qui tend à devenir bien plus hétérogène que ce qui est définit par la très vague charte du MIT qui trouve elle-même ses propres réinterprétations dans le réseau. Il existe presque 300 fablabs dans le monde. Les Français pratiquant volontiers des réappropriations et les réinterprétations de concept, une cinquantaine sont implantés en France, ce qui fait de la France le second pays où l’on trouve le plus de fablabs (voir la carte réalisée par Makery).

« From FabLabs to FabCities »

Le thème de cette année, inspiré de l’initiative menée depuis plusieurs années par le fablab IAAC et la municipalité de Barcelone, marque probablement un changement de direction dans le projet. En étendant la question des fablabs au-delà de ces lieux jusque dans la structure de la ville, une nouvelle génération de porte-paroles semble prendre la relève, incarnée par Tomas Diez, le jeune directeur charismatique du fablab de Barcelone et l’organisateur de cette conférence.

De nouvelles orientations apparaissent également déjà dans le programme, qui, en plus des ateliers pratiques, rassemble des invités qui n’appartiennent pas exclusivement au réseau pur et dur des fablabs. Ainsi, Massimo Banzi, le concepteur d’Arduino se partagera la parole avec l’économiste Jeremy Rifkin et l’auteur de science-fiction Bruce Sterling.

L’atelier FabFood pour découvrir l’art du sushi et des udon au Fab9 de Yokohama. © Camille Bosqué

Il y a de fortes chance que FAB10 soit bien plus grand, plus visionnaire et moins centré sur les fablabs que la précédente édition. Au rayon des différences auxquelles on doit également s’attendre, rien ne garantit que les ateliers de FabFood organisés tous les soirs l’année dernière à Tokyo pour enseigner l’art du sushi et des udon seront reconduits à Barcelone pour les tortillas ou la sangria… Nul doute que de bons moments culinaires soient néanmoins également à prévoir.

 

Tout suivre de FAB10 Barcelone avec Makery.info

Makery vous fait vivre en live la 10e conférence internationale des fablabs qui se déroule du 2 au 8 juillet à Barcelone.

Des reportages, des infos exclusives, des images du jour, des réactions… Dès demain mardi 1er juillet en fin d’après-midi, retrouvez en direct sur Makery.info les temps forts de l’évènement suivis par notre envoyé spécial Quentin Chevrier, qui partagera avec Camille Bosqué, chercheuse spécialiste des fablabs, la couverture de l’événement. Via notre dispositif live, vous pourrez leur poser directement vos questions où que vous soyez, depuis votre ordinateur, votre tablette ou votre smartphone.

FAB10 annonce un stream de la plupart des conférences sur http://mcu.cba.mit.edu/streaming.html

Le programme de FAB10 est ici.

Suivez notre live du FAB10 à partir de mardi 18h.

sur la page dédiée www.makery.info/fab10

sur notre fil twitter @makeryfr #fab10.