«Cities of Making» explore l’état de la fabrication en ville

La carte des emplois manufacturiers à Londres, par «Cities of Making». © CoM

Quel futur pour la fabrication urbaine ? La relocalisation de l’artisanat et de la production de biens matériels est-elle en route, comme le revendiquent les hérauts de la fabcity ? Après deux ans d’enquête, le rapport européen Cities of Making, publié le 10 mai, dresse l’état des lieux de la production urbaine dans trois villes européennes : Bruxelles, Londres et Rotterdam, trois villes au passé industriel fort où « un avenir très différent se profile ». Bruxelles a l’un des taux d’industrie manufacturière le plus faible d’Europe ; Londres a vu ce taux radicalement baisser ces cinquante dernières années et s’apprête à quitter l’Union européenne, une décision dont « les implications ne sont pas encore claires mais qui aura un impact significatif sur les fabricants de la capitale » ; et Rotterdam, fortement industrialisée, est dotée d’un port et d’une importante agriculture de serre.

Industrie sur mesure

« Après des années de déclin et de délocalisation, les villes européennes doivent remettre en question le rôle de leur industrie urbaine », peut-on lire dans le rapport. Les auteurs s’efforcent de sortir de la polarisation du discours, avec d’un côté la vision d’une industrie en déclin, la perte d’emplois qui en découle et la perte d’identité des territoires, et de l’autre, le regain d’intérêt pour la production locale comme les céramiques, les bières artisanales et les makerspaces. « Il y a beaucoup d’activités qui n’entrent pas dans les domaines des nouvelles technologies ou du design de pointe et il est important que celles-ci ne soient pas négligées ou perçues comme moins désirables », écrivent les auteurs.

Reste que les nouvelles technologies permettent de nouveaux moyens de productions « plus silencieux et plus adaptés » à un environnement urbain, admet le rapport. « L’économie circulaire pourrait encourager la fabrication (ou la re-fabrication) de produits là où ils sont consommés tandis que des tendances comme la production juste-à-temps (ou production en flux tendu, ndlr) pourraient rapprocher les usines de nos habitations. » D’ailleurs, certaines marques s’y sont déjà mises, souligne le rapport, notamment Nike avec son service sur mesure NikeiD.

Réseaux de makers

Les industries sont parfois mal connues et mal comprises des consommateurs et des pouvoirs publics, signalent les auteurs, et des réseaux apparaissent pour agir d’une seule voix, comme la Guilde des Makers, East End Trades Guild ou encore Open Workshop Network, qui connecte les makerspaces de Londres.

Le futur des industries urbaines pourrait être plus rose que leur passé. « Un tournant radical dans la manière dont les biens sont produits et consommés est à l’horizon, porté par l’émergence de nouvelles technologies dont l’impression 3D, l’Internet des objets, l’informatique en nuage ou la blockchain, écrivent les auteurs du rapport. Le tournant a été appelé “l’industrie 4.0” en reconnaissance de sa signification comparable aux trois premières révolutions. »

Cities of Making est un projet de recherche européen piloté par sept institutions, dont Latitude, une plateforme sur la recherche urbaine, la Royal Society for the encouragement of Arts, Manufactures and Commerce de Londres (RSA) ou encore l’Université libre de Bruxelles. Il a pour ambition de servir de base aux discussions sur la place des industries dans la ville.

Lire le rapport «Cities of Making» (PDF)

Notre tour des makerspaces et ateliers de Londres

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